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Démographie africaine : quelles opportunités pour les business school françaises ?

Depuis plus d’une décennie, l’évolution de la démographie africaine suscite des craintes, somme toute légitimes,…
Publié le 29 novembre 2018
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Depuis plus d’une décennie, l’évolution de la démographie africaine suscite des craintes, somme toute légitimes, auprès des populations dans la plupart des pays du nord. Elle est d’ailleurs devenue un fonds de commerce politique. Pour certains donc, cette évolution démographique en Afrique ferait peser sur l’Europe, et plus particulièrement la France dont le système universitaire est toujours aussi attractif, un risque de Tsunami démographique. Et si l’évolution de la démographie africaine constituait une réelle opportunité pour les écoles de commerce et d’ingénieur ? Au moins deux raisons nous permettent de défendre ce parti que nous prenons dans cette contribution.

 

Le marché existe

Les prévisions démographiques montrent que la taille de la population africaine estimée à un milliard d’habitants doublera très probablement à l’horizon 2040. Corrélativement, la tranche d’âge comprise entre 15 et 25 ans qui représente près de 20% de la population augmentera de plus 50% à l’horizon 2030 pour s’établir 230 millions. Enfin, seulement 7% de la population a accès à l’enseignement supérieur dans les pays africains alors que ce taux est plus de dix fois supérieur dans les pays occidentaux (76%). Par ailleurs, les perspectives économiques du continent le rendent définitivement attractif. Avec un taux de croissance du PIB d’environ 8%, des perspectives à 7,7% à horizon 2019, et une classe moyenne qui se représente 34% de la population active en 2013 et qui très probablement augmentera de plus de 30% en 2030 selon les prévisions, le continent africain est un marché et pourra devenir un levier de création de valeur financière et sociale. En faisant l’hypothèse que les pays africains auront pu améliorer la qualité de leur cadre réglementaire juridique et institutionnel[1], et introduit un peu plus de justice dans la redistribution des richesses, on peut assumer que le marché existera à l’horizon 2030. Et pour être efficace, l’offre de formation proposée devra être adaptée aux principaux enjeux du continent.

 

Mieux comprendre les enjeux du continent pour adapter la stratégie d’implantation et l’offre de formation

Les enjeux sont multiples pour un continent plein de paradoxes. Nous en avons dénombré au moins quatre.

  • Le développement et le financement des infrastructures et l’amélioration des chaines de distribution, un enjeu de taille pour la banque africaine de développement
  • Le développement d’une culture entrepreneuriale qui, contrairement au secteur informel, très volatile, peut contribuer à une croissance et à une inclusion sociale durable, dans ces pays où les états depuis la fin de la décennie 80 sont de moins en moins acteurs et entrepreneurs du développement
  • La transformation numérique du continent et l’apparition des nouveaux acteurs dans les domaines du financement de proximité tel que les banques mobiles
  • La transformation écologique avec une nécessité de construire et de consolider les filières énergétiques vertes.

 

La plupart des écoles de commerce et d’écoles d’ingénieur ont fait le choix de différentes formes d’implantation sur le continent africain allant du partenariat à la création des campus.  A titre d’exemple, Kedge Business School depuis près de dix ans propose à Dakar un diplôme de Bachelor visé par le ministère français de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Malheureusement, sur le continent la plupart d’entre elles ont ceci en commun qu’elles proposent une offre de formation « hors sol », calquée sur les contenus des pays du nord et très peu adaptée aux besoins et défis des économies locales et régionales. En adaptant ainsi leur offre de formation aux besoins du continent, les écoles de commerce et d’ingénieur, comme toutes les organisations pourront y trouver des leviers de croissance et, par la même occasion, assumer efficacement leur mission sociale.

 

[1] Voir : https://www.jeuneafrique.com/489122/economie/classement-doing-business-2018-le-rwanda-confirme-son-role-de-champion-africain/

Anne-Catherine Guitard
Hubert Tchakouté Tchuigoua
Kedge Business School

A propos d’Anne-Catherine Guitard

Anne-Catherine Guitard est Directrice des Opérations et des Relations Internationales de KEDGE BS depuis 2016. A cet titre, elle est amenée à piloter les activités menées sur le campus de Dakar. De 2014 à 2016, elle a occupé le poste de Directrice des Programmes Post-Bac de KEDGE BS aux niveaux Bachelor (+3), IBBA (+4) et Master EBP (+5) représentant un volume de 3500 étudiants en France et à l’étranger. Rejoindre BEM en 2011 a répondu favorablement à sa volonté de relever le défi de la fusion et du lancement de KEDGE BS en tant que Programs Manager des programmes post‐bac Bordelais. Précédemment responsable d’une Ecole de Commerce (ESCEM) de 2009 à 2011, elle justifie également d’une première expérience de plus de 6 ans dans l’enseignement supérieur, au sein de l’Université Toulouse I (IUT de Rodez) à la Direction des études du département QLIO (Quality Logistics and Industrial Operations) de 2003 à 2009. En parallèle, elle a été revieweuse d’articles scientifiques à l’Université Jean-François Champollion entre 2007 et 2009 (Neurosciences Letters 423 (2007) 29-34 «Influence of base of support size on arm pointing performance and associated anticipatory postural adjustments»).Titulaire d’un Master2 en Traduction et Documentation Scientifique Anglais- Espagnol (Renewable Energies and Sustainable Development) elle a également été formée à l’IEQT (Institut Européen de la Qualité Totale) et a occupé le poste de Responsable Qualité aux Achats à Zodiac International à Toulouse de 1999 à 2002. Elle est actuellement membre de l’International Advisory Board d’Aston Business School et membre actif du CBSOA (Club Bordeaux Sud Ouest Afrique) et Vice-Présidente de la commission Jeunes générations du Rotary International.

 

A propos d’Hubert Tchakoute Tchuigoua

Hubert Tchakoute Tchuigoua est Professeur titulaire (senior) de finance d’entreprise et Doyen associé à la recherche à KEDGE Business School (France). Il est Chercheur associé à l’Institut de Recherche en Gestion des Organisations (IRGO) de l’Université de Bordeaux et au Centre européen de recherche en microfinance (CERMi). Diplômé de l’Université Catholique d’Afrique Centrale, il est également titulaire d’un doctorat en sciences de gestion (Université Montesquieu Bordeaux IV) et d’une Habilitation à diriger des recherches (IAE de Paris, Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne).

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