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CPGE : Combattons collectivement le déterminisme dissimulé derrière ce format d’excellence !

Publié le 29 février 2024
CPGE : Combattons collectivement le déterminisme dissimulé derrière ce format d’excellence !
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Les CPGE en débat

Par Sébastien Tran, directeur général Audencia

C’est un constat qui était avéré depuis quelques années et qui inquiétait le monde des grandes écoles : le nombre d’inscrits en classe préparatoire était à la baisse. Il suffisait de se reporter sur les chiffres de 2022-2023 pour comprendre que le mal était profond : -3,2% sur la filière Scientifique, -2,9% sur la filière économique et il n’y avait que la filière littéraire pour laisser entrevoir un léger espoir dans cette dynamique bien morose (+0,2%). La tendance était donc à l’inquiétude dans toutes les grandes Ecoles et il nous était difficile de voir le bout du tunnel, notamment avec de surcroit des prévisions démographiques moroses.

Il aura fallu une campagne massive de l’ensemble des acteurs de la filière porté par les grandes écoles pour que le mouvement commence enfin à s’inverser avec une première tendance : +5,1% des effectifs en 1ère année de prépa ECG pour la rentrée 2023. Les prépas seraient-elles devenues à nouveau séduisantes aux yeux des étudiants ?

Miroir aux alouettes ou vraie tendance de fond ?

Difficile de signer pour un bilan si positif sur la base d’une seule année pour autant la nature même des classes préparatoires semble avoir retrouvé sa place, à savoir ce fabuleux ascenseur social qui a permis à tant de talents d’émerger. Car, ne l’oublions pas, le modèle de la Classe Préparatoire aux Grandes Ecoles reste aux yeux du marché comme de la société, cette formation d’excellence permettant une vraie ouverture sociale. Difficile pour autant de nier que ce modèle est soumis à un certain déterminisme social donnant encore lieu à de l’auto-censure. Car même si les Ecoles, à l’image d’Audencia que je représente, font aujourd’hui le nécessaire pour accueillir en leurs rangs les meilleurs candidats de tous horizons au travers de programmes de bourses, de programmes d’ouvertures ou de nouveaux formats laissant la place à chacun de s’exprimer, l’assimilation faite, dans certains esprits, que ces classes préparatoires sont avant tout des classes élitistes où seuls les plus riches et les plus favorisés ont l’opportunité de s’exprimer, bride naturellement certaines candidatures, certains profils parfois bien plus méritants. Un processus qui se répercute à bien plus grande échelle puisque ce sont ces mêmes diplômés issus de ces mêmes Grandes écoles qui intègrent les plus grandes entreprises et constituent ce qu’on qualifie dans certains milieux comme l’« élite » de la nation. Pourtant cette élite n’aurait-elle pas intérêt à multiplier les synergies avec d’autres profils pour enrichir ses points de vue et la qualité de ses conclusions et de ses productions. C’est en cette raison que ce travail de fond doit se poursuivre pour le bien de nos sociétés, de nos entreprises et plus largement de notre capacité d’innovation pour le bien commun.

Les CPGE : de solides fondamentaux pour des trajectoires professionnelles de plus en plus variées et changeantes

Car au-delà des points évoqués plus haut, ce qu’on oublie aussi souvent de dire c’est que ces classes préparatoires sont avant tout des formations qui dotent nos étudiants de solides fondamentaux. Géopolitique, culture générale, histoire, mathématiques, langues vivantes… c’est ce socle commun qui est aujourd’hui partagé et enseigné au sein de ces modèles où l’apprentissage passe par des méthodes parfois critiquées pour leur caractère jugé parfois en décalage avec les attentes des jeunes. Or ce socle de fondamentaux est aujourd’hui d’autant plus important dans la constitution intellectuelle de nos étudiants qu’ils vont très vite être amenés à changer de plus en plus souvent d’emplois et mettre régulièrement en pratique de l’upskilling du fait de l’impact des innovations et de la transition écologique et sociétale sur l’ensemble de nos modèles. Partant de ce constat évident, plus les fondamentaux sont solides, plus la capacité d’apprendre à apprendre de nos étudiants est développée. Il en va donc de la responsabilité de l’ensemble de nos établissements mais plus largement de l’ambition à la française de soutenir le développement et l’épanouissement du modèle CPGE. Sans lui, c’est ni plus ni moins que la place de l’innovation française à l’échelle planétaire qui serait remise en jeu. Il est donc de notre responsabilité à chacune et chacun d’entre nous de s’engager dans la défense de ce modèle pour le bien commun !

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