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Entrepreneuriat et territoires : la nécessité d’alliances et d’innovations

Tous les territoires cherchent à attirer de nouvelles entreprises et à favoriser le maintien de…
Publié le 26 avril 2017
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Tous les territoires cherchent à attirer de nouvelles entreprises et à favoriser le maintien de celles déjà existantes et présentes. Mais les entreprises d’hier ne ressemblent plus à celles d’aujourd’hui. En effet, poussées par les enjeux de la transition numérique, les façons de créer, de vendre et de distribuer des services évoluent de plus en plus rapidement. De nouveaux modèles économiques sont apparus et ont révolutionné la manière de générer de la valeur. La technologie est omniprésente et bouleverse les usages et les codes. Les territoires conscients, ou non, de ces changements doivent nécessairement évoluer pour attirer et fidéliser les entreprises, entrées désormais davantage dans l’âge entrepreneurial, au détriment de l’industriel « fordiste ». L’excellence opérationnelle et la vitesse d’exécution caractérisent ces nouvelles typologies d’entreprises qui, pour les meilleures, servent des milliers de clients en simultané et à un très haut niveau de qualité, en même temps qu’elles dominent leurs marchés. D’un autre côté, emmené par la concurrence et la compétition exacerbées par la mondialisation/globalisation, le discours et les politiques publiques se focalisent de plus en plus sur l’innovation et le soutien à la compétitivité des entreprises et des systèmes productifs. A cet effet, la création d’agences de développement économique et d’accompagnement de l’innovation facilitée par la mise en place de la loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) et portée, aussi bien et avec plus ou moins de succès, par les métropoles que les autres collectivités territoriales, témoigne de ces réponses locales et territorialisées face à ces nouvelles exigences. Se pose alors la question des stratégies et des moyens mis en place par les territoires, et de tous leurs acteurs associés, non seulement pour attirer des entreprises, mais aussi pour les maintenir et les développer. Les territoires sont nombreux à vouloir témoigner de cette volonté de regroupement structurel en écosystème « entrepreneurial intelligent », sans concurrence et au croisement des filières, pour associer à la fois des collectivités, des entreprises et des associations.

A l’instar d’Atlantic 2.0, « startup associative », forte de 250 membres, qui fédère à la fois des acteurs étatiques (Métropole, région, agglomération), des grands groupes, des startups et des communautés de passionnés pour œuvrer à la dynamisation et la valorisation de l’écosystème numérique en Région Pays de la Loire. Ou encore l’initiative de la Région Normandie et de la création de son agence dédiée au développement économique et de l’attractivité « l’AD Normandie », qui intervient de façon originale comme « opérateur » au sein de nombreux dispositifs tels le club d’Open Innovation, véritable ponts entre les startups et les grands groupes, dont la gouvernance est assurée à la fois par des entreprises et grands groupes normands et au-delà.

Selon la forme qu’elle prend, l’entreprise peut être en effet un facteur d’attractivité des territoires et un levier de développement économique lorsqu’elle créé de la valeur localement ou encore lorsque son fondateur en devient l’ambassadeur sans nécessairement que son entreprise soit implantée sur le territoire en question. L’exemple de Ludovic Le Moan, fondateur de Sigfox, start-up spécialisée dans les objets connectés et tête de pont de la French Tech, illustre ce parfait exemple de promotion de son territoire Havrais pour lequel il n’hésite pas à en faire valoir ses atouts. A l’inverse, elle peut être un facteur de répulsion, par exemple si celle-ci impacte négativement le territoire d’un point de vue social et environnementale.

Alors même que les intérêts de chacun –entreprises et collectivités territoriales- peuvent de façon compréhensible diverger, qu’est-ce qui peut bien faire que le rapprochement entre les deux devienne vertueux pour un développement territorial et durable ? Qu’est-ce qui peut faire que les trajectoires vont à un moment donné converger et œuvrer à un projet commun ? Au-delà, comment créer une économie tournée vers les exigences d’aujourd’hui et de demain ? L’enjeu est a priori de taille puisque les modèles économiques traditionnels, ne suffisent pas toujours à résoudre les problèmes d’efficacité des organisations et de croissance pour tous.

A l’image des Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologies (SATT), véritable « Hub » d’innovation pour les territoires qui renforcent l’efficacité des dispositifs d’innovation et la compétitivité de l’industrie, nous croyons aux alliances et aux partenariats sur les territoires, qui deviennent alors une question centrale, voire primordiale. Dis comme cela, c’est sans doute une forte évidence et pourtant, dans bien des cas, la vision cloisonnée entre les acteurs et les sphères d’intervention –au sein des mêmes structures- freinent les coopérations, les avancées et les synergies, gage de développement et d’opportunités d’emplois. Si les acteurs publics, institutionnels et du productif privé décident de coopérer alors le territoire devient une source de potentialités, de ressources actives et d’avantages comparatifs, voire au-delà de différenciation pour se démarquer et exister. L’alliance est source de dynamique réciproque car elle devient alors l’expression de la mise en place d’un système d’acteurs, non figé, évolutif, -un écosystème d’affaires et entrepreneurial- mais qui est alors supérieur aux intérêts particuliers. La dynamique relationnelle et de comportement, mais aussi par le moyen de nombreux dispositifs d’intermédiation entre acteurs et d’infrastructures, véritables supports aux innovations. Dans ce cas, ce sont les acteurs qui développent de nouvelles façons d’interagir avec leurs territoires, et donc une nouvelle forme d’intelligence. L’avènement des « Smart city » ou le « I love my ville » traduit cette nouvelle tendance de fond qui prône l’absence de concurrence interne et où les nouvelles technologies ont apporté des solutions aux problématiques de travail, en créant de nouvelles infrastructures collaboratives et d’échanges, tels les tiers-lieux « innovation » où l’on peut prototyper ou en encore les espaces de co-working pour favoriser l’échange et l’ouverture, même autour d’un café…

