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La Parole à Florence Darmon, présidente de la commission Diversité

A partir d’une expérience de terrain, à l’ESTP que je dirige depuis 2008 et qui…
Publié le 3 janvier 2011
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A partir d’une expérience de terrain, à l’ESTP que je dirige depuis 2008 et qui compte 2 200 étudiants, je peux témoigner que tous les aspects de la diversité sont pris en compte dans la vie d’un établissement d’enseignement supérieur. L’ouverture sociale, l’égalité hommes-femmes, la lutte contre le handicap, outre leur prise en compte dans notre enseignement du fait de la particularité de nos débouchés professionnels, font partie d’une véritable politique d’établissement au niveau de l’accueil de nos étudiants. Ainsi, actuellement nous avons entre 22 et 24 % de boursiers et nous prévoyons d’atteindre 30 % dans 4 ans. Pour cela, depuis plusieurs années, un budget spécifique est alloué au développement de la diversité à l’ESTP, et nous sollicitons en permanence nos partenaires professionnels (entreprises, fédérations) pour abonder cette enveloppe.

Nous comptons par ailleurs 26 % d’étudiantes présentes à l’ESTP, avec des pourcentages variant selon les spécialités : le taux monte à 35 % en Topographie-urbanisme et à 38 % en Bâtiment. Le taux de réussite scolaire est, en passant, meilleur chez nos étudiantes que chez nos étudiants, pour lesquels nous avons à déplorer un taux de redoublement supérieur. Quant à l’insertion professionnelle, malgré des images très marquées qui subsistent dans les esprits concernant ces métiers de la construction, tant en génie civil qu’en bâtiment (la force physique, la masculinisation des fonctions, voire la sécurité, autant d’aspects qui a priori sont difficilement compatibles avec le fait d’être femme ou d’être dans une situation de handicap) force est de constater que les diplômées sont motivées à choisir les mêmes débouchés professionnels que leurs camarades masculins et qu’elles n’ont aucun problème aujourd’hui à être acceptées par les employeurs, aux mêmes niveaux de rémunération. Cependant, 10 ans après la sortie de l’école, on ne les retrouve plus dans l’entreprise dans les mêmes proportions et c’est un phénomène que nous devons élucider.

Concernant les étudiants en situation de handicap, nous en avons quelques-uns et leur nombre limité nous permet de leur procurer les aménagements (matériels et temporels) nécessaires à la bonne poursuite de leurs études.

Pour l’ESTP, ma préoccupation est de rechercher des partenariats financiers avec les entreprises, pour apporter des bourses à nos étudiants, obtenir des soutiens matériels, constituer une chaîne cohérente dans le développement de la diversité depuis l’admission en formation jusqu’à l’insertion professionnelle.

Quant à mes nouvelles responsabilités à la tête de la commission Diversité, je les inaugure en saluant la sortie du Livre blanc de l’ouverture sociale des grandes écoles. Ce premier état des lieux traduit l’engagement de la CGE et des écoles pour poursuivre ces travaux et pouvoir prouver, au prochain rendez-vous tant avec nos tutelles qu’avec le public, les progrès constants des écoles en la matière. Chacune des sept propositions de ce rapport ambitieux mérite presque d’être traitée séparément avec des opérations de communication dédiées.

Ainsi à propos de la lutte contre handicap, je dirais que nous devons nous appuyer sur tous les relais d’information, car le problème vient davantage d’une méconnaissance des possibilités d’accueil qu’offrent les établissements d’enseignement supérieur, des préjugés ou des appréhensions par rapport aux métiers, que de réelles difficultés concrètes lors de la formation. Encore une fois, le petit nombre de personnes concernées permet un accompagnement tout au long des études et dans le choix d’un premier emploi.

Je terminerai par un clin d’œil à mes collègues du groupe Egalité Hommes-Femmes : les statuts de mon établissement stipulent en effet que je suis « directeur général ». Au quotidien, depuis mes débuts professionnels sur des chantiers autoroutiers jusqu’à ma nomination par un conseil d’administration composé exclusivement d’hommes, j’ai été parfaitement acceptée par un milieu très masculin. Je souhaite vraiment que nous dépassions le pur féminisme, qui se traduit trop souvent par une revendication à la féminisation systématique des titres : plutôt que de se battre sur une appellation, je suis partisane de me battre sur l’accès à la « fonction », et sur le nombre, pour que davantage de femmes soient effectivement directeurs(trices) de grandes écoles ou de services à responsabilités dans les entreprises ; qu’au-delà du symbolique elles soient reconnues pour leurs compétences, leur dynamisme, et qu’elles entraînent d’autres femmes dans leur sillage.

Je compte sur l’appui des dirigeants(tes) des écoles de la CGE pour la mise en œuvre de toutes les facettes de la diversité et je leur souhaite une très bonne année 2011.


Florence Darmon
Directeur général de l’École spéciale des travaux publics
Présidente de la commission Diversité de la CGE

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