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« Travailler demain : l’emploi a-t-il un avenir ? » La réponse de Geoffroy Roux de Bezieux

L’emploi a un avenir mais ce ne sera plus forcément le même emploi, ni les…
Publié le 29 novembre 2016
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L’emploi a un avenir mais ce ne sera plus forcément le même emploi, ni les mêmes formes d’emploi. Avec l’accélération des cycles et du progrès technologique, les métiers, les professions sont appelés à évoluer, certains vont disparaître, d’autres, dont on ne soupçonne pas l’existence aujourd’hui, vont apparaître. On considère généralement que 30 % des métiers dans 20 ans n’existent pas aujourd’hui.
Parallèlement, d’autres formes de travail sont en train d’émerger au sein des entreprises avec la multiplication des statuts, des horaires discontinus où de plus en plus, à côté du CDI, coexistent différentes modalités d’emploi, comme le CDD, l’intérim, le CDI intérimaire, le contrat de mission, le télétravail mais aussi le portage salarial. Parallèlement, le travail indépendant, sous la forme du statut d’autoentrepreneur, la création d’entreprise, de société, continuent de progresser, surtout chez les jeunes où 50 % des moins de 25 ans ont envie de créer leur société ou leur entreprise.
Le travail devient multiforme à la lisière du salariat qui, à moyen terme, ne sera sans doute plus la norme. Emploi, travail, activité professionnelle … on assiste à un développement de la pluriactivité qui brouille la frontière stricte entre salariat et entrepreneuriat. Ce contexte, propice à des virages, des changements de carrière et/ou à d’authentiques choix de vie, répond au souhait des jeunes générations d’un d’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle.

Cette révolution du marché du travail peut-être une véritable opportunité à condition de relever plusieurs défis. En premier lieu, celui de la formation. L’évolution des modes de production, la numérisation de certaines tâches et la robotisation vont entrainer la transformation, voire la disparition de certaines tâches et métiers et une requalification des compétences.
La formation continue est l’instrument indispensable pour accompagner ces mutations irréversibles. Il est impératif de donner au salarié toutes les possibilités de développer les compétences en lien avec son activité immédiate mais aussi de lui permettre de les enrichir, de les renouveler afin de le préparer aux métiers à venir et de lui donner ainsi la maitrise de son avenir professionnel en lui garantissant son employabilité.
C’est le sens du compte personnel de formation que nous avons mis en place avec les partenaires sociaux dans le cadre de la réforme de la formation professionnelle qui permet au salarié de se former tout au long de sa vie professionnelle. C’est une première étape et nous devrons aller plus loin dans les années qui viennent, mais la démarche de formation, la valorisation des compétences plutôt que des diplômes, la mobilité géographique mais aussi sociale et sociétale, sont des éléments sur lesquels nous devons progresser. C’est une première étape et nous devrons aller plus loin dans les années qui viennent : former et entretenir les compétences dont nos entreprises ont besoin, valoriser les expériences et les parcours plutôt que les seuls diplômes et assurer l’égalité des chances pour tous, sont des solutions pour l’emploi sur lesquelles nous pouvons et devons progresser.

Autre défi à relever : le management. Aujourd’hui, avec le développement de l’économie numérique et l’apparition d’un capitalisme cognitif aussi déterminant que le capitalisme financier, nous sommes à un moment charnière de l’histoire du management. Il est urgent de (re) mettre l’homme au cœur de l’entreprise. Il n’y a pas de performance économique durable sans épanouissement humain. Toutes les études le démontrent : un salarié heureux est trois fois plus créatif et trois plus productif. Un management, fondé sur le dialogue et la pédagogie, est un facteur de bien-être susceptible de réenchanter le travail en lui donnant du sens. « Confiance », « autonomie », « responsabilisation », « coopération », « bien-être » doivent être aujourd’hui les maitre-mots du management. Le fonctionnement pyramidal doit céder la place à l’organisation horizontale, le travail en projet doit être favorisé, les initiatives individuelles valorisées, l’autonomie et la responsabilisation encouragées et les collaborateurs davantage impliqués dans la performance collective de l’entreprise.

Enfin nous ne pourrons éviter de nous atteler à une refonte de notre droit du travail qui ne répond plus aux exigences de souplesse, de réactivité, d’adaptation qu’induit l’économie de la connaissance. La multiplicité des modes de travail et des façons de travailler ne s’accommodent pas des rigidités du droit social obsolète et inadapté qui, en outre, ne correspond plus aux attentes des salariés. Ce nouveau paradigme – la possibilité de passer de la position de salarié à celle d’indépendant – doit aussi nous inciter à réfléchir au financement de notre système de protection sociale afin d’assurer aux générations futures un système de sécurité sociale prenant soin de leur santé et de leur avenir. Le monde change très vite, tout l’enjeu va être pour nous de rebâtir un système qui protège les citoyens et responsabilise, qui accompagne et aide à la prise de risque, un système qui ne soit plus monolithique, basé uniquement sur le salariat, mais multiforme car prenant en compte la multiplicité des statuts. C’est tout l’enjeu des années à venir.

