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COP 21 : éducation et agenda des solutions de l’ESR

La COP 21 vient de s’achever sur un succès diplomatique (pour la France notamment), 195…
Publié le 27 janvier 2016
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La COP 21 vient de s’achever sur un succès diplomatique (pour la France notamment), 195 pays ont signé un même document (accord_final_cop21).

En soi c’est une réelle avancée mais quelle portée réelle a ce document ?
Tout d’abord il s’agit plus d’un accord cadre que d’un traité, sa mise en musique opérationnelle dépendra des prochaines résolutions prises lors des COP suivantes ce qui n’est pas choquant en soi car il s’agit bien d’un processus.

Ce cadre est il contraignant ? Oui mais partiellement, rien n’empêche un pays de se retirer, à tout moment, de l’accord. Cet accord est il engageant pour les parties ? Oui, les pays développés se sont engagés à versés aux pays en voie de développement 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 mais il y encore des incertitudes sur les pays qui vont abonder et les montants des contributions « différenciées ».

Enfin s’agit-il d’une feuille de route ? Oui pour des révisions régulières permettant une adaptation de la trajectoire vers le « nettement en dessous de 2°c par rapport aux niveaux préindustriels » mais là aussi si une tarification (bonus/malus ; taxe..) du carbone avait pu faire consensus entre les parties nous pourrions être plus sereins. Est-ce une garantie de résultat ? Bien sûr que non mais le signal envoyé aux « décideurs », politiques et économiques, est suffisamment fort pour que nombre d’observateurs s’entendent pour dire qu’il y aura un avant COP 21 et un après COP 21.

Suivre la bonne trajectoire vers des sociétés « décarbonées » dépends maintenant de deux choses :
1) La ratification de cet accord par les pays (parlements..)
2) la mobilisation de la société pour (i) rappeler à ces mêmes gouvernements leurs engagements et (ii) continuer à agir, chacun à son niveau d’échelle et de responsabilité, dans le sens de cet accord.
Qu’en est-il de l’éducation et de l’enseignement supérieur dans cette grande messe internationale ? Ils n’étaient pas au cœur des débats, loin s’en faut mais ils ont fait une apparition timide et cependant remarquée dans le texte de l’accord car c’est un des rares paragraphes qui a perdu ses crochets ([..]) dés la première semaine de négociation.

Le président de la COP 20 (LIMA), à l’occasion d’une conférence à laquelle j’ai assisté, a qualifié la COP 21 de « first in history » du point de vue de l’éducation : ce fut la première fois qu’une COP organisait un « education day » notamment grâce au lobbying actif de pays comme la Pologne (réticente sur la taxe carbone par contre), la République Dominicaine ou le Pérou.
Autre indicateur important, nombre de pays ont délégué des représentants de leurs ministères, Ministres inclus, de l’éducation et de l’enseignement supérieur à Paris. Cette présence de l’éducation dans l’accord n’est pas non plus étrangère à la mobilisation remarquée des établissements d’enseignement supérieur lors du sommet de Rio+20 (naissance du réseau HESI). La France ayant été le plus gros contributeur à l’époque, nous tous sommes donc un des petits ruisseaux qui a donné naissance à cette présence officielle, n’est ce pas réconfortant et chargé de sens pour notre action collective ?

Avant de vous présenter la contribution de l’ESR français (CGE et CPU) j’aimerais vous parler de ce qui se pratique, à la fois dans les institutions et dans la société civile, dans divers pays du Nord et du Sud car nous ne sommes évidemment pas seuls et nous ne sommes pas non plus les plus avancés :
• Le Pérou par exemple a mis en place un Plan d’Education national à l’environnement :
-il vise à former des citoyens responsables,
-le plan concerne la formation tout au long de la vie
-la dernière version des programmes nationaux de formation intègre le développement durable et le changement climatique (quelles que soient les formations). Les formations sont élaborées dans le cadre de partenariats public privé.
-le management des risques en est la pierre angulaire.

