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Former les gestionnaires au changement climatique

Après la COP21 avec l’Accord de Paris, la COP22 avec la Proclamation de Marrakech de…
Publié le 28 décembre 2016
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Après la COP21 avec l’Accord de Paris, la COP22 avec la Proclamation de Marrakech de novembre 2016, s’est positionnée sur le « temps de l’action » pour mobiliser gouvernements et société civile aux défis de la lutte contre le réchauffement climatique. Quand et comment faire face aux fragilités qui pourraient survenir après l’élection du Président Trump aux Etats-Unis ? L’un des trois sujets au cœur des débats fut de savoir comment renforcer les capacités de formation et d’éducation… Le plus difficile commence. Les guides pour enseigner le changement climatique foisonnent. Nombreuses sont les organisations internationales qui en ont publié plusieurs depuis 2007, surtout pour les pays émergents et en développement. Si quelques-unes abordent le pourquoi des questions de gestion, de management ou de marketing, surtout à travers l’éthique des affaires sur le refus du déni ou le « greenwashing », peu s’interrogent comment bâtir des programmes de formation dédiés à l’atténuation et l’adaptation des entreprises au changement climatique et quelles seraient les compétences et capacités sociales et personnelles à développer et renforcer.

Dès la COP17 de Durban en 2011, les négociateurs avaient souligné qu’il s’agissait de favoriser la compréhension du changement climatique et l’alphabétisation climatique des élèves et étudiants, et surtout, de réorienter le système éducatif pour parvenir à un développement responsable ayant une faible empreinte carbone et. On insiste trop sur le terme « développement durable » et les programmes qui vont avec. Des voix s’élèvent soulignant que ce terme n’est qu’un oxymore. Il faudrait plutôt parler de « développement soutenable » si l’on veut favoriser la résilience climatique ; ou bien de développement responsable. Dans de nombreuses branches de l’économie comme le tourisme, les professionnels préfèrent maintenant se centrer sur le concept de « responsable », pour mieux s’attacher à la RSE, ce qui demande de repenser des modes de vie insoutenables face aux catastrophes à venir et de promouvoir la consommation et la production responsables. Musées, aquariums, parcs animaliers ont multipliés des manifestations et les brochures sur la perte de biodiversité, avertissant, comme le Muséum National d’Histoire Naturelle, d’une probable sixième grande crise d’extinction ; mais rares sont les établissements dont les gestionnaires ont été formés à la lutte contre le changement climatique.

Bien sûr, les manuels et ouvrages montrent que l’on voit émerger de « nouvelles pratiques de dimensionnement des infrastructures, d’analyse des risques, ou d’anticipation de marchés, dans une démarche d’apprentissage et d’amélioration continus » . Comment, dans ce contexte, piloter l’enseignement de la gestion pour qu’entreprises et organisations soient à même d’atténuer le changement climatique et s’y adapter ? Comment intégrer la préparation aux crises climatiques et aux catastrophes qui en découleront dans les formations aux décisions stratégiques ? Comment enseigner les normes internationales ISO 14080 et ISO 26000 au-delà de leurs aspects techniques et méthodologiques ?

La Rochelle Business School (LRBS) a centré sa mission et ses valeurs, depuis sa création en 1988, sur l’ouverture au monde avec un programme comme Humacité et la responsabilité sociétale et environnementale (CSR). La plupart de ses syllabus incluent des objectifs pédagogiques pour aborder ces thèmes. Un séminaire a été spécialement organisé sur la CSR et le changement climatique pour développer la connaissance des acteurs et renfor-cer capacités et compétences de ses participants sur ces questions.

Afin d’expliquer le déni des écosceptiques, des exercices et des cas ont été élaborés pour démontrer que la transparence est une qualité qui, à terme, apporte plus d’avantages que d’inconvénients, comme le montrent les rapports de l’ONG américaine Union of Concerned Scientists. Il a fallu aussi se référer à des valeurs universelles qui se retrouvent dans les grandes religions à travers l’analyse en groupes de discussion de l’Encyclique papale « Laudato Si » et de divers documents comme l’appel du Dalaï Lama ou la Déclaration islamique sur le Climat d’Istanbul (août 2015), la position de maîtres spirituels indouistes et d’un groupe de rabbins newyorkais. Durant la COP22, à Marrakech, des leaders reli-gieux, autour de l’ONG United Planet Faith, ont d’ailleurs débattu de l’importance de la foi et de la spiritualité pour prôner un mode de vie basé sur un équilibre et une harmonie entre l’homme et son environnement.

