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Sihem Guemara El Fatmi, directrice de l’École Supérieure des Communications de Tunis

CGE : En tant qu’enseignante et encadrante, vous semblez particulièrement sensible à la destinée de…
Publié le 22 juillet 2010
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CGE : En tant qu’enseignante et encadrante, vous semblez particulièrement sensible à la destinée de vos étudiants. Maintenant que vous êtes dirigeante de SUP’COM Tunis, comment faites vous pour conjuguer vos responsabilités et cette attention auprès des étudiants ?

S.G.E.F. : C’est une seconde nature. Je materne beaucoup mes étudiants, je l’ai toujours fait. Quand on m’interroge, je dis souvent « mes enfants » à la place de « mes étudiants », un lapsus révélateur ! Je porte donc avec plaisir cette double casquette. Naturellement, je ne peux plus assurer l’ensemble de mes cours, mais je conserve un module d’enseignement de 3h car je suis d’abord enseignante, je l’ai été pendant des années et je continuerai de l’être après ce mandat de direction. Concernant l’encadrement des thèses et des masters, je vais malheureusement devoir mettre un frein : je poursuis uniquement ceux en cours et ceux pour lesquels je m’étais engagée préalablement à ma nomination.

Prendre la direction de SupCom’ Tunis est une opportunité qui est arrivée à point nommé dans une période où je souhaitais exprimer mes aspirations d’une autre manière. Le cœur de ma réflexion et de mon choix étaient notamment liés à l’envie de plus de contact avec l’extérieur, avec d’autres métiers, d’autres autorités, d’autres compétences. Quand on m’a fait cette proposition, j’ai dit oui pour deux raisons : d’abord je suis très attachée à Sup’Com. Cette école fait partie de moi et la diriger est un grand bonheur pour moi. Par ailleurs ce poste ouvre de nouvelles perspectives, une évolution par rapport à l’enseignement recherche pur et dur. J’assure cette fonction depuis deux mois et demi et elle satisfait toutes mes attentes tant personnelles que professionnelles.

CGE : SUP’COM Tunis a rejoint en juin 2010 le réseau des écoles associées de l’Institut Telecom. Au-delà des naturelles synergies et intérêts communs qu’il existe dans cette démarche notamment pour la formation, la recherche, l’innovation, quels sont les axes forts de ce partenariat dans une perspective internationale ?

S.G.E.F. : Le choix de SUP’COM par le réseau Telecom, pour être la première école associée à l’international est un gage de qualité, une reconnaissance pour notre école après plusieurs années de collaboration avec certaines institutions, qui appartiennent à l’Institut Télécom ou à d’autres organismes. Cette reconnaissance est aussi le fruit d’un travail de longue haleine. En ce sens, je rends hommage à mon prédécesseur, M. Naceur Ammar, qui a particulièrement œuvré comme un véritable moteur de l’évolution de SUP’COM. Je poursuis ce travail en privilégiant toujours plus d’ouverture à l’international. Je suis convaincue que l’ingénieur d’aujourd’hui, particulièrement en télécommunication, doit intégrer à son cursus une vision globale, connaître et se faire reconnaître à l’étranger par des expériences en mobilité. En ce sens, nous élaborons des conventions de double diplôme avec d’autres institutions. Nous avons actuellement ouvert la filiale Tunis de Telecom Sud Paris pour une première promotion à partir de la rentrée prochaine, des élèves ingénieurs qui seront recrutés à partir du concours français. C’est aussi une manière d’internationaliser nos amphis avec l’accueil d’étudiants étrangers.

En matière recherche, nous avons signé une convention cadre avec France Télécom Orange pour mutualiser nos moyens et nos ressources. Ces démarches doivent encore se développer, mais nos efforts seront récompensés et nous pourrons franchir de nouveaux paliers. Le soutien actif de notre ministre est également très précieux.

CGE : Si vous deviez choisir 3 arguments pour faire valoir les avantages distinctifs de SUP’COM Tunis auprès d’étudiants et/ou d’enseignants-chercheurs, quels seraient-ils ?

S.G.E.F. : Sup’Com, c’est tout d’abord une construction structurée et des acquis à forte valeur ajoutée. L’association à l’Institut Telecom, l’adhésion à la CGE, la qualité de ses enseignants, de ses étudiants sont autant de facteurs distinctifs et de valorisation. Nos diplômes sont très reconnus et recherchés. Les projets de thèse sont très suivis et leurs qualités donnent aux thésards de nombreuses opportunités de recrutement.

Un second argument important est la co-tutelle : SUP’COM est l’unique école d’ingénieur tunisienne qui est en double tutelle. Le ministère de l’enseignement supérieur pour la partie académique d’une part, le ministère des technologies de la communication, notre employeur, d’autre part. Une approche bilatérale qui permet une plus grande ouverture.

