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Entretien avec Roland Vardanega, président de la Société des anciens élèves d’Arts & Métiers ParisTech et ex-cadre dirigeant du groupe PSA

Après avoir démarré sa carrière en tant que chef d’équipe Sud Aviation puis ingénieur de…
Publié le 3 mai 2011
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Après avoir démarré sa carrière en tant que chef d’équipe Sud Aviation puis ingénieur de marine, Roland Vardanega intègre l’entreprise PSA Peugeot Citroën en 1967. En 43 ans, il a grimpé tous les échelons, commençant par le poste d’employé au centre de production de Mulhouse ; il devient ensuite chef de production et arrive à la direction du personnel à l’usine de Mulhouse en 1976. En 1993, il prend le poste de directeur général adjoint de l’entreprise avant de devenir directeur des Plates-formes et membre du comité exécutif en 1998 et directeur Industriel et Fabrications en 2000. Le 6 février 2007, Roland Vardanega devient membre du directoire, membre du comité de direction générale et directeur des Opérations de PSA Peugeot Citroën. Il a, en 2008 et 2009, assumé la présidence par intérim du directoire de PSA Peugeot Citroën.

Depuis mars 2010, il est président de la Société des anciens élèves de l’École nationale supérieure d’Arts et Métiers (Arts et Métiers ParisTech).

CGE : En tant que nouveau président : Quels sont vos principaux objectifs pour l’association ?

R.V. : Conformément à l’article 1 de nos statuts, l’objectif de la Société des Anciens des Arts et Métiers est de valoriser l’image de l’école et des ingénieurs dans la société, par un soutien professionnel et des dispositifs solidaires aux membres.

Dans les 5 à 10 ans qui viennent, de nombreux enjeux vont se jouer en particulier au niveau des grandes écoles en France pour la compétition mondiale entre les différents acteurs de l’enseignement supérieur au regard du nombre d’établissements et de formations. La concentration des forces va s’accentuer et une des missions de notre société est justement d’accompagner l’école dans ces réflexions et de lui permettre d’avoir toujours un temps d’avance.

3 éléments y contribuent et sont en permanence au front de nos préoccupations :

  • Faire des ingénieurs Arts & Métiers ParisTech les porteurs de l’excellence technologique, fondée sur la science et l’innovation et de l’excellence managériale, aussi à l’aise vers le haut que vers le bas, grâce à la vie associative, à la formation à l’école et sur le terrain.
  • Transmettre les valeurs de notre société pour mettre en avant l’éthique et l’intérêt pour le bien public des ingénieurs Arts & Métiers et renforcer le lien entre les générations par la fraternité, la solidarité, l’entraide, le pragmatisme et l’humanisme.
  • Développer les valeurs distinctives et le rayonnement de la marque Arts & Métiers.

Pour moi le rôle d’un ingénieur doit avant tout être de créer, de concevoir, de produire et non pas d’être un simple maillon d’une chaîne de rentabilité. Pour mieux comprendre ces enjeux, l’intergénérationnalité est au cœur de la vie de notre société : les briques élémentaires, ce sont les promotions (un lien pour la vie…). Mais sans une construction ordonnée et harmonieuse, les briques ne se suffisent pas à elles-mêmes : c’est le rôle de la maison des Arts & Métiers qui créé du lien et met au service de cette mission un ensemble d’infrastructures de qualité. Au sein de cette organisation, nos principes de parrainage à 10, 25, 35, 50, voire 75 ans sont une garantie pour la transmission des valeurs et des savoirs des plus anciens aux plus jeunes. Un attachement et une fidélité unique au monde…

CGE : Quelle est votre image du groupe PSA après une carrière de 43 ans dans l’entreprise ?

R.V. : C’est effectivement un temps bien au-delà du temps raisonnable que l’on peut estimer aujourd’hui. Nombre de raisons en sont la cause. C’est d’abord, comme aux Arts & Métiers, une entreprise ou l’éthique est très présente. Cela tient essentiellement à son actionnaire principal qui s’inscrit dans l’histoire et pas dans les échéances ou les coups à court terme. Une entreprise qui assume ses actes et ses décisions. Quelle satisfaction de travailler dans une structure où l’humain reste au cœur de la vie de l’entreprise ! Ce n’est peut-être pas la meilleure façon de briller en bourse, mais une belle façon de briller dans le temps et de traverser les siècles. La vie d’un ingénieur est faite d’étapes difficiles et de choix qui ne peuvent pas toujours satisfaire tout le monde. En ce sens, travailler avec la conscience d’agir pour le bien commun est plus réconfortant que pour enrichir un patron.

