Par Thomas Lagathu, directeur de SESAME
Parcoursup propose en 2025 une offre diversifiée avec environ 25 000 formations post-bac, réparties en trois grandes catégories : non sélectives, sélectives et en apprentissage. Les formations non sélectives incluent les licences universitaires (sciences, lettres, droit, gestion, etc) et on y trouve également le PASS et les LAS, conçus pour les études médicales. Bien que ces formations soient ouvertes théoriquement à tous les candidats, les capacités d’accueil sont en réalité parfois, voire pour certains cursus souvent, réduites et peuvent en limiter l’accès.
Les formations ouvertement sélectives regroupent des cursus variés comme les BTS et les BUT, mais aussi les CPGE pour se préparer à intégrer des écoles d’ingénieurs ou de commerce après deux années d’études intensives. S’ajoutent à cela les écoles spécialisées, ainsi que les programmes post-bac des grandes écoles comme les écoles d’ingénieurs, de commerce et de management ou les instituts d’études politiques.
Enfin, les formations en apprentissage constituent une autre possibilité, avec 12 000 cursus mêlant études et expérience professionnelle à travers un contrat d’apprentissage.
Dans son ensemble, l’offre Parcoursup couvre presque tous les domaines d’études possibles en France. Elle s’adresse aussi bien aux lycéens qu’aux étudiants en réorientation. La plateforme propose également des informations détaillées sur chaque cursus pour guider les candidats dans leur choix.
La particularité des formations initiales disponibles sur Parcoursup est que toutes bénéficient d’une reconnaissance de l’État, car leur présence sur cette plateforme est issue pour beaucoup de l’héritage de feu APB, mais pour d’autres, et notamment les grandes écoles, de l’application de la loi ORE de 2018. En conformité avec la loi, les programmes post-bac des grandes écoles dont les diplômes sont visés/gradés doivent utiliser Parcoursup pour leurs admissions.
Ainsi, la plateforme permet une sélection plus transparente des candidats en tenant compte des "attendus" spécifiques à chaque formation. Parcoursup permet de gérer efficacement le processus d'inscription, depuis la formulation des vœux jusqu'à l'admission, en passant par la constitution des dossiers de candidature.
Cette obligation assure une procédure équitable pour l'accès aux grandes écoles, tout en offrant aux candidats une vue d'ensemble des options disponibles dans l'enseignement supérieur. C’est à la fois un avantage pour les formations de pouvoir être présente sur une plateforme touchant l’ensemble d’une tranche d’âge de lycéens, mais c’est également un inconvénient de se retrouver noyer dans un océan de milliers formations tout aussi conformes qu’elles.
Mais un autre problème se superpose à cet ensemble de formations présents sur Parcoursup parmi les lesquelles tout candidat doit déjà s’y retrouver et y effectuer un tri malgré un accompagnement dégradé de la part de l’éducation nationale, à savoir tout ce qui est hors Parcoursup.
Tout d’abord, en concurrence frontale des grandes écoles françaises proposant souvent des formations payantes, les formations qualitatives proposées par des établissements de qualité, publics et privés, en Europe comme à l’international, sont une première menace sérieuse. Des pays, comme le Canada, n’hésitent plus à proposer des salons propres à leurs formations nationales en France, y compris en province, quand des pays francophones voisins continuent d’attirer de nombreux lycéens déçus de leurs résultats Parcoursup.
Ensuite, il y a les milliers de formations françaises non présentes sur Parcoursup et par définition non cadrées. Certes, ces formations sont souvent simplement revêtues d’une simple certification RNCP et répondent assurément pour partie à des besoins du marché de l'emploi. Mais en aucun cas elles n’octroient une distinction académique attribuée à un diplôme, garantissant un niveau d’excellence académique et une reconnaissance dans l’enseignement supérieur en France comme à l’international.
Pour autant, ces formations hors Parcoursup occupent pour partie un terrain délaissé, à savoir celui des centaines de milliers de bacheliers de la formation professionnelle, et dans une moindre mesure de la formation technologique, qui ne sont ni adaptés, ni destinés à l’enseignement en université et dont les accès en BTS ou IUT sont limités. En dépit de cela, par des stratégies marketing peu recommandables, plusieurs de ces formations détournent certains candidats aux grandes écoles, voire les « désorientent ».
