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Convergences et disparités des écoles de management en matière de politique de la recherche : premières tendances d’une enquête annuelle menée par la commission « recherche » du Chapitre

Cette année, la commission Recherche du Chapitre des écoles de management a consacré ses travaux…
Publié le 22 juillet 2012
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Cette année, la commission Recherche du Chapitre des écoles de management a consacré ses travaux à la définition d’un questionnaire avec pour objectif d’administrer annuellement une enquête permettant de dresser un état des lieux des pratiques en matière de recherche et de dégager des thèmes de discussion utiles à la collectivité pour progresser, favoriser le benchmark et la diffusion des bonnes pratiques. Les résultats de l’année 2012, qui a vu l’enquête renseignée par la moitié des directeurs de la recherche traduit, dans l’ensemble, une forte convergence des préoccupations des établissements qui s’accélère même si elle peut masquer encore de fortes disparités entre institutions.

La recherche « en trois mots » : formalisation, structuration et investissement dans une activité devenue prioritaire et stratégique.

Dans toutes les écoles, on observe l’émergence d’une véritable fonction « recherche » dans la vie institutionnelle de l’établissement qui est reconnue sinon comme stratégique au moins comme essentielle et prioritaire dans les enjeux à venir de l’établissement. Dans la très grande majorité des cas, la recherche fait l’objet d’une politique formalisée et écrite, ce qui n’était pas encore le cas il y a quelques années, formalisation souvent facilitée par l’existence de comités scientifiques composés de personnalités extérieures et non sans lien avec le développement des évaluations/accréditations nationales et internationales. Ainsi, la fonction recherche est une direction à part entière et autonome dans 90 % des cas et reste minoritairement un simple service. Dans environ la moitié des cas, cette direction est rattachée à la direction du corps professoral. Beaucoup d’établissements ont eu par ailleurs tendance à privilégier une structuration par axes de recherche thématiques dans le cadre d’un seul laboratoire de recherche de l’établissement. Ce dernier est dans la très grande majorité des cas une entité interne de l’établissement : dans un tiers des cas, il apparaît que des liens avec les laboratoires de recherche universitaires ou le CNRS sont développés, de sorte que seuls un tiers des entités de recherche est concerné par une évaluation AERES à ce jour.

Pour l’essentiel, la recherche est financée sur fonds propres des établissements (environ 80 %) même si la plupart des institutions recourent à des financements régionaux (appels à projets) et à des financements par des chaires pour soutenir leur effort de développement. S’agissant des moyens consentis pour l’infrastructure de la recherche, la masse salariale des équipes administratives de la recherche s’établit dans deux tiers des cas entre 250 et 500 K€, avec aux extrêmes des pourcentages plus réduits. En ce qui concerne les moyens alloués aux chercheurs, ils sont pratiquement systématiques pour les chercheurs considérés comme actifs, avec des soutiens couvrant tout le champ des possibles : financements de conférences scientifiques, assistance pour la traduction, la relecture, financement de manifestations scientifiques, acquisition de bases de données etc.

La recherche transforme le métier de l’enseignant, les profils et la gestion des corps professoraux

Le développement de la recherche et son statut dans les établissements les a conduits dans tous les cas à revisiter les obligations de leurs corps enseignants et à donner une importance grandissante à l’activité de la recherche, qui devient indissociable du statut d’enseignant. Sous une forme ou sous une autre, une obligation de contribution intellectuelle est de ce fait instaurée, le corps professoral devenant un corps d’enseignants-chercheurs. Bien sûr, les définitions retenues par les établissements pour qualifier ce qu’est un enseignant-chercheur restent assez disparates, même si on observe dans pratiquement tous les cas une forme de convergence par l’intégration d’une dimension recherche attestée par le fait de détenir un doctorat et/ou d’être publiant à un certain rythme (avec des définitions plus ou moins comparables dans les institutions du rythme de publication exigé). Dans environ 35 % des cas, les institutions vont jusqu’à faire une distinction statutaire entre enseignants-chercheurs et enseignants non-chercheurs, dans le reste des cas des profils (ou « voies » ou « tracks ») sont établis (recherche, pédagogie ou mixte) dans le cadre d’un statut unique des enseignants. On observe que le référentiel « publiant au sens de l’AERES » tend à s’imposer dans la majorité des établissements et pas seulement ceux faisant l’objet d’une évaluation par cette agence, de même que la liste CNRS des publications s’est également imposée sans pour autant exclure totalement les autres (AERES, FT, Harzing …). Enfin, pratiquement toutes les écoles ont formalisé un système d’évaluation de la recherche dans lequel les dossiers des enseignants-chercheurs sont évalués par une commission d’évaluation composée de leurs pairs.

De fortes disparités derrière un « modèle dominant » ?

Nous avons souligné des tendances de fond en matière de développement d’une politique de la recherche structurée et de l’impact de celle-ci sur le statut même des enseignants dans les différentes écoles, quand bien même ils prennent des formes différentes et quand bien même ces évolutions présentent un degré de formalisme assez différencié. Il reste que sur un certain nombre d’éléments-clés, on observe de fortes disparités dans les pratiques.

Les tailles des corps professoraux restent encore assez inégales, 50 % des établissements ayant répondu à l’enquête déclarent un corps professoral supérieur à 50 membres. De même, dans un tiers des cas, moins de 10 % du corps professoral est étranger, contre 15 % où il est international à plus de 50 %. Ces chiffres indiquent évidemment que la force de frappe scientifique reste très différente selon les catégories d’écoles qui sont à un stade du processus de rattrapage historique inégal en matière de recherche.

La taille et le profil des corps professoraux n’étant pas les mêmes, il apparaît également des disparités dans les pratiques des établissements dans la gestion de leurs chercheurs. Ainsi, quand certaines institutions pratiquent des politiques de décharge d’enseignement très complexes et souvent personnalisées (avec de très faibles charges d’enseignement pour les nouveaux recrutés par exemple) ou qu’elles mettent en place des budgets de recherche discrétionnaires par enseignant-chercheur, d’autres se trouvent plutôt dans une problématique où leurs enseignants-chercheurs les plus actifs en recherche sont ceux qu’elles sollicitent le plus en enseignement pour répondre à certaines nombres d’impératifs de disponibilité et de qualification de la ressource académique.

En conclusion, la recherche est reconnue dans la plupart des institutions comme déterminante parce qu’au cœur de la transformation des établissements eux-mêmes. Il apparaît une grande convergence des principaux généraux qui animent la stratégie de recherche et les pratiques des établissements, même si leurs moyens et leur plus ou moins grande maturité sur le sujet conduisent à des approches et probablement à des cultures encore très disparates.

Tamym ABDESSEMED
Directeur académique et de la Recherche ICN Business School
Responsable de la Valorisation du CEREFIGE
Vice-président de la commission Recherche du Chapitre de la CGE

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