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Ouverture sociale et apprentissage : la convergence des luttes… par Anne-Lucie Wack, présidente de la CGE

À l’issue du grand débat et dans sa réponse aux mouvements sociaux, le Président de…
Publié le 3 juin 2019
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À l’issue du grand débat et dans sa réponse aux mouvements sociaux, le Président de la République a annoncé une réforme de la haute fonction publique, pointant en particulier les grands corps. Outre la mission confiée à Frédéric Thiriez sur la réforme de la fonction publique, le MESRI a mis en œuvre un groupe de réflexion sur l’ouverture sociale au sein des Grandes écoles, avec la perspective de faire des propositions d’ici six mois.

L’ouverture sociale est un sujet sur lequel les Grandes écoles sont régulièrement interpellées, même si la question concerne de fait l’ensemble de l’enseignement supérieur, Grandes écoles et universités, et même le système éducatif français tout entier. En effet, comme le souligne l’étude de France Stratégie en 2017, l’écart social de diplomation dans l’enseignement supérieur perdure et s’aggrave, et les inégalités se génèrent très en amont de la chaine éducative, dès la maternelle voire le préscolaire.

La question de l’ouverture sociale dans les Grandes écoles est souvent mal posée : en concentrant le débat sur certaines Grandes écoles, certes emblématiques et prestigieuses, mais non représentatives de la diversité des 216 Grandes écoles françaises de la Conférence des grandes écoles, on propage l’idée que toutes les Grandes écoles françaises sont fermées. Et l’on continue ainsi de décourager les jeunes issus de milieu moins bien informés. Et donc d’aggraver la situation.

Or la réalité est tout autre. Les Grandes écoles sont engagées de longue date sur l’ouverture sociale.  Elles ont développé, dès les années 2000, avec leurs partenaires – fondations, associations, entreprises, Alumni… – de nombreux dispositifs d’égalité des chances et de diversité sociale : multiplication de programmes d’accompagnement, diversification des voies d’accès, et mise en place de dispositifs financiers. Elles ont également développé les cursus en apprentissage, qui sont un véritable levier pour l’ouverture sociale. On compte aujourd’hui dans les cursus apprentissage des Grandes écoles deux fois plus d’enfants d’ouvriers et d’employés que par la voie classique.

Même si elles arrivent en bout de chaîne éducative, comme les universités les Grandes écoles ont une responsabilité particulière. Leurs diplômés à Bac +5 seront en situation de responsabilité demain, à différents niveaux, et dans tous les types d’entreprises – TPE et PME, ETI et grands groupes, ainsi que dans les collectivités ou le secteur public. Favoriser la mixité sociale dans les cursus, outre l’enjeu d’équité, peut donc faire effet de levier pour plus de mixité sociale dans ces niveaux de leadership.

Selon le baromètre de l’ouverture sociale 2015 de la CGE, les Grandes écoles comptent en moyenne 30 % de boursiers sur critères sociaux (BCS) – un chiffre similaire à celui des universités au niveau bac+5 – et la moitié des écoles membres de la CGE sont au-dessus de ce ratio. Mais nul ne peut se satisfaire de ces chiffres. Les moyennes recouvrent de grandes disparités entre écoles, et les BCS aux échelons les plus élevés (5 à 7) sont sous-représentés

En 2016, en amont de l’élection présidentielle, la CGE plaidait ainsi pour une mobilisation générale et un changement d’échelle sur l’ouverture sociale, ainsi que pour un développement massif de l’apprentissage comme nouveau modèle pédagogique, nouvelle voie d’excellence et d’insertion professionnelle, nouveau modèle de lien à l’entreprise et aux territoires, et levier pour l’ouverture sociale. 

La Conférence des grandes écoles plaidait également pour la mise en place d’un observatoire national de l’ouverture sociale dans l’enseignement supérieur, afin d’évaluer l’efficacité des programmes et mesurer l’évolution de la diversité sociale et territoriale des étudiants dans les Grandes écoles et universités françaises. La CGE travaille actuellement à l’édition 2019 de son baromètre de l’ouverture sociale, dont les résultats seront publiés à l’automne, et qui prendra notamment en compte la difficulté liée au télescopage des données de BCS et d’apprentis – qui sont pour certains d’anciens BCS… mais ne comptent plus comme tels car ils sont désormais salariés.

Aujourd’hui les Grandes écoles restent plus que jamais mobilisées sur ces deux priorités – ouverture sociale et apprentissage, et sur les synergies entre ces deux dynamiques – comme l’illustrent les témoignages présentés dans ce numéro de Grand Angle. 

Toutes les énergies doivent être mobilisées, et il faut s’appuyer sur les expériences réussies et des dispositifs qui ont fait leur preuve dans les Grandes écoles, sur tous les territoires.  C’est là un message que la Conférence des grandes écoles porte avec conviction, au nom de ses membres, auprès de tous les acteurs et partenaires de l’enseignement supérieur et de la chaîne éducative.

Anne-Lucie Wack,
présidente de la Conférence des grandes écoles

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