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Barack Obama, Ambassadeur du « Learn to code », par Robert Erra, professeur à l’ESIEA

Le mouvement Learn to code s’est trouvé en la personne de Barack Obama un ambassadeur…
Publié le 22 avril 2013
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Le mouvement Learn to code s’est trouvé en la personne de Barack Obama un ambassadeur extraordinaire. Pendant une interview du président des États-Unis sur une chaîne nationale1, Eric Schmidt, le CEO de Google, propose à Barack Obama de lui faire un faux entretien d’embauche chez Google, et pose la question What is the most efficient way to sort a million 32-bit integers ?2 Cette question est une question de type “entretien d’embauche chez Google”. Obama répond I think the bubble sort would be the wrong way to go2, ce qui est une assez bonne répartie, même s’il ne répond pas vraiment à question.

Pour comprendre le mouvement Learn-To-code, il suffit de regarder le site de l’association Code.Org3 qui annonce clairement la couleur sur sa page web : Every student in every school should have the opportunity to learn to code. Les membres de l’association militent activement pour défendre l’idée que tout le monde peut apprendre à coder (et suggèrent que tout le monde devrait apprendre à coder).

Leur idée est simple : un maximum d’étudiants devraient apprendre à coder pour combler les immenses besoins présents et à venir des entreprises américaines. L’association a réalisé des vidéos et milite auprès des politiques pour développer les formations en informatique, plus précisément pour développer les cours de programmation. Dans leur plus longue vidéo, très bien faite, qui commence avec une phrase : Everybody in this counrty should learn how to program a computer … because it teaches you how to think4, on entend un créateur d’entreprise dire : The programmers of tomorrow are the wizards of the future … having magic powers compared to everybody else5. On y voit plusieurs personnes dirent leur intérêt ou leur passion pour la programmation. Will.I.am (musicien rappeur américain) y explique que nous dépendons tous de la technologie et qu’il apprend à coder, tandis que Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook, explique qu’ils cherchent à embaucher TOUS les ingénieurs talentueux qu’ils peuvent trouver. Il fait ainsi une ellipse, car il parle d’ingénieurs pouvant travailler dans le monde du numérique.

Le monde est numérique ? Oui, c’est une lapalissade que de le dire, le corollaire immédiat c’est que nous avons, et nous aurons besoin, de plus en plus, de développeurs, expérimentés et créatifs. Aujourd’hui on sait déjà que les systèmes éducatifs des pays ne forment pas assez de développeurs.

Le métier de développeur (au sens noble du terme) est réellement en plein boum. Et ceci dans le monde entier. Un nombre élevé de sites vous proposent de vous initier à l’art de la programmation, de manière non payante ou payante6,7. Et en France ? Oh, ça bouge. Ainsi, les CPGE devraient avoir bientôt un programme d’informatique assez conséquent. La France est la 5e puissance économique mondiale mais pour l’économie du numérique elle ne se trouve que 8e (voire, 20e cela dépend du classement choisi). Il nous reste encore une bonne marge de progression. La French Touch des ingénieurs en informatique formés en France est très appréciée à l’étranger (j’avais écrit cette phrase avant la publicité !), notamment aux États-Unis, il nous reste juste peut être à débrider les imaginations, le savoir faire est sans conteste là.

Alors, les développeurs, les rockstars du futur ? Hum ! c’est peut-être un peu excessif, et bien que j’enseigne l’informatique depuis très longtemps, il me semble qu’il faille un peu tempérer cette vague. Oui, nous aurons besoin d’énormément de programmeurs dans les années qui viennent ; oui, nous sommes dans un monde numérique communiquant et ce monde a besoin de développeurs talentueux ; oui, l’idée d’enseigner la programmation au plus grand nombre d’étudiants est une bonne idée, ne serait-ce que pour que ces futurs citoyens comprennent un peu mieux ce qu’on peut faire et ne pas faire avec un ordinateur (et surtout avec un logiciel), qu’ils soient de futurs ingénieurs ou pas. Et enfin, oui, former aujourd’hui des analphabètes du clavier dans quelque discipline que ce soit est probablement une très mauvaise idée pour l’économie d‘un pays ; mais n’oublions pas que le monde n’est pas que numérique et que nous aurons besoin aussi d’ingénieurs et de scientifiques capables d’inventer des produits, avec ou sans logiciel, en sachant ou en sachant pas coder ….

Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément : au même titre qu’il importe que chacun apprenne l’art de bien exprimer sa pensée, il serait bénéfique à tous d’être initiés à l’art de bien programmer …

Robert Erra
Enseignant-chercheur
Ecole supérieure d’informatique, électronique, automatique

[1] Interview sur Youtube
[2] Question de E. Schmidt : Quelle est la façon la plus efficace de trier un million d’entiers 32 bits ?
Réponse de B. Obama : Je pense que le tri à bulles serait une mauvaise façon de procéder
[3] Association Code.org
[4] Tous les gens de ce pays devraient apprendre à programmer un ordinateur… parce cela apprend à penser
[5] Les programmeurs de demain sont les sorciers du futur…. ils ont des pouvoirs magiques comparés aux autres
[6] Team Treehouse
[7] Bloc

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