Pour ma part, installer le lean management chez PSA fut ma grande satisfaction et je l’enseigne encore dans les grands groupes. Le lean management met à contribution tous les acteurs pour éliminer les gaspillages qui réduisent l’efficacité et la performance d’une entreprise, d’une unité de production ou d’un département. Il s’attaque notamment aux sept formes de gaspillage : la surproduction, les attentes, les rebuts-retouches/corrections, les gammes et processus opératoires mal adaptés, les transports/ruptures de flux, les mouvements inutiles et les stocks productifs ou administratifs.

Chez PSA, chaque salarié est propriétaire de son poste et s’installe dans une relation gagnant/gagnant, améliore son poste, s’approprie les valeurs de son entreprise et permet par exemple à celle-ci de traverser les périodes de crise de manière plus sereine.

CGE : Quelle est aujourd’hui votre vision des filières de transports et plus particulièrement celle de l’automobile ?

R.V. : Nous ne sommes qu’au début de la mobilité, il n’y a aujourd’hui qu’à peine un tiers de la planète qui a accès à la mobilité. La mobilité étant directement proportionnelle au niveau de vie, plus il est élevé, plus on est mobile et surtout plus on est mobile individuellement. On peut d’ailleurs penser que d’ici 2050, la mobilité en kilomètre/passager va être multipliée par deux. Une fois cette problématique identifiée, quelles en sont les caractéristiques ? 80% des gens vivront dans les villes, ce qui est déjà le cas en occident, mais ce sera bientôt similaire sur toute la planète avec 9 milliards de personnes pour qui il n’y aura pas obligatoirement suffisamment de place, puisque dans le même temps, il faudra nourrir ces personnes et donc l’urbanisation n’empiètera pas sur les terres agricoles.

Le pétrole comme les énergies fossiles vont se raréfier, même si l’on en trouve dans l’Antarctique ou ailleurs. La vraie question, c’est comment répondre à l’aspiration de l’homme à cette mobilité qui va doubler dans les prochaines décennies ? Dans une vision à long terme, la seule énergie dont disposera la planète, c’est le soleil. On en utilise aujourd’hui 2/10.000èmes. Qui dit soleil, dit électricité et l’immense problème de son stockage ou au contraire la transmission de l’électricité sur la route, ce que l’on nomme la route électrique, mais ce projet sera nécessairement planétaire (comme les voies de chemin de fer par induction, mais là nous parlons d’après-demain…). Entre-temps, l’énergie sera mixte ou hybride, quand dans les villes apparaitront des micro-urbaines électriques à 100 %, pour de petits trajets. Un transport encore pour l’instant destiné à une population riche…

Nombre d’expérimentations sont en cours dans le monde entier pour trouver le juste équilibre entre les batteries, l’énergie disponible via la route électrique et les systèmes dynamiques de charge. Il faut laisser le temps au temps comme pour le train à une époque, que l’on n’imaginait jamais fonctionner avec des batteries. Il a mis 50 ans pour accomplir cette révolution et faire sa voie…

L’autre solution pour stocker l’électricité est l’hydrogène par l’électrolyse de l’eau, mais d’une part c’est dangereux et d’autre part nous ne sommes pas encore à la fin des rendements des moteurs thermiques. En divisant encore les consommations, nous prolongerons ainsi le pétrole et les dérivés.

Il n’y a pas de solution unique mais pour répondre aux besoins de mobilité dans l’avenir, il faut suivre toutes les pistes possibles pour trouver la meilleure approche dans le sens de l’humanité avec les données que nous avons aujourd’hui. Il n’y a pas de développement économique ou de progrès sans risque…

A propos de la Société des Ingénieurs Arts & Métiers

Née en 1846, la Société des ingénieurs Arts & Métiers est reconnue d’utilité publique en 1860 avant de devenir une association régie par la loi de 1901.
L’association regroupe les élèves et anciens élèves de l’école des ingénieurs Arts & Métiers ParisTech (anciennement École nationale supérieure d’Arts et Métiers) : soit à ce jour 28 000 ingénieurs, dont 17 500 actifs, au sein du plus grand réseau européen d’anciens élèves d’une grande école d’ingénieurs.

La Société des ingénieurs Arts & Métiers ParisTech compte 143 groupes régionaux en France métropolitaine, 82 dans les DOM-TOM et à l’étranger, 61 groupes professionnels, 460 promotions en vie, 1 000 ingénieurs Arts & Métiers actifs bénévoles et 20 permanents.

L’association repose sur un réseau fondé sur des valeurs fortes d’engagement relatives à la solidarité et aux échanges, qu’elle met au service :

  • de l’école des Ingénieurs Arts & Métiers ParisTech
  • des ingénieurs,
  • de la solidarité envers ses membres,
  • de la diffusion de la culture scientifique et technologique,
  • des échanges et de la connaissance,
  • de l’accueil du public sur l’ensemble de ses sites et ceux de ses partenaires.

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