• La République Dominicaine a inscrit l’atténuation et l’adaptation au changement climatique dans la Constitution depuis 2010. Ils ont déjà formé, sur fonds propres et onusiens, plus de 4000 enseignants au changement climatique dans le cadre de leur stratégie nationale co-construite avec les ONG, la société civile et l’enseignement supérieur. Cette politique a fait l’objet d’un consensus national pour dépasser les enjeux électoraux à court termes.

Article 12
Les Parties coopèrent en prenant, selon qu’il convient, des mesures pour
améliorer l’éducation, la formation, la sensibilisation, la participation du public et l’accès de la population à l’information dans le domaine des changements climatiques, compte tenu de l’importance que revêtent de telles mesures pour renforcer l’action engagée au titre du présent Accord.
• Xiuhtezcatl, jeune activiste (16 ans) et artiste des earth guardians (100.000 dans le monde), engage depuis l’âge de 6 ans (!!) tous les jeunes de la planète à prendre leur avenir en main, à agir, à créer et à casser les barrières entre éducation formelle et informelle pour adresser, entre autres, les enjeux climatiques.
• La « Foundation of environmental education » représente indirectement un réseau international de 15 millions d’élèves/étudiants. Cette fondation vise l’engagement et « l’empowerment » des populations par l’éducation active (l’élève est acteur de la formation).

Les deux dernières initiatives relèvent de ce qu’un intervenant indien a nommé le « hand print » par opposition au « foot print » dont la connotation est plus négative et moins porteuse d’engagement et d’action. Elles questionnent clairement les formes éducatives traditionnelles plus passives.
Un représentant du Danish Board of Technology, auteur d’une étude sur la perception des enjeux climatiques sur un échantillon représentatif de personnes dans 76 pays posait la question suivante : « Comment se fait il que nous soyons si peu à nous engager individuellement (associations, quotidien etc.) pour changer cette situation alors que 78% des interrogés déclarent être très concernés par les enjeux climatiques ? Que ces mêmes personnes déclarent, à 77%, que l’éducation est la meilleure façon d’y apporter des solutions ? ». Pour l’anecdote les personnes simples citoyens ou issues de la société civile avait de meilleur « score » que les personnes issues du monde politique. Il poursuivait « n’y a-t-il pas quelque chose qui ne fonctionne pas dans la façon dont nous éduquons notre jeunesse ? Aujourd’hui les citoyens veulent participer aux décisions politiques et il en est de même pour les jeunes vis-à-vis de l’éducation, laissons les devenir des acteurs et non des observateurs ».

Le mot clé de ces « education day », un projet à part entière, c’était « l’empowerment » et il est intraduisible en français ce qui en dit long sur notre tradition en termes de gouvernance. Heureux hasard, mais je ne crois pas à ce genre de hasard, ce mot est aussi un des projets forts de l’agenda des solutions de l’enseignement supérieur et de la recherche que la CGE et la CPU ont élaboré à l’occasion d’Ecocampus 3. Ce texte sera notre feuille de route de plaidoyer et d’actions « climat » pour les années à venir bien qu’il dépasse largement les enjeux climatiques. Vous pouvez le télécharger ici agenda solution esr.
La CGE et la CPU l’ont présenté trois fois lors de cette COP 21, une fois en zone de la société civile du Bourget dite « zone orange », une fois en zone des négociations « dite zone bleue (accréditation obligatoire) » et enfin une fois au Grand Palais. Je peux vous dire d’ors et déjà que le premier à s’en être emparé est le Commissariat Général au Développement Durable ce qui augure d’une collaboration encore renforcée. C’est aussi à nous, tous ensemble, d’en faire quelque chose, au travail (avec le sourire..) !

le discours du 04/12/2015 de Najat Vallaud-Belkacem

 

Gérald Majou de La Débutrie
Chargé de mission
Conférence des grandes écoles

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