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Faire du bien en se faisant du bien : une fenêtre sur les entreprises marocaines face au défi énergétique

Le gouvernement marocain a adopté une stratégie ambitieuse dans le domaine de la réduction des…
Publié le 22 décembre 2016
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Le gouvernement marocain a adopté une stratégie ambitieuse dans le domaine de la réduction des émissions de gaz à effets de serre et aspire à produire 52% de sa consommation d’électricité en 2030 à partir de sources renouvelables. La réalisation de cet objectif semble en bonne voie et passe par des investissements massifs dans le solaire et l’éolien financés par des bailleurs de fonds nationaux et internationaux, privés et publics.

Le Maroc dispose de très peu de réserves fossiles et importe 95% de sa consommation d’énergie, ce qui pèse très lourd sur la balance des paiements. Du fait d’une faible industrialisation, le Maroc consomme peu d’énergie et émet un très faible niveau de CO2 par habitant. Cependant, la croissance économique, entre 3 et 5%, induit une croissance parallèle des besoins en énergie et donc d’émissions de CO2. Le Maroc ne pourra pas supporter les coûts additionnels et doit adopter une stratégie volontariste pour réduire sa dépendance énergétique et la pression sur ses réserves en devises. La stratégie nationale, lancée par un discours royal en 2009, est bâtie sur deux piliers : amélioration de l’efficacité énergétique, pour minimiser la consommation, et diversification du mix énergétique en développant la production locale à partir de sources renouvelables. Ces deux axes se retrouvent, naturellement, dans les actions des grandes entreprises marocaines.

La stratégie nationale d’efficience et d’autonomie énergétique est en marche. Les principaux industriels du pays font des efforts réels et sincères de maîtrise de leur consommation d’électricité et de développement d’alternatives aux sources fossiles. Les efforts des entreprises sont soutenus par le développement de spécialistes nationaux comme Nareva ou Masen, l’adaptation de l’opérateur public ONEE et l’engagement local d’entreprises internationales comme Engie ou Veolia. Un écosystème vertueux se met progressivement en place et donne corps à la stratégie énergétique nationale. En investissant dans l’efficience et la diversification énergétiques, les entreprises marocaines, à l’instar du pays en général, réduisent leurs émissions de CO2 et réduisent leur facture énergétique.

Les efforts des entreprises marocaines en matière d’énergie restent insuffisamment promus et reconnus par les citoyens. Pourtant, les entreprises publient des rapports de développement durable mais la communication reste en deçà des réalisations. Le marocain moyen a une image peu favorable des grandes entreprises et les perçoit, souvent, comme des entités peu intéressées par le bien commun. Cette image doit être corrigée.

La mise en valeur d’actions exemplaires est nécessaire pour deux raisons. La première est que les entreprises, moins grandes et moins visibles, ont une conscience modeste, pour ne pas dire faible, des enjeux de développement durable. Le patron d’une PME/TPE est plus soucieux du montant de sa facture d’électricité que des externalités négatives de sa consommation. Or, le prix de l’électricité est relativement moins cher au Maroc, en comparaison avec les pays développés. Les incitations purement économiques à la vertu ne suffisent pas et doivent être soutenues par une éducation des utilisateurs. La deuxième raison est que les pratiques des entreprises et des citoyens dans d’autres sphères du développement durable (eau, hygiène, pollution chimique, santé, éducation…) restent très en retrait par rapport aux standards mondiaux. Montrer que l’Etat et les grandes entreprises industrielles sont en train de relever ce défi devrait donner envie d’engager des combats sur d’autres fronts pour assurer à tous les citoyens le droit à une vie meilleure dans un environnement plus sain.

Hamid Bouchikhi
Professeur
ESSEC Business School

A propos de Hamid Bouchikhi

Hamid Bouchikhi est professeur de management et entrepreneuriat à l’ESSEC Business School. Il est également le fondateur et le directeur du centre d’entrepreneuriat de l’école. Ses publications portent sur l’entrepreneuriat, l’innovation managériale et le changement.

A propos de l’ESSEC Business School

L’ESSEC Business School, fondée en 1907, est un acteur majeur de l’enseignement de la gestion sur la scène mondiale. Avec 4 880 étudiants, une large gamme de programmes en management, des partenariats avec les plus grandes universités dans le monde, un réseau de 47 000 diplômés, un corps professoral composé de 142 professeurs permanents en France et à Singapour et 18 professeurs émérites, reconnus pour la qualité et l’influence de leurs recherches, l’ESSEC perpétue une tradition d’excellence académique et cultive un esprit d’ouverture au service des activités économiques, sociales et de l’innovation. En 2005, l’ESSEC a ouvert un campus en Asie, l’ESSEC Asia-Pacific, stratégiquement situé à Singapour. Ce campus représente pour l’ESSEC l’opportunité de participer à la croissance de l’Asie et d’apporter son expertise dans cette région en pleine expansion. www.essec.fr

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