Geoffroy Roux de Bézieux
Vice-président délégué du Médef

 

Geoffroy Roux de Bézieux

Geoffroy Roux de Bézieux a 52 ans et est père de 4 enfants. Il est marié avec Sabine, consultante. Il a mené en parallèle une carrière d’entrepreneur avec plusieurs milliers d’emplois à son actif, une activité citoyenne dans le syndicalisme patronal et un engagement philanthropique.

Président- fondateur d’OMEA TELECOM (VIRGIN MOBILE)
Vice-président délégué du MEDEF, président du pôle Economie (Fiscalité, Innovation , Numérique, Développement Durable).

Carrière : Diplômé de l’ESSEC et d’un DESS à Dauphine, en 1984 il s’engage dans les Forces Spéciales (Commandos Marine) au sein desquelles il intervient en Afrique et au Liban. Il est aujourd’hui Capitaine de Frégate de réserve. Il rejoint ensuite le groupe L’OREAL pendant 10 ans où il exerce de nombreuses fonctions en France et à l’étranger, notamment directeur marketing en Angleterre puis directeur général en Pologne. En 1996, il crée THE PHONE HOUSE la première chaîne de magasins entièrement dédiés à la téléphonie mobile. Un an après, il fait entrer au capital, le groupe anglais CARPHONE WAREHOUSE. En 2000, fort de 100 magasins, il revend THE PHONE HOUSE à ce groupe coté à Londres dont il devient Directeur Général pendant 4 ans pour développer Phone House en Europe.

En 2004, il crée la société OMEA TELECOM qui lance BREIZH MOBILE, le premier opérateur mobile alternatif (MVNO). En 2006, il convainc le groupe VIRGIN d’investir dans ce projet et lance VIRGIN MOBILE. En 2008, OMEA rachète Télé 2 mobile. En 2013, OMEA TELECOM, avec 4 marques et près de 1.7 million de clients, a réalisé environ 500M € de CA et a généré près de 1000 emplois directs ou indirects.

Autres activités : Il est administrateur de Peugeot SA et de Parrot et a été administrateur et ou investisseur dans les sociétés suivantes : IMS, Seloger.com, Micromania, Budget Télécom, Nocibé. Il a créé en 2009 avec d’autres entrepreneurs, ISAI, un fonds d’investissement doté de 70M€ à destination des start-up françaises de l’internet et du mobile.

Engagements bénévoles : Il a été de 2003 à 2008 vice-président puis président de Croissance Plus, l’association des entreprises à forte croissance. Il a été membre du Conseil de France Investissement. Il a été vice-président, puis président de l’Unedic de 2008 à 2012, pour le MEDEF. Depuis juillet 2013, il est vice-président délégué et trésorier du MEDEF. Il a créé Alternative Mobile, association des opérateurs alternatifs qu’il a présidée de 2007 à 2009. Il est vice-président de la Fédération Française des Télécoms. Enfin, il a créé avec son épouse une fondation caritative, la Fondation ARAOK (« en avant » en breton), sous l’égide de la Fondation de France qui soutient financièrement des associations humanitaires.

Publications : Il est l’auteur de « Salauds de Patrons ? » (Hachette) et de « Pour sortir de la crise, le capitalisme » (Editions du Moment).

A propos du MEDEF (Mouvement des entreprises de France)

Premier réseau d’entrepreneurs de France, avec 750 000 entreprises adhérentes dont 90% de PME de moins de 50 salariés, le MEDEF défend et promeut les entreprises de toutes tailles et de tous secteurs d’activité. C’est aussi et surtout :

– Un interlocuteur privilégié des décideurs et des pouvoirs publics : en toute transparence, le MEDEF mène une action permanente de lobbying auprès de l’ensemble des décideurs aux niveaux local, régional, national et européen, afin de faire valoir le point de vue de l’entreprise.
– Un partenaire essentiel du dialogue social : habilité par la loi pour négocier au nom de toutes les entreprises avec les partenaires sociaux, le MEDEF conduit toutes les grandes négociations interprofessionnelles. Il œuvre notamment pour un marché de l’emploi performant et une protection sociale moderne et efficace.
– Un porte-parole des entreprises : plus de 20 000 mandataires portent et défendent les propositions des entrepreneurs dans toutes les instances paritaires économiques et sociales, à tous les niveaux.
– Un acteur déterminé du changement : le MEDEF dialogue avec tous les acteurs de la société civile. Il lance de nombreuses initiatives concrètes avec ses partenaires pour amplifier la relation Ecole-Entreprise.

http://www.medef.com/medef-tv.html

 

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