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Le prix ArtScience : un exemple réussi d’initiation à l’innovation

Former leurs élèves à la pratique de l’innovation est désormais une mission primordiale pour les…
Publié le 28 février 2015
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Former leurs élèves à la pratique de l’innovation est désormais une mission primordiale pour les écoles d’ingénieurs. Outre les cours et les stages, se multiplient aujourd’hui des projets d’initiations pragmatiques à l’innovation sous la forme de concours montés en partenariat avec l’industrie. Le prix ArtScience en constitue un exemple intéressant parce qu’il associe diverses écoles et disciplines pour immerger ses candidats dans le monde de la recherche, de l’industrie, du design et de l’art. Télécom-ParisTech, par la médiation de la chaire MODIM (Modélisations des imaginaires. Innovation et création), s’est engagé dans ce projet dès sa création en 2010.

Le prix ArtScience a été fondé à Boston en 2009 et importé à Paris en 2010 par David Edwards au Laboratoire : un espace consacré à l’innovation et à la création, 3 rue du Bouloi. Ce professeur à Harvard a inscrit ce concours dans un réseau international, ArtScience Labs, qui en fédère toutes les éditions à travers le monde : États-Unis, France, Singapour, Irlande, Arabie Saoudite et Afrique du Sud.
Un thème est choisi chaque année : il y eut l’avenir de l’eau, les mondes virtuels, la biologie synthétique et l’énergie du futur ; en 2015, voici la biodiversité.
Par groupe de trois à six élèves ingénieurs et designers, les candidats imaginent et montent un projet défini à l’issue d’une grande séance de brainstorming. Durant six mois, d’octobre à mars, les étudiants se réunissent chaque semaine sous la houlette de leurs tuteurs et conçoivent peu à peu un objet ou un service ; ils en feront la maquette pour la présentation finale de mars devant un jury constitué par les principaux acteurs du prix, les partenaires industriels du concours et des invités extérieurs. Un premier prix distingue le (ou les) groupes qui participeront au grand workshop d’été réunissant à Harvard ou, désormais, à Cambridge (USA) tous les gagnants à travers le monde ; une somme d’argent (8000€) est offerte sous réserve de l’affecter exclusivement au développement du projet ; d’autres prix de valeur moindre récompensent les travaux les plus intéressants et innovants. Outre Télécom ParisTech, Centrale Paris et Strate College, présents dès 2010, d’autres établissements ont rejoint l’aventure, tels l’ENS Cachan et IESA multimédia en 2015.

Le prix ArtScience relève un défi majeur et prégnant, mettre en œuvre une réelle transdisciplinarité entre les sciences dites dures, les sciences humaines, l’art et le design. Cette ambition, assez communément affichée, se réduit trop souvent à un vœu pieux immolé au pied des équations ; trois atouts permettent cependant à notre concours de l’actualiser : la disparité des candidats formés à des méthodes de réflexion différentes, leur jeunesse encore imprégnée de leur formation scolaire généraliste puis, enfin, la spécialité SHS et design des tuteurs.

La méthodologie du prix mène, en effet, à subordonner les compétences scientifiques et techniques à l’aura du rêve, des idéaux, voire même des utopies : une gageure pour des scientifiques ! Le recours à des représentants des sciences dures se fait ponctuellement, en fonction des besoins. Nous avons observé que les lauréats du concours sont toujours d’excellents élèves en culture générale selon le nom donné aux enseignements de philosophie, de sciences humaines et d’esthétique à Télécom ParisTech.
Le travail en groupe parfait l’expérience en obligeant les candidats à la confrontation intellectuelle et personnelle tout en combattant le découragement toujours possible et provoqué par des thématiques étrangères aux exigences purement scolaires. Chaque année, depuis 2010, des groupes comptant des Télécommiens ont été lauréats des prix ArtScience, dont le grand prix, des brevets ont été signés et des start up montées.

Notre concours a connu un changement important à la rentrée 2014 : si David Edwards en conserve la « marque » et accueillera au Laboratoire le jury de la présentation finale le 2 mars 2015, Strate College a repris la conduite du prix sous la responsabilité de son directeur, Dominique Sciamma. Un lauréat de l’édition 2010, Bastien Perdriault, est maintenu dans les difficiles fonctions de coordinateur qu’il assure pour la troisième fois : le prix a besoin d’un Maître Jacques responsable, cette année, de 45 candidats ! Faute de disposer des fantastiques locaux du Laboratoire, le prix a trouvé refuge au CRI*, dans le Marais, avec quelques séances à Télécom ParisTech et à Strate College. Orange demeure le partenaire historique du concours que soutinrent aussi jadis Danone et Disney.
Une victoire reste à remporter : persuader tous les lauréats de poursuivre leur projet une fois obtenues les validations scolaires et les récompenses. Beaucoup retournent à la vie ordinaire sans essayer de fonder la start up que la qualité et l’originalité de leurs réalisations menaient à espérer.

*Centre de Recherches Interdisciplinaires


Brigitte Munier
Enseignant-chercheur et tutrice du prix ArtScience
Télécom-ParisTech

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