En effet, profitant du terrain de l’orientation postbac qui ressemble parfois au Far West, elles s’imprègnent de codes de l’enseignement supérieur et les détournent, jouant avec les mots, les intitulés de diplômes, les labels. L’ étude sur l’orientation postbac que vient de publier la Fesic à cet égard montre que l’orientation devrait s’anticiper et se poursuivre tout au long de la Terminale, le fait d’avoir formulé ses vœux sur Parcoursup ne signifiant pas que la réflexion est aboutie. Les élèves se renseignent en premier lieu sur les sites internet des formations postbac, mais ils sont aussi très nombreux à participer aux salons d'orientation (organisés par L'Etudiant, Studyrama, certaines collectivités locales, des forums lycées au sein des établissements...). Malheureusement encore trop souvent les organisateurs alimentent la confusion en acceptant, pour des raisons pécuniaires tout à fait légitimes en général, mais aussi parfois par ignorance, d’avoir sans distinction et dans les mêmes conditions des formations qui proposent des formations académiques exigeantes et de qualité avec des formations uniquement professionnalisantes. La confusion est d’autant plus prégnante que certains établissements, ou groupes d’écoles, proposent occasionnellement les deux types formations, certaines dans Parcoursup en voie initiale, parfois en voie apprentissage, et voire exceptionnellement hors Parcoursup.
Pour couronner le tout, la même étude de la Fesic fait ressortir que les conseillers d’orientation sont rarement consultés, et jamais de manière prioritaire, quand les professeurs, à de rares exceptions près, maintiennent ne pas avoir de rôle de conseil en la matière. Les parents ont à cet égard un rôle bien plus importants, quoi que de manière hétéroclite en fonction notamment du milieu social du lycéen.
Il ressort que Parcoursup se révèle être un outil d’information complet et utile pour parfaire la compréhension et la connaissance des différents établissements et types d’enseignements proposés. Ce sera d’autant plus utile cette année que va être mise en place une carte d’identité permettant d’identifier les informations essentielles de chaque formation présentant de manière visuelle et transversale les informations clés (statut public, privé sous contrat ou sans contrat ; caractère sélectif ou non ; nombre de places disponibles ; détention ou non d’un label MESR ; éligibilité aux bourses ; frais de scolarité). De plus, la rubrique « Visualiser les chiffres d’accès à la formation » proposera de nouvelles données, permettant aux lycéens d'examiner, selon le type de baccalauréat (général, technologique, professionnel), le profil des candidats ayant reçu des propositions et intégré la formation au cours des trois dernières années. Les lycéens de toutes les filières pourront également indiquer leur choix de spécialités ou de série ainsi que leur moyenne générale en Terminale, afin de découvrir dans quelle mesure leur profil correspond aux critères d’admission d’une formation donnée. Toutes ces évolutions vont dans le sens d’une plus grande transparence pour apporter aux candidats les clés d’un choix de formations éclairé. Avec le bémol cependant de la grille de lecture nécessaire à la bonne compréhension des éléments communiqués. Pour les bons élèves ça ne pose pas de problème car ils savent, tout comme leurs parents, qu’ils trouveront une formation au sein de leurs premiers choix. Mais pour ceux au niveau moyen, leur objectif est de ne pas laisser de place à l’aléatoire sur Parcoursup, quitte à prendre les devants et à se diriger vers des formations hors-Parcoursup dont le discours séduit.
En conclusion, Parcoursup s’impose comme un outil central et structurant pour l’orientation post-bac en France, offrant une diversité de formations et des fonctionnalités améliorées pour guider les candidats dans leurs choix. Toutefois, malgré ses évolutions, la plateforme ne suffit pas à répondre à tous les besoins des lycéens, notamment ceux issus des filières technologiques et professionnelles, souvent confrontés à des limites dans les capacités d’accueil des formations adaptées.
Par ailleurs, la coexistence de formations présentes sur Parcoursup et hors-Parcoursup, avec des stratégies parfois ambiguës, accentue la complexité du paysage éducatif. Cette dualité crée un défi pour les candidats, souvent mal accompagnés dans leur démarche d’orientation, et pour leurs familles, qui jouent un rôle clé mais inégal selon les contextes sociaux.
Face à ces enjeux, il est essentiel de renforcer l’accompagnement des élèves, d’améliorer la lisibilité de l’offre éducative et de promouvoir une information plus claire et accessible sur l’ensemble des parcours possibles. Ainsi, Parcoursup, en tant qu’outil incontournable, pourra réellement remplir sa mission de transparence et d’équité tout en limitant les risques de désorientation.
Présentation de Concours SESAME :
Référence des concours postbac d'entrée en écoles de commerce et de management international, Concours SESAME rassemble 19 programmes visés et/ou gradés (9 en 4 ans, 10 en 5 ans) issus de 16 grandes écoles de commerce et de management international, toutes membres de la Conférence des grandes écoles (SKEMA, Excelia, ESSEC, emlyon, NEOMA, EM Normandie, GEM, KEDGE, SCBS, EBS, EDC, EMLV, EM Strasbourg, ESCE, IPAG, PSB). Depuis sa création en 1992, plus de 180 000 candidats ont candidaté à SESAME en France comme à l’international.
