Dans le cadre de la rubrique GrandAngle de la troisième édition de CGE360, deux étudiants Sportifs de Haut Niveau ont accepté de répondre aux questions de la CGE. Si l’entrée dans l’enseignement supérieur est souvent un moment de rupture de la pratique physique et sportive, découvrez quels accompagnements a mis en place leur établissement pour leur permettre de performer dans leur discipline ainsi que dans leurs études :
Baptiste Fourmont :
Le sport étant obligatoire à l’INSA j'ai saisi l'occasion de rejoindre l'association sportive dirigée par Virginie Baraud, enseignante en EPS. Durant ma première année, nous avions un programme d'entraînement comprenant trois séances par semaine, exploitant les installations telles que la piste d'athlétisme du campus et les parcs environnants comme la tête d'or et la feyssine. L'école investissant beaucoup dans le domaine sportif, nous avons eu l'opportunité de participer à divers championnats universitaires, où j'ai pu réaliser mes premières performances et développer ma passion pour cette activité. En deuxième année, j'ai bénéficié d'un statut particulier me permettant d'accéder à des installations spéciales, notamment une salle de sport, ainsi que des priorités pour l'accès aux selfs et pour manquer certaines cours pour des compétitions ou stages d'entraînement. Cela m'a permis d'intensifier mes séances d'entraînement tout en gérant efficacement la charge de travail académique conséquente exigée par l'INSA. Ce n'est qu'à partir de ma troisième année, lorsque j'ai rejoint la section sportive de haut niveau de mon école, que j'ai pu bénéficier du soutien exceptionnel offert de l’école pour les athlètes souhaitant concilier un double projet sportif et scolaire. Ce soutien se matérialise à travers des installations sportives de qualité (salle de musculation, piste d'athlétisme, etc.), une équipe dédiée (préparateur mental, ostéopathe, etc.), des ajustements d'emploi du temps et une communication étroite entre les sportifs et les acteurs de la section pour adapter l'accompagnement à chaque sportif. Pour ma part, j'ai achevé mon cursus en 6,5 ans au lieu des 5 ans habituels.
Créé en 1957 par le philosophe Gaston Berger et le recteur Jean Capelle, l’INSA Lyon est le plus ancien et le plus important des six établissements du Groupe INSA.
L’ingénieur INSA sait conduire sa carrière dans une logique de grande adaptabilité, d’approche pionnière des sciences et technologies et de véritable responsabilité sociétale.
Une marque de fabrique qui porte aujourd’hui encore l’empreinte de ses deux fondateurs. On leur doit l’engagement humaniste de l’INSA et son modèle ouvert à toutes les différences, d’origine, de culture et de milieu social.
Aline Friess :
J'ai toujours exprimé avec conviction ma volonté de poursuivre mes études en parallèle de ma carrière sportive, car pour moi, l'équilibre était essentiel. Même lors des périodes de blessures ou d'indisponibilité pour la pratique sportive, il était primordial pour moi de pouvoir m'investir dans autre chose. L'EM Lyon m'a offert une grande flexibilité dans la gestion de mes études. Je peux travailler à mon rythme, selon mes disponibilités, car tous mes cours sont dispensés en visioconférence et sont accessibles à tout moment sur demande. Bien que des délais soient fixés pour les devoirs, si une période est particulièrement intense sur le plan sportif, j'ai la liberté de ne pas m'inscrire à un cours et de reporter mes obligations académiques à plus tard. Je mesure la chance que j'ai de pouvoir organiser mes études selon mes besoins, sans que cela n'impacte mes performances sportives. Cela me permet de concilier au mieux mes ambitions académiques et sportives, en toute harmonie.
Fondée en 1872 par la CCI de Lyon, emlyon business school est un établissement privé d'enseignement supérieur reconnu par l'Etat. Elle est l'une des plus anciennes écoles de commerce en Europe. L'Ecole fait partie du 1% des business schools mondiales labellisées par les trois accréditations internationales : AACSB, EQUIS et AMBA. À ce titre, elle justifie sa place en tant qu'école de commerce et de management de rang mondial.
Aline Friess et Baptiste Fourmont sont également revenus sur leur parcours personnel et sportif respectif. Dans cet entretien croisé, découvrez les doutes, les succès et les attentes d'une étudiante et d'un étudiant de Grande école également sportifs de haut niveau.
CGE : Parlez-nous de votre parcours sportif jusqu'à présent. Quelles ont été vos plus grandes réalisations et quels défis avez-vous rencontrés en chemin ?
Aline Friess :
Lorsque j'avais six ans, j'ai débuté la pratique de la gymnastique artistique au club d'Obernai en Alsace. Mon parcours sportif m'a ensuite menée vers le sport-études à Schiltigheim, où j'ai bénéficié d'un programme intensif comprenant 20 heures d'entraînement par semaine pendant une année. En 2015, j'ai franchi une nouvelle étape en intégrant le pôle France de Saint-Étienne, où j'ai augmenté mon volume d'entraînement à 30 heures par semaine. Depuis juillet dernier, j'ai eu l'opportunité de poursuivre ma formation à l'INSEP à Paris, où je me consacre pleinement à mes entraînements et à l'amélioration de ma technique. Mon engagement m'a permis de participer à de prestigieuses compétitions telles que les championnats d'Europe Junior et Sénior, les championnats du monde, les jeux européens ainsi que les Jeux Olympiques. Chaque étape de ce voyage a façonné mon parcours sportif et renforcé ma détermination à atteindre l'excellence dans la gymnastique. Ma plus grande réalisation, sans aucun doute, a été de participer aux Jeux Olympiques d'été de Tokyo 2020. Ce moment a représenté le point culminant de mon parcours sportif, où j'ai eu l'immense honneur de représenter mon pays au plus haut niveau de la compétition sportive mondiale. De plus, recevoir la médaille de bronze au saut de cheval en individuel aux Championnats d'Europe de 2022 a été une expérience incroyablement gratifiante. Ces succès m'ont non seulement apporté une immense fierté personnelle, mais ils ont également renforcé ma détermination à continuer à repousser mes limites et à viser l'excellence dans ma discipline. Comme toute athlète de haut niveau, je considère que mes plus grands défis ont été incontestablement mes blessures. J'ai dû faire face à des moments particulièrement difficiles, notamment une opération au genou et une opération aux pieds, ainsi que plusieurs fractures. Revenir de ces blessures a été véritablement l'épreuve la plus difficile de ma carrière sportive.
