Par Amel Hammouda, Directrice générale d'Article 1
Appel aux Grandes Écoles de commerce et de management : l’ouverture sociale doit être votre priorité !
En 2025, le Groupe Ouverture Sociale de la Conférence des Grandes Écoles fête ses 20 ans…tout comme Article 1. Nous mesurons le chemin parcouru, ensemble, et avons conscience de celui qu’il reste à mener, pour faire advenir une société de l’égalité des chances. Cette transformation ne se fera qu’avec votre concours, tant que vous façonnez les nouvelles générations, et donc notre avenir commun. De surcroît, dans un monde où une grande partie des futurs décideurs économiques, associatifs et politiques suivent les mêmes cursus, notamment au sein d’écoles de commerce, la responsabilité que vous portez est immense.
C’est dans cette perspective que nous avons publié, le 6 décembre 2024, le premier Baromètre de l’Ouverture sociale des Grandes Écoles de commerce et de management, en partenariat avec Challenges. Notre objectif était alors de mettre en lumière cet enjeu trop souvent oublié des classements, qui témoigne pourtant du rôle sociétal que vous jouez. Il en ressort que nous pouvons et devons aller encore plus loin, particulièrement lorsque l’on sait que les grandes écoles de commerce et de management n’ont accueilli en 2023 que 16% d’étudiants boursiers, contre 37% au niveau national. Pour cela, vous pouvez vous engager sur plusieurs fronts.
Tout d’abord, les frais de scolarité demeurent un réel frein à la poursuite d’études dans les filières onéreuses, et d’excellence, que sont les grandes écoles de commerce, pour de nombreux jeunes issus de milieux populaires. Afin de lutter contre l’autocensure, il est essentiel que vous leviez cet obstacle en proposant, par exemple, un modèle qui adapterait le coût selon les revenus du foyer fiscal de référence de l’étudiant. Par ailleurs, l’équité aux concours doit être de mise et il est temps de prendre en compte le fait que tous les étudiants ne partent pas depuis la même ligne de départ. Ils ne grandissent pas dans le même cadre, ne bénéficient pas tous du même capital social ou culturel et du même accompagnement personnel tout au long de leur scolarité. Instituer le bonus au mérite serait, d’une part, juste d’un point de vue philosophique, et d’autre part, nécessaire si nous souhaitons réellement ouvrir socialement nos grandes écoles. Enfin, il vous faut aussi élargir le vivier des talents susceptibles d’intégrer vos établissements. Cela fut notamment recommandé par le rapport “Diversité sociale et territoriale dans l’enseignement supérieur” piloté en 2020 par Martin Hirsch, qui prenait alors pour exemple le concours de l’École normale supérieure dédié aux étudiants hors prépa. De votre côté, à l’instar de Sciences Po Paris qui l’a annoncé récemment, vous pourriez créer des filières d’accès dédiées aux élèves issus de l’enseignement professionnel. Ces différentes propositions sont concrètes, applicables et contribueraient à changer la vie des jeunes issus de milieux populaires souhaitant intégrer une grande école de commerce ou de management.
En somme, il nous faudra agir à tous les niveaux, pour tendre vers une évolution structurelle de notre enseignement supérieur en faveur d’une égalité réelle entre les jeunes de France. C’est cet esprit qui doit guider notre action pour les prochaines années. Nous comptons sur vous, comme vous pouvez compter sur nous !
Présentation Article 1 :
Article 1 œuvre pour une société où l’orientation, la réussite dans les études et l’insertion professionnelle ne dépendent pas des origines sociales, économiques et culturelles.
L’association accompagne les lycéens et étudiants, de 16 à 25 ans, issus de milieux populaires à travers des programmes en présentiel et des plateformes digitales gratuites (Inspire-orientation.org, Dema1n.org, Jobready.fr).
Reconnue d’intérêt général et agréée par l’Éducation nationale, Article 1 fédère entreprises, établissements scolaires, institutions et bénévoles. En 2023–2024, elle a accompagné plus de 151 000 jeunes, dont plus de 100 000 issus de milieux populaires, et formé plus de 33 000 binômes de mentorat.
Depuis 20 ans, Article 1 s’engage en faveur de l’égalité des chances pour que chaque jeune puisse prendre le pouvoir sur son avenir.
