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« J’ai divisé mon salaire par cinq, mais j’ai retrouvé le sourire, et l’envie de me dépasser »

J’ai créé L’Instant fin 2016 avec le concours de deux amis rencontrés à l’époque de…
Publié le 29 septembre 2021
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J’ai créé L’Instant fin 2016 avec le concours de deux amis rencontrés à l’époque de Sciences Po Paris (cycle délocalisé de Dijon). La création de mon entreprise répondait à un besoin typique des jeunes générations : avoir le sentiment de faire avancer les choses, pouvoir mesurer concrètement l’impact de son travail.

Après l’ENA, j’avais en effet intégré la Cour des Comptes, noble institution à laquelle mon rang de sortie me destinait. Ce qui devait constituer les starting-blocks d’une carrière de haut-fonctionnaire a été surtout pour moi l’occasion de remettre les choses à plat. La nature des fonctions exercées (l’audit, le contrôle) et le rythme de l’institution, fournissaient des conditions propices pour qui voulait se donner l’occasion d’interroger le bien-fondé de ses choix professionnels. Pour résumer, je mesurais très bien dans ces fonctions, les difficultés auxquelles se confronte l’action publique. Peut-être est-ce un péché d’orgueil, mais je ne me voyais pas batailler toute ma carrière pour faire avancer des dossiers dont l’ampleur me paraissait telle, que j’étais persuadé de ne jamais en voir la fin. Cette difficulté à voir l’effet concret de mes actions jouait sur ma capacité à me réjouir du travail effectué, qui semblait trop noyé dans la masse pour produire un réel changement. Certains ont pu désapprouver mon choix au moment de changer de vie.

Avec le recul pourtant, je ferais aujourd’hui exactement la même chose. Choisir un métier passion, en créant une brasserie. Ce faisant, j’ai divisé mon salaire par cinq par rapport à ce que je pourrais percevoir dans mes anciennes fonctions, mais j’ai retrouvé le sourire, et l’envie de me dépasser. J’ai le plaisir de travailler au développement d’une entreprise, créée de zéro, et d’accompagner sa croissance. Je mesure aussi ce que j’apporte à la société et que je ne pouvais pas apporter auparavant. Développer une entreprise c’est en effet créer de l’activité, créer de l’emploi, participer dans notre cas à interroger les modes de consommation, dynamiser un territoire, tout en ayant le sentiment, chaque jour, de réaliser quelque chose de ses mains. On ne met jamais ça en avant lorsque l’on traite d’aventure entrepreneuriale, mais au début d’une société, c’est le patron lui-même qui fait le ménage, fait la queue à La Poste etc…. Après les ors de la République, cette aventure a été à la fois une bouffée d’oxygène, loin du protocole et des codes des grandes institutions, mais également une grande leçon d’humilité, valeur qu’un parcours en grandes écoles fait parfois un peu perdre de vue…

Au-delà des valeurs, il y a aussi un vrai plaisir à diriger une société comme L’Instant. On change de métier dix fois en un jour. En faisant des choses aussi riches et diverses que penser des recettes, gérer techniquement un outil industriel, mais également prospecter, négocier, vendre, manager des équipes… Grâce à un travail acharné, nous avons développé aujourd’hui une gamme de bières craft, intégralement Made In Ile-de-France, que vous pouvez retrouver auprès de partenaires de qualité que sont les caves à bières, les caves à vin, les épiceries fines, les bars spécialisés et certains restaurants. La société est en nette croissance même durant ces années de crise sanitaire (+ 35% de chiffre d’affaires en moyenne sur les deux dernières années) et j’ai vraiment le sentiment de bâtir quelque chose d’utile sur la durée.

Je mentirais si je disais que la formation apportée par mon parcours académique a une utilité directe dans mes fonctions actuelles. Avant la création de ma société, je n’ai jamais appris à faire une étude de marché, à fixer des prix, à travailler un référencement internet ou à négocier un contrat de vente en gros. Il m’aurait fallu pour ça passer par une école de commerce, mais j’ignorais avoir cette fibre là au moment de choisir ma voie. En revanche, par la discipline de travail que j’ai appris à m’imposer pour franchir les étapes de sélection de Sciences Po et de l’ENA, et par cette capacité à apprendre vite que nous avons cultivé tout au long de ces années, elle me permet aujourd’hui de me fondre dans la peau d’un chef d’entreprise, que je n’étais pas destiné, ni par origine, ni par formation, à devenir.

Cédric Brottier,
co-fondateur de L’Instant

 

A propos de Cédric BROTTIER

Né à Melun (77), Cédric BROTTIER a été diplômé de Sciences Po Paris en 2011 et fut élève de l’ENA (Promotion Jean Zay). Après un premier poste en tant qu’auditeur puis conseiller référendaire à la Cour des Comptes, il décide de quitter la rue Cambon pour co-fonder avec d’anciens camarades de Sciences Po, L’Instant. Aujourd’hui à sa tête, il développe son entreprise autour d’une offre de bières artisanales 100% made in Ile-de-France. Il met à profit sa capacité d’apprentissage et l’ardeur au travail acquise durant ses études au service des multiples défis qui font le quotidien d’une jeune entreprise en croissance. Son profil LinkedIn.

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