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La place de l’éthique dans la formation et la recherche

Suite à l’affaire ENRON et la crise des subprimes, la question de la place de…
Publié le 3 février 2017
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Suite à l’affaire ENRON et la crise des subprimes, la question de la place de l’éthique dans la formation et la recherche a été passionnément discutée dans le monde nord-américain, pas seulement dans les médias grand public, mais aussi lors de colloques scientifiques et dans des revues académiques. Si la même question est posée aujourd’hui en France à l’égard des activités académiques des grandes écoles, les réponses seront-elles les mêmes, se référeront-elles au même cadre terminologique et conceptuel ? Bref, l’aspect culturel jouera-t-il un rôle ici ?

La réponse est clairement : « oui ». Quand dans le monde anglophone on entend le mot « ethics », on pense traditionnellement à ce qu’on appelle en français la « philosophie morale », tandis que le mot « éthique » évoque en France plus un système de valeurs, surtout individuel, qui est, dans le cas d’ancrage religieux, souvent confiné au domaine de « l’intime ». Si la conception anglophone pousse à proposer pour le volet « formation » des cours et des exercices de « philo », et pour le volet « recherche » de revaloriser la discipline de l’« ethics », la conception française lance aux formateurs le défi d’aborder les questions éthiques sans révéler son intimité et en respectant celle des apprenants. Mission (im)possible ? Quant à la recherche, la conception française suggère de ne pas « faire d’amalgames » et de laisser la question en dehors d’une recherche « scientifique », donc « objective ». En d’autres mots, il n’y a pas de place pour l’éthique dans la recherche.

A ICN Business School, nous essayons de répondre à la question en traduisant dans notre façon de former et de faire de la recherche, notre ADN : Artem (alliance de l’Ecole nationale supérieure d’art et de design de Nancy, d’ICN BS et de Mines Nancy), qui, en plus d’un nouveau campus partagé entre les 3 écoles, implique un véritable engagement interdisciplinaire et international. Nous avons donc choisi de sortir de la situation insatisfaisante décrite ci-dessus qui laisse seulement le choix entre imiter l’approche anglophone ou rester un peu bloqué ou désarmé en France face aux défis éthiques du XXIème siècle (mondialisation, nouvelles technologies, réchauffement de notre planète).

C’est pour cela que nous distinguons régulièrement une éthique descriptive, donc une recherche de valeurs éthiques/morales dans une approche analytique comme en sociologie ou psychologie, et une éthique normative, une autre recherche qui elle-même fonde ou propose des normes. Cette distinction nous vient du monde anglophone et germanophone, où il est pratiqué depuis longtemps. A cela s’ajoute une concentration des analyses et des réflexions sur des valeurs éthiques/morales impliquées dans un problème de terrain, qu’on peut appeler une approche axiologique.

Pour la formation, ce procédé a le grand avantage de pouvoir rendre l’acteur – dans notre cas, le manager – conscient et capable de découvrir et d’analyser d’abord la dimension éthique d’une problématique sans qu’il soit obligé d’adhérer dès le début aux normes d’une école de pensée, d’une philosophie ou d’une religion, donc d’agir comme un vrai chercheur « objectif ». Une fois la situation analysée, ce manager, grâce à des cours axiologiques en RH, est capable de connaître ses propres valeurs et celles de son entreprise (aujourd’hui souvent celles de la RSE). Ainsi il peut, dans un deuxième temps, prendre une position normative et décider.

Dans le domaine de la recherche, l’éthique » a aussi sa place chez nous. D’une part nous la trouvons dans nos recherches comme une discipline académique équivalente d’ethics dans le monde anglophone, mais, d’autre part, la réflexion éthique nous sert également comme guide dans nos questionnements épistémologiques concernant l’objectivité d’une analyse « scientifique », vu qu’elle paraît régulièrement influencée par des paradigmes et axiomes de nature morale.

E. Günter SCHUMACHER
Responsable du département Environnement des affaires
ICN Business School

A propos de E.Günter Schumacher

E.Günter SCHUMACHER, de nationalité allemande, est responsable du département Environnement des affaires d’ICN Business School et membre du laboratoire CEREFIGE. Dr. « rer.pol » (économie politique) de l’Université de Cologne/Allemagne, il enseigne l’économie internationale, les dimensions économiques, politico-juridiques et culturelles de l’Union Européenne, le management interculturel (surtout franco-allemand) et l’éthique des affaires. Sa recherche – en régulière collaboration avec des collègues nord-américains – porte sur la dimension éthique dans les différentes facettes de l’économie managériale (innovation, design, ressources humaines). Ses activités d’enseignement et de recherche se nourrissent aussi des expériences professionnelles acquises en amont de son travail en France dans le domaine de la coopération internationale (ONG et recherche en projet management) et de la finance internationale (Investment Banking).

A propos de l’ICN Business School

Membre du chapitre des écoles de management au sein de la Conférence des Grandes Écoles, ICN Business School forme ses étudiants et des cadres à développer dans les entreprises l’innovation par la créativité. Elle oriente sa pédagogie sur la transversalité grâce notamment à son partenariat avec Mines Nancy et l’Ecole nationale supérieure d’art et de design de Nancy (Alliance Artem). La communauté ICN est animée par trois valeurs fondamentales : l’ouverture, l’engagement et l’esprit d’équipe.

ICN Business School, c’est également :
– 3 000 étudiants dont 30 % d’étudiants étrangers
– 70 professeurs permanents et 20 affiliés
– 4 campus : Nancy et Metz (France), Nuremberg (Allemagne), et Chengdu (Chine)
– 4 bureaux de représentation à l’étranger
– 150 universités étrangères partenaires dans le monde
– 13 000 diplômés

Créé en 1905, l’Institut Commercial de Nancy est devenu en 2003 ICN Business School, établissement d’enseignement supérieur privé, reconnu par l’État et associé à l’Université de Lorraine. Il est accrédité EQUIS et AMBA.
www.icn-groupe.fr

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