Au-delà, il a fallu parler aux participants du Séminaire de prospective. Les médias ont invoqué largement la méthode des scénarios pour montrer les conséquences du réchauffement climatique. Nous les avons utilisés dans nos enseignements de management pour se projeter dans l’avenir, surtout quand il s’agit de la gestion des risques et des crises et de la culture d’adaptation au réchauffement climatique. Le rôle des scénarios est de développer des compétences stratégiques d’anticipation, surtout dans les domaines des secteurs primaires, quand on voit déjà, dans ces secteurs, des pertes de productivité marquée. Les résultats les plus intéressants sont venus des étudiants en alternance, travaillant à mi-temps dans des entreprises ou institutions. Ils nous ont permis de multiplier des cas où les scénarios les plus prometteurs dévoilaient qu’il fallait faire mieux participer le personnel pour identifier les points des progrès pour surmonter les difficultés et voir comment dé-passer rationnellement les résistances de certains acteurs. Le scénario devient incontournable pour l’enseignement de la gouvernance contre le changement climatique.

Encore faut-il collaborer plus clairement avec les entreprises et les institutions. Nous devrions développer des partenariats entre elles et nos Grandes écoles en France et ailleurs dans le monde, avec, comme exemple, l’assureur AXA dont le Fonds pour la Recherche vient de financer une chaire à l’Université du Cap sur les risques climatiques au sein de l’Initiative pour le Climat Africain et le Développement (ACDI) ?

 

Robert Lanquar
Ph.D.
La Rochelle Business School

A propos de Robert Lanquar

Robert Lanquar (robert.lanquar@gmail.com). Docteur en « Économie et Droit du Tourisme » de l’Université Aix-Marseille III, a obtenu aussi un Ph.D. en « Recreation Resources Organisational Development » à la Texas A&M University (États – Unis). Ancien fonctionnaire international de l’OMT, est conseiller et expert de plusieurs orga-nismes internationaux comme l’OMT, PNUE, Banque Mondiale, Commission Européenne, etc. Spécialiste de la Méditerranée, il anime plusieurs réseaux en faveur de la coopération méditerranéenne dont le MED-DEV- commerce, tourisme, environnement ainsi que du site Diplomatie et Développement Durable. Auteur d’une quinzaine de livres et plus de 300 rapports et articles sur le tourisme et l’environnement en français, anglais et espagnol, a été traduit à l’anglais, chinois, espagnol, turc, arabe, vietnamien. Durant sa carrière, a exercé comme professeur d’université au Canada, France, Belgique, Suisse et Espagne. Actuellement Président de Cordoba Horizontes. Cor-doba Horizontes est une entreprise dont l’objectif est de mettre à la disposition des entreprises et institutions son savoir – faire dans les secteurs de l’agro-alimentaire, du commerce et du tourisme sur la zone méditerranéenne et en premier lieu, au Maghreb. Elle est née de l’idée que le XXIème siècle sera celui du développement durable et que le monde des affaires doit s’adapter aux nouvelles conditions engendrées par le changement climatique. Il est aussi chroniqueur de L’Économiste (Casablanca) et coordonne les cours en Développement Durable à La Rochelle Business School. Robert Lanquar est détenteur de l’Ordre national du Mérite.

A propos du Groupe Sup de Co La Rochelle

Le Groupe Sup de Co La Rochelle est membre permanent de la Conférence des Grandes Ecoles. Le Groupe a su acquérir une reconnaissance internationale à travers l’accréditation AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business) en 2013, le positionnant ainsi parmi le top 5% des Ecoles de Commerce mondiales. Le Groupe a intégré pour la première fois en 2014 le prestigieux classement international du Financial Times, le plaçant parmi les 80 meilleures Business Schools européennes et parmi les 70 meilleurs Masters en Management au monde (Programme Grande Ecole). Le classement 2015 positionne le Master du Groupe parmi les 50 meilleurs Masters en Management au Monde.

Chiffres clés :
• 7 programmes d’enseignement supérieur, du Bachelor au MBA
• 173 universités partenaires dans 48 pays
• 3 campus associés en Finlande, en Chine et aux Etats-Unis
• 50 grands groupes internationaux partenaires
• 4 000 stages par an dans le monde

Plus informations : http://www.esc-larochelle.fr

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