« Après bientôt un an sur place, cette mission continue d’être extrêmement instructive et formatrice »
Diplômé de Sciences Po Lille en 2022, Hugo Boulier a déjà une belle expérience internationale à son actif ! Aujourd’hui volontaire de solidarité internationale à Oujda, au Maroc, il met ses compétences au service de la coopération décentralisée, dans le cadre des actions menées par la Ville de Lille. Dans cet entretien, il revient sur les enjeux de sa mission et les raisons qui l’ont motivé à s’engager dans une mission de solidarité internationale.
Diplômé d’un Master d’affaires publiques dans la spécialité « Métiers de l’action publique » à Sciences Po Lille, Hugo Boullier s’oriente très vite vers un parcours international et termine son Master par un stage au sein de la chancellerie de l’ambassade de France aux États-Unis. Il complète ce diplôme avec un Master en Relations Internationales et Action à l’Étranger, et enrichit son expérience en poste diplomatique en poursuivant au Quai d’Orsay avec une alternance en tant qu’apprenti-rédacteur à la direction Afrique du Nord/Moyen-Orient. Il suit ensuite le programme d’apprentissage de l’arabe et du dialecte égyptien du Département d’Enseignement de l’Arabe Contemporain (DEAC) au Caire avant de postuler en avril 2024 à un volontariat de solidarité internationale (VSI) à Oujda.
Pourquoi avoir choisi de devenir volontaire de solidarité internationale ?
Ce cadre d’expérience de volontariat permet de vivre une expérience professionnalisante sur une période relativement longue à l’étranger dans des collectivités, associations, organisations et secteurs qui nécessitent d’ordinaire des statuts particuliers et plus engageants. Il permet de se consacrer à des missions porteuses de sens sur le terrain et auprès de communautés locales engagées.
Ce VSI répondait chez moi à une recherche d’opérationnalité et d’engagement sur le terrain en gestion de projet. Après des premières expériences de stage et d’alternance dans l’administration de l’État, s’engager au service de la coopération décentralisée d’une collectivité aussi volontariste que la Ville de Lille me permettait de découvrir le fonctionnement de cette belle collectivité. Cette expérience contribue en somme à préciser et orienter ma professionnalisation post-études.
En quoi consiste votre mission ?
Je suis chargé de coopération de la Ville de Lille à Oujda, soit un correspondant technique et facilitateur auprès de la Commune d’Oujda - à laquelle la Ville de Lille est jumelée depuis vingt ans - et auprès des organisations de la société civile oujdie qui souhaitent monter ou poursuivre des projets avec des organisations lilloises.
Outre les nombreux et riches projets socioculturels et de soutien à la mobilité des jeunes, la majeure partie de mon temps de mission est consacrée au lancement du projet de coopération décentralisée sur lequel la ville de Lille travaille avec la Commune d’Oujda. Ce projet triennal environnemental s’appelle « Mostakbalouna (notre avenir) : Lille-Oujda pour le climat et l’énergie durable ». Il s’appuie sur le dispositif FICOL de l’Agence française de développement (AFD) et un investissement important de l’Agence de développement de l’Oriental (ADO) marocaine. En bref, ce projet se focalise sur la structuration de la stratégie d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques de la Commune d’Oujda, son essaimage dans les sept autres chefs-lieux de la région de l’Oriental et la formation des agents de la Commune aux enjeux et techniques idoines. Il prévoit également la réhabilitation de l'ancienne Direction des Chemins de Fer militaires, destinée à devenir le « Centre des Transitions Durables » de la Commune, future infrastructure de formation et sensibilisation des publics aux enjeux et solutions climatiques. Il rassemble enfin autour de cette stratégie communale, de ces formations de capitalisation et cette réhabilitation bâtimentaire et thermique de nombreux acteurs universitaires et de la société civile lillo-oujdis. Gardez un œil sur ce projet dans ces trois prochaines années !
Mobilisez-vous des acquis de Sciences Po pendant cette mission ? Quels avantages en retirez-vous ?
Bien que les compétences se développent surtout en exercice, ma formation à Sciences Po Lille fut assurément riche en acquisitions théoriques et pratiques. Les trois premières années généralistes contribuent à ancrer chez les étudiants une méthode d’analyse multiscalaire et pluridisciplinaire précieuse. Ma spécialisation en master en droit public, puis à Paris 1 en relations internationales ont affermi ces connaissances et méthodes en les tournant vers des exercices de recherche, de synthèse et d’élaboration de solutions, beaucoup plus proches des pratiques qui m’ont été et me sont toujours demandées professionnellement.
Quelles sont vos attentes par rapport à la mission, aussi bien professionnelles que personnelles ?
Après bientôt un an sur place, cette mission continue d’être extrêmement instructive et formatrice. J’espère encore développer mes capacités et compétences de travail dans le montage et la gestion de ce projet. J’ai hâte de travailler au déploiement de ses premières actions, tant dans leur planification que dans leur animation et leur suivi. Je souhaite encore parfaire ma coordination des nombreux acteurs qui collaborent à sa bonne réalisation dans des champs très variés.
Comment cette mission de volontariat de solidarité internationale peut-elle influencer votre parcours professionnel ? Avez-vous déjà des idées pour l'après ?
Cette mission de volontariat mobilise chez moi un niveau de polyvalence, d’initiative et d’autonomie très important. Je suis ravi qu’elle me permette de développer mes compétences en gestion de projets et je souhaiterais par la suite poursuivre dans ce format de travail. L’administration de l’État, les collectivités territoriales, l’Agence française de développement et les ONG offrent des opportunités professionnelles qui pourraient me permettre de poursuivre dans ce secteur. Je serais bien sûr très intéressé de travailler dans des domaines de spécialisation autres que les questions environnementales d’énergie et de sensibilisation sur lesquelles je suis mobilisé actuellement.
Quels soft skills pensez-vous être en train de développer ?
Je pense avoir développé et consolidé ma capacité d’adaptation, de travail en équipe (avec mes interlocuteurs marocains et à distance avec mes collègues en France), mais aussi un positionnement de conciliation nécessairement équilibré pour conjuguer les méthodes et pratiques parfois très différentes des parties avec lesquelles je collabore.