Enfin, SUP’COM se trouve dans une cité technologique des télécommunications. Elle est entourée physiquement par des équipementiers, des développeurs, des fournisseurs de services, qui appartiennent tous à la même famille professionnelle. C’est une synergie très importante que SUP’COM est la seule à avoir. Du point de vue recrutement/classement, SUP’COM recrute parmi les meilleurs étudiants ingénieurs qui sortent de prépa chez nous. Sur 3500 candidats en moyenne par an, nous puisons nos élèves dans les 220 premiers, une sélection importante et un vrai gage de réussite.

CGE : La pratique sportive est un ferment du développement personnel et une belle source métaphorique de la construction de son parcours professionnel, quels sont, de ce point de vue, les usages à SUP’COM Tunis ?

S.G.E.F. : Nous réservons le mercredi après-midi pour les activités sportives. C’est un véritable engagement et il est formellement interdit de faire des rattrapages, cours, exams, TP, TD, etc… Notre équipement et nos moyens sont importants : terrains de sport et gymnase notamment. Plusieurs clubs existent par ailleurs (natation, équitation, tennis…) pour lesquels nous mettons à disposition un bus. Nous accordons beaucoup d’importance à ces pratiques, mais elles ne sont pas obligatoires, même si la plupart des étudiants s’y engagent. En conséquence, pas de crédits ECTS pour ceux qui font régulièrement du sport.

CGE : Si vous aviez une baguette magique, quelle serait votre première initiative ?

S.G.E.F. : Je pense que j’aurais beaucoup de souhaits, mais dans le cadre de ma fonction, je pense que je privilégierai mes étudiants pour qu’ils soient les meilleurs, que mes collègues aient le maximum de résultats et d’opportunités pour leurs recherches. La Tunisie doit en effet monter en puissance et trouver de nouveaux moyens pour les pôles recherche. Nous ne faisons pas exception en la matière, notamment pour les thésards. En France, un thésard se consacre à 100% sur sa thèse parce qu’il bénéficie de contrats pour le financer. En Tunisie le chemin est encore long, il m’est par exemple arrivé d’avoir deux thésards qui sont allés au bout de leur travail en 5 ans (et pas en 3, mais ils devaient faire vivre leur famille par ailleurs !), en cumulant leurs recherches, souvent la nuit, avec un travail d’ingénieur le jour.

CGE : Pour conclure, quelles sont les actualités de SUP’COM Tunis à venir ?

S.G.E.F. : Le 5 Juillet, nous aurons notre première réunion avec une délégation d’Orange.

A la rentrée prochaine, nous emménagerons dans un nouveau local de 2000 m² toujours dans le parc technologique, mais plus pratique et dans un cadre plus agréable.

Une première promotion d’étudiants, qui viennent du Concours CCMP (Concours Communs Mines-Ponts), arriveront à la rentrée.

La Tunisie va être représentée au niveau de l’IFIP (International Federation for Information Processing) et SUP’COM a été choisie pour ce rôle. A cet effet, je vais recevoir prochainement le Président de l’IFIP et j’aurai la charge d’organiser la journée et le démarrage du partenariat de la Tunisie dans les working-group qui l’intéresse.


Propos recueillis par Fabien Giausseran

Mieux connaître SUP’COM Tunis

Créée en 1998 et placée sous la double tutelle du Ministère de l’enseignement supérieure et de la recherche scientifique et du Ministère des Technologies de la communication, admise à la Conférence des Grandes Ecoles (CGE), au mois de décembre 2008 en tant que membre associé, SUP’COM est une école d’ingénieurs qui a pour vocations :

  • La formation d’ingénieurs de haut niveau scientifique et technique, aptes à concevoir, mettre en ouvre et gérer les services, les systèmes et les réseaux de télécommunications.
  • La contribution à l’effort national relatif à la recherche scientifique et technologique dans le domaine des technologies de l’information et la communication (TIC).
  • La formation continue ou qualifiante des cadres supérieurs dans le domaine des TIC.

Les enseignements semestriels sont structurés en modules pouvant être dispensés sous plusieurs formes (cours intégrés, travaux pratique, travaux et mini projets personnalisés). L’évaluation est basée sur un régime de contrôle continu doublé d’un système de rattrapage et de crédits.

Au 4 ème semestre, les élèves ingénieurs choisissent une dominante qui constitue un axe d’approfondissement d’un sous domaine des TIC.

Tout au long de la 2 éme année, des projets sont menés en équipes. Le contenu de ces projets est laissé à la libre initiative des élèves ingénieurs, l’innovation devant en constituer le trait majeur. Ces projets doivent déboucher sur la réalisation d’une idée ou d’une activité et font l’objet d’une compétition entre les élèves ingénieurs et d’une évaluation par un jury en fin d’année.

Le 3 ème semestre est consacré à des enseignements optionnels visant une spécialisation orientée métier des différents domaines : audiovisuel et multimédia, architecture des systèmes de télécommunications, ingénierie de réseaux, réseaux mobiles, système d’information et de communication d’entreprises, ingénierie des logiciels pour les télécommunications, management de l’innovation et création d’entreprise,…

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