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Les procédures d’admission dans l’enseignement supérieur au regard de quatre pays Européens : Royaume-Uni, Suède, Allemagne, Italie

La mise en place d’une approche comparative permet de mieux comprendre les enjeux présents au…
Publié le 22 avril 2016
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La mise en place d’une approche comparative permet de mieux comprendre les enjeux présents au niveau des procédures d’admission à l’entrée dans l’enseignement supérieur et de limiter les visions nationalement situées.
Il est alors intéressant de relever des éléments qualitatifs relatifs aux structures de l’enseignement, et aux manières de concevoir l’accès et la sélection dans le supérieur. Bien sûr on ne peut occulter les éléments plus quantitatifs comprenant les taux d’admission, de réussite, d’accès ou encore d’obtention des diplômes de l’enseignement supérieur. En tout cas, l’ensemble de ces éléments permet de mettre en lumière et de relativiser les analyses ethnocentriques de l’accès et des procédures d’admission dans l’enseignement supérieur au regard de quatre pays : le Royaume-Uni, la Suède, l’Allemagne et l’Italie.

L’admission et l’orientation dans l’enseignement supérieur sont souvent déterminées dès le secondaire. Ainsi, le système britannique, détenant en apparence un système unifié, connait une forte diversification en termes de prestige scolaire entre ces établissements qui conditionnent en grande partie l’entrée dans de « grandes universités ». En Suède, les réformes libérales de l’éducation ont en partie impacté sur la cohésion d’un système unifié. Cependant on observe peu de différenciation à l’œuvre entre les établissements.
Par contre, il existe une forte segmentation menant à forte « dépendance au sentier » chez les élèves Allemands. Dès l’âge de 10 ans, ils doivent choisir entre trois formes de parcours scolaires plus ou moins spécialisées. Enfin, le système italien se rapproche du système français avec un tronc commun jusqu’au environ de 14 ans donnant lieu à une séparation en trois axes d’enseignement.

Pour saisir les conditions d’admission et d’accès dans l’enseignement supérieur, il faut bien distinguer les conditions d’éligibilité, des procédures de sélection. Le Royaume-Uni est le seul pays de notre échantillon à ne pas détenir des conditions d’éligibilités définies nationalement. Chaque université met en place des procédures de sélection, plus au moins strictes, propre au cursus demandé. L’accès au supérieur en Suède se fait par le biais d’une diversité des conditions d’admission : 1/3 sont admis par la validation du certificat de fin d’études secondaire, 1/3 par des tests standardisés d’aptitude et le dernier par une procédure choisie par l’établissement. Ce pays prône une politique de la seconde chance.
En Allemagne, c’est l’Abitur qui donne principalement accès au supérieur. D’autres formations du secondaire ou pour adultes, plus spécialisées, ne donnent accès qu’à certaines filières. Il existe aussi des numerus clausus nationaux et locaux donnant parfois lieu à des procédures de sélections supplémentaires notamment des tests standardisés. Pour finir, l’Italie détient comme condition sine qua non d’admissibilité, à l’image de la France, une validation de l’examen de fin d’études secondaires. Des examens multiples peuvent être mis en place dans les « Grandes écoles ». De plus, comme les universités publiques sont autonomes, en fonction des filières, l’acquisition de compétences spécifiques peut être demandée.

Les diplômes de l’enseignement secondaire sont ainsi pour beaucoup de pays un critère d’éligibilité mais ils ne le sont ni de manière systématique, ni de manière exclusive. C’est surtout en France et en Italie, à moindre degrés en Allemagne, qu’ils sont un critère quasiment indispensable. De ce fait, on peut refuser les analyses classificatrices en termes de systèmes « ouverts » et « fermés ». D’autant plus que les taux d’accès et d’obtention des diplômes de l’enseignement supérieur ne reflètent pas nécessairement le type de sélection à l’entrée. En effet, les systèmes d’admission dit « non-sélectifs » procèdent à une sélection pyramidale en cours de parcours, et a priori dans le secondaire. Ils ne sont pas forcément plus inclusifs et n’offrent pas mécaniquement une plus grande égalité des chances. Un système plus « sélectifs » peut également avoir un nombre de place disponible supérieur à la demande, différentes voies d’accès, des critères diversifiés ou encore prendre en compte des modalités plus individuelles et contextuelles.

Les processus politiques, les choix et les incitations avant et après l’admission, influencent l’accès dans le système d’enseignement supérieur. Il est alors important de penser l’information et la formation au courant du secondaire, avant et après l’inscription définitive dans un cursus, afin d’améliorer l’aptitude à l’orientation, l’accès au supérieur et la réussite scolaire. Il est aussi nécessaire de penser les remises à niveau et les formations aux méthodes de travail pour offrir de nouvelles chances aux « exclus » du système et ne pas faire d’un processus d’apprentissage un état d’échec.
La mise en place de conditions d’éligibilité plus précises et adaptées au cursus serait peut-être le moyen de reconsidérer le projet de l’étudiant et de l’enseignement supérieur, tout en motivant chacune des parties à une réussite commune, mais doit être pensée en parallèle d’une diversification des procédures d’accès et d’une orientation adéquate.


Morgan Lans
étudiant en Master 2 de recherche en sociologie
Université de Bordeaux

A propos de Morgan Lans

Morgan Lans est étudiant en Master 2 de recherche en sociologie à l’Université de Bordeaux. Alors qu’il s’est intéressé dans un premier temps à l’esprit critique des adolescents à l’époque du multimédia, son sujet de recherche porte aujourd’hui principalement sur les associations spécialisées dans l’intégration des nouveaux arrivants. Après une immersion d’un an au Danemark, c’est dans une démarche comparative qu’il a souhaité investir ce sujet. La comparaison est ainsi devenue une méthode de travail privilégiée dans sa compréhension du monde social et institutionnel. Son projet est de mener une thèse s’inscrivant dans la continuité de ses travaux de Master.

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