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Les écoles nationales supérieures d’architecture, des Grandes écoles comme les autres ?

Les 20 écoles nationales supérieures d’architecture réparties sur le territoire national dont 6 en Ile-de-France,…
Publié le 30 mai 2018
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Les 20 écoles nationales supérieures d’architecture réparties sur le territoire national dont 6 en Ile-de-France, auxquelles il convient d’ajouter l’Ecole spéciale d’architecture ESA à Paris, de statut privé et l’INSA de Strasbourg, rattachée à l’université, qui sont également habilitées à délivrer le diplôme d’Etat d’architecte, accueillent plus de 20 000 étudiants.

Ces écoles qui ont un statut d’établissements publics, récemment rénové – décret du 15 février 2018 – sont placées sous la tutelle du Ministère de la culture car, historiquement, l’enseignement de l’architecture est issu de celui des Beaux-Arts. C’est seulement après 1968 qu’il a pris son autonomie, au sein d’unités pédagogiques qui ont ensuite été transformées en écoles nationales.

Depuis les années 70, les écoles ont beaucoup évolué, elles sont passées d’écoles professionnelles supérieures calquées sur le modèle Beaux-arts à des établissements de type universitaire et se sont rapprochées de l’enseignement supérieur général.

En attestent : le développement d’enseignements académiques nourrissant l’enseignement du projet architectural et urbain, la création d’unités de recherche – laboratoires –  dans la plupart des écoles, souvent réunies dans des unités mixtes de recherche avec le CNRS, l’adossement à des écoles doctorales, l’adoption du LMD en 2005 qui s’est accompagné de l’évaluation par l’HCERES, d’un doctorat en architecture, et, très récemment (décrets du 15 février 2018), la réforme du statuts des écoles, l’adoption d’un statut d’enseignants-chercheurs et la création d’un Conseil national des enseignants-chercheurs des écoles d’architecture (structure de type CNU)…

Pour autant, les ENSA n’ont pas renié leur histoire et ont gardé des caractéristiques qui les rapprochent davantage du modèle des grandes écoles.

En premier lieu, l’entrée dans nos établissements est extrêmement sélective. Il y a beaucoup de demandes et les capacités d’accueil y sont limitées. Chaque école organise un test d’entrée propre même si les modalités ont été récemment unifiées à la demande du Ministère de la culture.

Ensuite, nos écoles conservent un objectif professionnalisant, elles forment à une profession déterminée, la profession d’architecte, même si il y a, aujourd’hui, de multiples façons de l’exercer, au-delà de la maîtrise d’œuvre en nom propre.

On doit également souligner la place des enseignements pratiques en lien avec les enseignements théoriques, comme le lien avec le monde professionnel (stages et mises en situation professionnelles obligatoires tout le long du cursus).

Une des singularités de l’enseignement dans nos écoles qui est également une de leur force, c’est la primauté donnée au projet architectural et urbain, enseigné dans les studios, où l’étudiant est amené à concevoir des projets d’édifices, d’équipements publics, de logements sociaux, de l’échelle du logis à celle de la ville et des territoires. Cet enseignement en mode projet qui concerne des équipes regroupant de 15 à 30 étudiants et occupe 50 % de leur emploi du temps tout au long du cursus, est un mode pédagogique qui développe l’initiative, l’autonomie, les capacités de résolution de problèmes posés par la commande mais aussi, la capacité de travail en équipe.

Les écoles d’architecture font largement appel à des architectes praticiens, qui parallèlement à leur service d’enseignement, ont une pratique professionnelle en agence. La très grande majorité des enseignants du projet architectural et urbain, qui est l’ossature de la formation, sont des architectes praticiens. La récente réforme du statut des enseignants des écoles d’architecture a réaffirmé cette particularité statutaire.

Les ENSA délivrent un diplôme qui certifie la qualification d’architecte (le Diplôme d’Etat d’architecte, diplôme de niveau master) qui donne accès à une profession réglementée. Elles dispensent également l’Habilitation à la maîtrise d’œuvre en son nom propre -HMONP, au terme d’une formation accessible aux titulaires du Diplôme d’Etat d’architecte. Diplôme d’habilitation qui est une licence d’exercice, indispensable pour s’inscrire à l’Ordre des architectes, exercer en son nom propre et signer des permis de construire…

Enfin, les ENSA sont parties prenantes de la mutation en cours dans le système d’enseignement supérieur et de recherche et participent aux regroupements d’universités et grandes écoles. Elles ont fortement développé leur action à international. Elles ont mis en place une offre de formation spécialisée, au niveau du master et post master et multiplié les double cursus et les doubles diplômes d’architectes-ingénieurs, d’architectes-paysagistes, d’architectes-urbanistes, d’architectes-designers…

Les liens avec le monde professionnel sont en constante progression, stages, mises en situation professionnelle et années de césure y ont beaucoup contribué. Beaucoup reste à faire en ce qui concerne l’alternance qui est pour nous, un enjeu de progrès majeur.

Si la situation des architectes a beaucoup souffert de la crise récente, les  chiffres de l’insertion professionnelle des jeunes diplômés sont bons : 85% des diplômés trouvent un emploi en moins de 6 mois et 95 % en moins d’un an. Les chiffres sont encore meilleurs pour les diplômés qui ont obtenu l’habilitation à la maîtrise d’œuvre qui permet un accès plus rapide à l’emploi.

Ainsi, depuis près de 50 ans et leur création en tant qu’établissements autonomes, les ENSA n’ont cessé de se rapprocher des normes d’enseignement et de recherche et de gouvernance universitaires tout en conservant leur spécificité sur un modèle qui les apparente davantage aux grandes écoles.

Aujourd’hui seules quelques écoles d’architecture sont membres de la CGE- Nancy, Montpellier, Paris-Belleville, Saint-Etienne – mais plusieurs sont d’ores et déjà candidates  -Lyon, Paris-Malaquais…et, en tant que président du Collège des directrices et directeurs des ENSA, j’espère beaucoup que l’ensemble des écoles nationales d’architecture seront présentes à bref délai, car cette appartenance est conforme à leur Histoire et aussi à leur avenir.

 

 

François BROUAT,
Président du Collège des directeurs des ENSA,
Directeur de l’ENSA de Paris-Belleville

 

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