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Ouverture sociale des grandes écoles : la CGE présente le Livre blanc des pratiques. Premiers résultats et perspectives…

L’ESSENTIEL EN QUELQUES MOTS Ouverture sociale des grandes écoles ? Égalité des chances dans l’accès…
Publié le 3 janvier 2011
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L’ESSENTIEL EN QUELQUES MOTS
Ouverture sociale des grandes écoles ? Égalité des chances dans l’accès à l’enseignement supérieur et aux formations d’excellence ? On en parle beaucoup, mais de quoi, de qui parlons-nous : de quels objectifs ? de quels publics ? à quelle échéance ?

On peut se réjouir que cette question interpelle tout le monde aujourd’hui, ce qui n’était pas le cas il y a dix ans, quand les premières grandes écoles se sont saisies de cet enjeu sociétal. Il s’agit désormais de construire une vision partagée et un objectif commun pour notre société. Le livre blanc de la Conférence des grandes écoles se propose d’y contribuer, en revenant sur les expériences menées depuis plusieurs années, sur l’analyse qui se dégage de ces milliers de parcours et de rencontres, sur les résultats obtenus à l’aune des objectifs initiaux.

Les grandes écoles ont lancé les premières initiatives d’égalité des chances avec le soutien du ministère de la Ville, seul partenaire à l’époque, à partir d’un constat qui fait aujourd’hui consensus : l’évolution de la population étudiante de l’enseignement supérieur long et sélectif n’a pas suivi celle de la population française dans sa diversité croissante ; la massification légitime de l’école ne mène pas tous les élèves aux mêmes études, agissant comme une lente colonne de distillation sociale. Progressivement à partir de 2002, puis massivement à partir de 2005, les grandes écoles ont lancé des projets en partenariat avec l’Éducation nationale pour « construire leurs diversités », en s’appuyant sur une vision commune à toutes les grandes écoles : il faut partir des jeunes eux-mêmes, les accompagner pour les aider à trouver leur voie et à aller au plus loin de leurs capacités dans cette voie-là, c’est-à-dire les mener à leur propre excellence. Cette démarche collective entraînera mécaniquement une plus grande diversité sociale dans l’ensemble de nos écoles.

Le livre blanc retrace l’aventure de ces huit années d’expérience et de rencontres, témoigne d’un engagement qui n’a cessé de croître, avec de plus en plus d’écoles mobilisées, mettant en oeuvre des dispositifs innovants, nombreux et divers, qui mobilisent un nombre important d’entreprises partenaires. La question de l’égalité des chances est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît, car elle interpelle notre société dans son ensemble, à la fois toute la chaine scolaire, mais bien au-delà de l’école, dans sa relation à la différence culturelle, sociale, territoriale, dans les cloisonnements qui la caractérisent entre l’enseignement secondaire, l’enseignement supérieur et le monde professionnel, dans la place qu’elle donne à l’altérité, dans sa définition étriquée de l’excellence et des critères qui la définissent, dans sa relation au temps, dans la répartition des rôles entre la famille, l’école, l’entreprise, etc…

A question complexe, réponses multiples. Il n’y a pas de solution unique, universelle et immédiate à une telle problématique. Dès lors, les grandes écoles ont fait le choix d’agir sur quatre leviers :