Baptiste Fourmont :
Durant mon enfance, j’ai découvert de nombreux sports, du football à l’aviron en passant par l’art du cirque et le tennis. Le VTT est finalement devenu ma première passion, des sorties familiales en montagne à une adhésion à un club, mais uniquement dans une démarche de plaisir à distance des compétitons. J’ai rapidement remarqué mes aptitudes pour les sports d’endurances, mais ce n’est qu’à l’INSA de Lyon, en études supérieures en ingénierie, que j’ai débuté la course à pied aux côtés de Virginie Baraud, responsable de l’association d’athlétisme. Je me suis rapidement orienté vers la course en montagne qui est un environnement qui me passionne depuis petit, où j’ai rejoint le team Buff/Hoka entraîné par Pascal Balducci. En 2021, ma pratique sportive à pris un tournant majeur : j’ai obtenu mon premier contrat professionnel avec l’équipementier HOKA, j’ai remporté le titre de champion de France espoir en course en montagne et j’ai manqué de peu la sélection pour les championnats du monde sénior. Plus tard dans l’année, j’ai été sélectionné pour les Championnats d’Europe de cross espoir, une première pour moi en équipe de France, ce qui m’a fait me sentir fier en tant que coureur en montagne capable de performances sur tous les terrains. Suite à cette expérience, j’ai décidé de tenter ma chance sur la piste dans l’objectif ultime de participer aux Jeux Olympiques en rejoignant le groupe de Bastien Perraux. En 2022, après une première saison concluante sur piste, j’ai été qualifié pour les Championnats du Monde de course en montagne sénior, une sélection qui me tenait à cœur ayant échoué en 2021, et qui reste à ce jour ma dernière course en montagne. La saison dernière, j’ai obtenu une quatrième place sur 3000m steeple aux Championnats de France Elite avec un chrono de 8’31, et cette année mes ambitions sont de réaliser les minimas pour les Championnats d’Europe, et plus encore ! Mon cursus à l’INSA de Lyon s’est achevé en février, suite notamment à une 3e place aux Championnats du Monde Universitaires de cross à Oman, et un titre de Champions du Monde par équipe.
CGE : Pouvez-vous partager une expérience où vous avez dû faire preuve de résilience pour surmonter un obstacle dans votre carrière sportive ?
Aline Friess :
En 2017, lors d'une compétition de grande envergure, j'ai subi une fracture au pied. À ce moment-là, je me suis retrouvée confrontée à des défis physiques et mentaux considérables, et l'idée d'abandonner a traversé mon esprit. Dans ma hâte de revenir à l'entraînement, j'ai probablement précipité les choses, ce qui a conduit à une nouvelle fracture au pied. Pourtant, même si mon moral en a pris un coup, j’ai réussi à trouver la force de revenir et reprendre la compétition.
Baptiste Fourmont :
L'année dernière, juste avant mon objectif principal de la saison hivernale, j'ai subi une fracture de fatigue qui m'a contraint à une pause de 8 semaines. Alors que ma saison estivale semblait compromise, grâce à mon statut SHN à l'INSA, j'ai obtenu une autorisation spéciale pour rejoindre un centre de rééducation sportive pendant 3 semaines. À mon retour, avec mon entraîneur, nous avons élaboré un plan rigoureux jusqu'aux Championnats de France Elite sur 3000m steeple, qui ne tolérait aucune erreur, comprenant une seule course de préparation et seulement quelques semaines d'entraînement. Lors de ces championnats, j'ai réalisé mon meilleur temps personnel sur la distance. Cette expérience m’a montré que la volonté de réussir et la rigueur permettait de gravir des sommets, bien plus haut que ce qu’on peut imaginer.
CGE : Quels sont vos objectifs à court et à long terme dans votre sport ?
Baptiste Fourmont :
Aujourd’hui, mon plus grand objectif est de participer aux Jeux Olympiques sur 3000m steeple. Cependant, mes objectifs ne se résument pas qu’aux Jeux, je vise également les titres de champion de France, ainsi que les compétitions européennes et mondiales. À long terme, je souhaite revenir à mes racines en montagne. De nombreuses courses en montagne et trails me font rêver comme Sierre Zinal. J’aimerai également développer mes compétences en alpinisme pour explorer les possibilités infinies que la montagne offre.
Aline Friess :
Mon objectif à très court terme est de faire mon retour en compétition, notamment aux Championnats du monde, car cela fait un an que j'ai été blessée au pied. Ensuite, je me prépare pour les Championnats de France élite. Mon approche est de donner le meilleur de moi-même sans me fixer d'objectifs précis ; je préfère laisser les choses se dérouler naturellement et voir où cela me mène. Quant au plus long terme, je n'ai pas encore défini de plans concrets. Je ne me projette pas nécessairement jusqu'aux Jeux Olympiques de 2028 pour le moment, je préfère vivre au jour le jour et aborder chaque année l’une après l’autre.