Cela nécessite bien entendu des ingénieries et des animations particulières. On le voit bien avec la structuration, et ce dans de nombreux territoires, de l’accompagnement à la création d’entreprises (incubateurs, pépinières, formations, …), au soutien à l’innovation et au développement de nouvelles formes d’entrepreneuriat (fab’labs, livinglabs, espace de co-working, clubs…), en passant par le développement ou le maintien de filières (clusters, grappes, …) où les dispositifs d’animation et de mise en réseau s’avèrent essentiels. Cela veut dire également qu’un travail différent sur la proximité entre acteurs doit être engagé. Avec la création du label French tech, l’Etat français a parfaitement compris l’enjeu de fédérer autour d’une cause commune, ses entrepreneurs, ses élus, et ses différentes communautés, pour dynamiser et faire reconnaître ses métropoles les plus méritantes par leur dynamique de croissance. On le voit bien, le temps de l’entrepreneur isolé et oublié semble assez loin, il doit pouvoir intégrer en tant que partie prenante du territoire un écosystème d’acteurs. Et celui qui s’inscrit dans des réseaux élargis, au-delà de son territoire d’implantation, doit pouvoir bénéficier d’un réseau local d’accompagnement dynamique. Il devient un ambassadeur de son territoire, et il en va certainement de la durabilité de son activité, des potentielles complémentarités et des chaînes de valeur à trouver localement.

Les territoires et leurs acteurs anticipent ces mutations également du côté de la formation. A ce titre, l’Ecole de Management de Normandie dispose de deux mastères spécialisés qui traitent de ce sujet croisé des problématiques de développement des territoires et des entreprises : l’un en Développement territorial, l’autre sur le Développement de l’entrepreneuriat et des start-ups du numérique. Ces deux formations peuvent s’appuyer sur deux Instituts de recherche et d’expertise qui travaillent avec des acteurs de terrain. L’Institut du développement territorial (IDéT), et L’Inside, un incubateur qui favorise le montage d’entreprises nouvelles pour les jeunes générations en désir d’entrepreneuriat et d’innovations.

Fabien Nadou et Christophe Yver
Ecole de Management de Normandie

A propos de Fabien NADOU

Enseignant-Chercheur en développement territorial à l’EM Normandie, il est responsable du Master en Développement, Innovations et Marketing Territorial depuis 2014, et collabore en tant que membre de l’équipe au sein de l’Institut du Développement territorial (IDéT). Il a commencé sa carrière professionnelle comme chargé de mission pour les fonds structurels européens en Région Centre (FSE et Leader+) et du Pacte territorial pour l’Emploi en Indre-et-Loire de 2004 à 2009. Docteur en Aménagement de l’espace et urbanisme de l’Ecole Polytech’ Tours en 2013, ces travaux de recherche portent sur les stratégies et figures du développement territorial, en particulier du développement économique et des processus d’innovation dans les territoires. Ils s’intéressent aux relations de coordination entre acteurs (publics-publics ; publics-privés), aux ressorts de l’économie territoriale et à la spatialisation stratégique du développement économique. Ces publications portent sur l’articulation du développement économique et de la planification stratégique spatialisée dans les régions urbaines françaises et européennes, sur le rôle des proximités dans le développement économique territorial et sur le rôle des villes intermédiaires. Il enseigne l’aménagement du territoire, les dynamiques territoriales de l’innovation, l’économie générale et le green-business.

 

A propos de Christophe YVER

Directeur de l’Institut de l’Innovation et du Développement de l’Entrepreneuriat (InsIDE) de l’EM Normandie et enseignant-chercheur en Entrepreneuriat.

Ancien sportif de haut niveau et diplômé d’un 3ème cycle de gestion à l’Université de Caen, il a travaillé dans les collectivités et le milieu associatif, et notamment créé plusieurs entreprises dans divers secteurs avant de rejoindre l’EM Normandie en 2000. Il est passionné d’entrepreneuriat et spécialiste des problématiques liées aux aides et financements. Après avoir été responsable de différentes années du programme Grande Ecole de l’EM Normandie, il met en place le M2/MS Entrepreneurs sur le campus de Caen en 2009 puis il créé successivement l’Institut de l’Innovation et du Développement de l’Entrepreneuriat en 2014 de l’EM Normandie et lance le M2/MS Startup et développement numérique en 2016. Dans ce cadre, il contribue activement à promouvoir l’entrepreneuriat auprès de tous les acteurs tant institutionnels que privés, par de l’accompagnement, des évènements et formations dédiées.

 

A propos de l’EM Normandie

Fondée en 1871 parmi les premières grandes écoles de commerce françaises, l’EM Normandie s’est imposée comme une institution de référence dans le monde des Business School. Elle est accréditée AACSB et EPAS pour son Programme Grande Ecole (formation initiale). Avec plus de 3 100 étudiants et professionnels dans ses programmes et plus de 13 500 membres du Réseau EM Normandie à travers le monde, l’école est implantée sur cinq sites, à Caen, Deauville, Le Havre, Paris et Oxford. L’EM Normandie forme les managers de demain, futurs gouvernants responsables préparés à la conduite du changement dans un environnement multiculturel, et elle accompagne les salariés et dirigeants d’entreprises tout au long de leur carrière.

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