1er levier : «l’amont». Il s’agit d’aller à la rencontre de lycéens et de collégiens de milieux populaires pour augmenter sensiblement le vivier des candidats aux grandes écoles, en expliquant ce que sont les grandes écoles : plus de 200 établissements ouverts à tous, dont les caractéristiques, bien connues des enseignants et des milieux plutôt favorisés, sont aussi particulièrement adaptées aux élèves de milieu modeste : diversité des formations, qualité de l’encadrement, très faible taux d’échec, très bons débouchés professionnels… Avec détermination et volontarisme, les grandes écoles ont progressivement mobilisé des milliers d’étudiants bénévoles dans de grands programmes de tutorat, qui élargissent le champ des possibles et développent l’ambition de jeunes issus de territoires ou de milieux populaires, tout en faisant découvrir aux étudiants des grandes écoles des réalités sociales souvent méconnues jusqu’alors, grâce à ce qui étaient d’improbables rencontres. Les «Cordées de la réussite», qui impliquent désormais près de 130 grandes écoles, sont autant de passerelles entre le collège, le lycée et l’enseignement supérieur, afin d’amener davantage d’élèves vers des études supérieures de leur choix, avec les clés pour y réussir.
Les programmes de tutorat ont fait leurs preuves : ils donnent envie aux lycéens accompagnés d’oser des études longues ou réputées difficiles et de se donner les moyens de les réussir, en les aidant à prendre conscience de leur potentiel, à s’informer des nombreuses possibilités qui s’offrent à eux, à choisir leur orientation, à lever l’autocensure des jeunes et des familles, à aiguiser leur curiosité, à développer leur sens critique, leur culture générale, le sens du travail et de l’effort intellectuels, à connaître les codes de l’enseignement supérieur… Mais avant tout ils apportent l’estime de soi, la confiance en soi et en l’avenir, indispensables pour réussir. Que de résistances à bousculer ! Aujourd’hui les choses avancent, les mentalités évoluent. Les grandes écoles vont «tutorer» cette année sensiblement 10 000 élèves et en toucher près de 100 000 à travers les diverses actions menées.

2ème levier : le recrutement. Il s’agit de permettre aux jeunes qui souhaitent faire une grande école de réussir les concours d’entrée, que ce soit par les classes préparatoires – 46% des étudiants des grandes écoles en sont issus – ou par les autres modes d’admission : admission directe après le bac, admission par voie parallèle… De nouvelles filières ont vu le jour récemment et les modes de recrutement se diversifient : filières technologiques, cursus en apprentissage, passerelles universitaires, attirant dans les écoles des étudiants nouveaux, aux profils plus divers notamment dans leurs origines sociales. Une constante toutefois de toutes ces initiatives : la volonté de travailler sur les causes du problème et, par conséquent, le refus de créer une voie spécifique sur critères sociaux.

3ème levier : l’accompagnement des étudiants, une fois le parcours d’excellence entamé. Pour qu’ils réussissent à aller au bout de leur cursus et à obtenir le diplôme, les grandes écoles, comme certaines CPGE, adaptent leurs pratiques pédagogiques pour prendre en compte la plus grande hétérogénéité des étudiants désormais accueillis. Ces évolutions et ces innovations sont également rendues nécessaires par l’accueil croissant d’étudiants internationaux ces dernières années. Ainsi, les écoles ont mis en place des suivis individuels des étudiants pour prendre en compte la diversité des origines nationales ou internationales, mais aussi la diversité garçons-filles ou encore l’accueil d’étudiants handicapés.

Enfin, 4ème levier : le développement des aides matérielles, pour rendre les grandes écoles accessibles à tous les revenus, en rendant progressivement les concours d’entrée gratuits pour les boursiers, en développant les aides au financement des études (bourses sociales internes, prêts d’honneur ou prêts à taux préférentiel), en multipliant les formations par la voie de l’apprentissage, qui, outre la qualité de la formation proposée, constitue un excellent moyen de financer ses études, en particulier dans les écoles de management… Une voie encore trop méconnue.
Aujourd’hui, les grandes écoles commencent à recueillir le fruit de toutes ces actions, et avec elles, l’ensemble de la société. Aucun chiffre ne peut à lui seul traduire ces évolutions. Mais le faisceau des indicateurs nécessaires pour caractériser les diversités sociales, territoriales, économiques de nos étudiants montre que la dynamique est lancée : nos écoles accueillent de plus en plus de boursiers CROUS, d’enfants d’ouvriers ou d’employés, d’apprentis, de jeunes issus de voies technologiques… autant de preuves d’une diversité sociale croissante.

Au-delà de l’impact direct de ces actions sur les bénéficiaires, tuteurs et tutorés, établissements secondaires et grandes écoles concernés, familles et territoires… c’est une évolution sociétale importante qui se joue actuellement dans ces dispositifs d’égalité des chances. Ils rassemblent des acteurs peu habitués à travailler ensemble, ce qui fait avancer la question des diversités et des excellences dans toute notre société. Les grandes écoles sont fières d’avoir lancé ce mouvement. Conscientes du chemin qui reste à parcourir, elles continueront d’agir pour la réussite du plus grand nombre, dans le cadre des propositions formulées dans ce livre blanc. Bonne lecture !

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