Par Gérald Majou de la Débutrie, référent expert DD&RS de la CGE :
Les 22 et 23 janvier derniers l’ENSAM organisait son séminaire pédagogique national annuel à Metz afin de rassembler sa communauté d’enseignants, mais aussi d’ingénieurs pédagogiques, de directeurs de centres autour des évolutions des cursus des formations dispensées dans la dizaine de centre nationaux (et au Maroc). Ces évolutions, fortement rythmées et cadrées par les vagues d’habilitation organisées par la Commission du titre d’ingénieur (CTI) et les orientations politiques du MESR tutelle de de cette Grande école, concernaient notamment la mise en place de l’approche par les compétences (APC), la place de l’IA et l’intégration de la TEDS (transition écologique pour un développement soutenable).
J’ai eu la chance d’être invité à ce séminaire, j’en remercie Nadège Troussier, Directrice générale adjointe, Laurent Champaney, Directeur général, et Stéphane Fontaine directeur du centre de Metz. Les participants étaient là sur la base du volontariat, plus de 200 personnes soit la moitié de la communauté ciblée, en augmentation nette relativement à la précédente édition. Le public était à l’écoute, participait activement aux ateliers, l’ambiance était chaleureuse et détendue, la parole libre. D’excellentes conditions pour travailler collectivement car, en parallèle de tous les objectifs fixés par le cadre de la CTI, il s’agit bien ici de créer une identité pédagogique partagée entre tous les centres et des collectifs d’enseignants qui vont faire évoluer les maquettes pédagogiques. Des collectifs qui vont, dans un futur assez proche, co-construire (interdisciplinarité) des programmes de formation permettant d’acquérir les compétences ciblées.
Un nouvel ingénieur Arts et Métiers va-t-il naître dans quelques années ? le chemin semble tracé par la direction de l’école en tous les cas. Cet ingénieur n’oubliera pas d’où il vient, ce sera toujours l’ingénieur pragmatique au plus proche des techniques, des activités de production et des hommes et des femmes mais avec un nouveau « mindset » lui permettant de mobiliser de façon critique, éthique, créative et régénérative les excellentes compétences techniques pour lesquelles il est apprécié dans l’industrie.
Sur l’approche par les compétences en général dans les grandes écoles : un chantier transformant qui bouscule les pratiques pédagogiques.
Il s’agit de passer d’une logique additive (de disciplines) pour constituer un corpus de connaissance et de compétences techniques (par projet) valant diplôme à une logique centrée sur les compétences dans lesquelles les compétences techniques et les connaissances sont autant de ressources mobilisées pour l’acquisition de macro-compétences qui seront la marque de fabrique du professionnel formé. Un point de vigilance : la compétence ne doit pas se résumer à une acception uniquement centrée sur les besoins de l’entreprise car l’alignement entre les valeurs personnelles et professionnelles et la capacité à vivre des expériences professionnelles variées sont des attentes légitimes et fortes de la jeunesse.
Sur la TEDS en général dans les grandes écoles : profiter du déploiement de l’APC pour intégrer les enjeux de TEDS est le moment idéal car les enjeux TEDS se traduisent, par nature, en termes de compétences transversales aux disciplines classiques auxquelles il faut ajouter certaines connaissances peu enseignées jusqu’alors (biodiversité, philosophie des techniques…)