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Faire des Grandes écoles des centres moteurs d’éthique

L’éthique dans les Grandes écoles, dans les formations, mais aussi appliquée à la recherche, est…
Publié le 3 février 2017
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L’éthique dans les Grandes écoles, dans les formations, mais aussi appliquée à la recherche, est une idée neuve. Non à dire qu’avant il n’y avait rien, porte ouverte au tout. Parfois au pire. Mais si problèmes il y avait, ils étaient contenus. Et, finalement, peu connus.

Dans les formations :
le point de bascule a été le scandale Enron. Entreprise alors la plus innovante aux États-Unis. Nous sommes en 2001. Parmi ses dirigeants, Jeffrey Skilling, titulaire d’un MBA d’Harvard. Stimulus, réponse ! Si un diplômé de la meilleure université du monde peut commettre de telles fraudes, de tels délits, il faut faire entrer l’éthique dans les formations à destination des étudiants, des participants en formation continue.

Appliquée à la recherche : le point de bascule a été, ajoutée au développement des nouvelles technologies, la puissance des réseaux sociaux. CV tronqués, résultats falsifiés, etc. Tout, aujourd’hui, se sait. Ou finira par se savoir. Le discrédit, au-delà de l’opprobre jeté sur le chercheur qui a failli, peut-être tel, qu’il peut mettre à mal son institution, voire son domaine de recherche.

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Les Grandes écoles doivent s’emparer des questions liées à l’éthique. Parce que cela touche aussi tous les domaines du management. Tous les blocs de gestion-complexité que le management produit : décision, résolution de problèmes, délégation, motivation, mais aussi ajustement, rappel, recentrage, animation, anticipation, recrutement, formation, évaluation, etc.

Les Grandes écoles doivent travailler les questions liées à l’éthique. Ne pas craindre de réintroduire la philosophie, et donc de la sagesse. Commencer, comme je n’ai de cesse de le dire, de l’écrire, par le commencement. Avec l’apport des philosophes qui ont pensé la question même de l’éthique. Aristote, Spinoza, Weber, Ricœur, etc. Une philosophie qui ne doit pas être prise comme telle, mais discutée, argumentée. Surtout, explicitée. Capacité à prendre du recul, à réfléchir sur des cas vécus, mais aussi sur des scénarios de possibles, anticipation de situations où pourront être posées des questions liées à l’éthique.

Les Grandes écoles doivent incarner l’éthique. À commencer dans les relations qu’elles entretiennent entre-elles. Tous les coups ne sont pas permis. Dénigrer, propager de fausses rumeurs sur des écoles — plus simplement, autre cadre, ne pas être solidaire des écoles en difficulté — ce n’est pas seulement détruire la valeur de ces écoles, c’est aussi détruire de la valeur d’ensemble et donc détruire la valeur de sa propre école. C’est mettre à jour ce qui n’était qu’une posture. C’est, par le contre-exemple dévastateur, réduire à néant la capacité à transmettre des valeurs aux étudiants.

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Les Grandes écoles doivent, sur le chemin de l’éthique, encore progresser. Résonnance à Érasme : «L’homme ne naît pas homme, il le devient».

Alors les Grandes écoles pourront-elles devenir des centres moteurs d’éthique. Autrement dit, et comme Gianfranco Dioguardi, dans son Dossier Diderot, les définit : de vrais lieux citoyens, capables de créer un milieu adapté aux comportements éthiques et à leur diffusion. Capables d’évoluer en même temps que l’éthique, dans l’éthique.


Loïck Roche
Directeur général de Grenoble École de Management
Président du Chapitre des écoles de management

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