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La Parole à Pierre Tapie, Président de la Conférence des grandes écoles

LE DÉFI DE L’INTERNATIONAL POUR L’ENSEIGNEMENT SUPÈRIEUR FRANÇAIS Le congrès de la CGE les 7…
Publié le 3 novembre 2010
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LE DÉFI DE L’INTERNATIONAL POUR L’ENSEIGNEMENT SUPÈRIEUR FRANÇAIS

Le congrès de la CGE les 7 et 8 octobre dernier a représenté un moment intense de notre vie collective, à plusieurs titres. Les dirigeants des écoles se réunissent en « séminaire » les années impaires (réunion réservée aux seuls membres), et en congrès les années paires, manifestations traitant de thèmes plus généraux largement ouvertes à l’extérieur. Le séminaire de Marseille en 2009 venait quelques semaines après l’élection d’un nouveau Conseil d’administration et d’un nouveau Bureau ; son objectif était d’établir les orientations générales de la nouvelle équipe, au service des écoles. Ce congrès de Paris a été l’occasion d’approfondir les grandes questions posées par les défis internationaux, de partager publiquement des analyses, des convictions et des propositions, dans quelques lieux emblématiques et chargés d’histoire de la montagne Sainte Geneviève. Grâce à la remarquable préparation de la délégation générale, qui mérite tous nos remerciements et nos félicitations, grâce à l’hospitalité de différents collègues universitaires qui nous ont ouvert des lieux rares (l’École des Mines de Paris, l’École spéciale des travaux publics, le Lycée Louis le Grand, l’Observatoire de Paris, le Collège de France), grâce à l’excellente préparation de la trentaine d’orateurs qui avaient accepté d’intervenir, le congrès fut un temps fécond d’idées, d’échanges, d’approfondissement. Nous sommes particulièrement reconnaissants de leur présence à Monsieur le Premier ministre Jean Pierre Raffarin et à Monsieur Cédric Villani, Médaille Fields, pour leur intervention lors de la première matinée plénière, et à Madame la ministre Valérie Pécresse, qui a longuement conclu nos travaux par un discours très riche et pris le temps d’échanger avec nous.

Nous retiendrons particulièrement de ces deux jours :

  • la situation compétitive de la France sur la scène internationale, avec un pays qui déploie tous ses efforts eu égard à sa situation budgétaire, mais qui reste nettement en deçà de ses compétiteurs quant à son investissement dans l’enseignement supérieur et la recherche ;
  • le défi asiatique que nous a lancé Monsieur Raffarin, et notre capacité à nous en saisir, avec nos avantages spécifiques, ou à risquer la paralysie par une trop grande fascination ;
  • l’attractivité intellectuelle de la France, qui demeure, comme le rappelle Cédric Villani, mais qui doit passer par des formes administratives infiniment plus souples et réactives si nous ne voulons pas décourager les acteurs de haute qualité ;
  • l’engagement déjà considérable de la France pour accueillir gracieusement 250 000 étudiants étrangers, dont les deux tiers viennent de cinq pays d’Afrique, et qui représente une charge de 2,5 à 3 milliards d’euros. Cette information est importante vis-à-vis de la proposition phare de la CGE de tripler le nombre d’étudiants étrangers en demandant à 80 % d’entre eux de payer le coût réel de la formation de tous les nouveaux étudiants. Cela signifierait en effet que, sur le total des 750 000 étudiants étrangers accueillis, la moitié pourrait bénéficier de scolarités gratuites, pour une dépense de l’ordre de 4 milliards d’euros, tandis que l’autre moitié rapporterait directement 5 milliards de devises internationales à l’enseignement supérieur de notre pays, sans compter l’apport venant des dépenses liées à leur vie d’étudiants (logement, nourriture…). Disposer ainsi d’une capacité de bourses correspondant à la moitié du total des étudiants souligne combien la proposition est réaliste, sans mettre en cause l’ambition de justice sociale et de développement des pays à faibles revenus, qui est celle de notre pays ;
  • l’absolue nécessité de toujours renouveler les formes de construction du « pacte social » entre les grandes écoles et la Nation. Fondée sur le principe démocratique du mérite républicain, la responsabilité que nous avons en éduquant une large part des élites du pays nous donne le devoir de toujours imaginer comment mieux accueillir dans nos établissements la population la mieux en cohérence avec la diversité sociale française pour la former au plus haut niveau sans la moindre concession. Nous serons toujours là sur un équilibre dynamique, celui d’un vélo plus que d’une chaise, en tension entre l’amont de l’enseignement secondaire et les exigences toujours croissantes des employeurs en aval. Nous sommes très fiers d’avoir pu mesurer que les classes préparatoires diminuaient d’un facteur 2 à l’écrit, puis de 3 à 4 à l’oral, les différences moyennes de notes observées entre boursiers et non boursiers au niveau du bac. Nous serions heureux que ces différences diminuent davantage. Nous serons très vigilants pour que la réforme du lycée œuvre bien dans ce sens.

Pierre Tapie
Président de la Conférence des grandes écoles
Directeur général du groupe ESSEC

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