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Réenchanter les carrières et les métiers de la recherche, un défi à relever

L’attractivité de la recherche française est en baisse. Pour preuve, selon le rapport « attractivité des…
Publié le 4 mai 2022
Réenchanter les carrières et les métiers de la recherche, un défi à relever
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L’attractivité de la recherche française est en baisse. Pour preuve, selon le rapport « attractivité des emplois et des carrières scientifiques » produit en septembre 2019, par le MESRI, l’évolution de la dépense pour la recherche (comparativement à d’autres pays européens ou de l’OCDE, la France est le pays où les crédits budgétaires pour la recherche présentaient une évolution négative entre 2000 et 2016) et la part de la France pour la production scientifique mondiale, avec un peu plus de 3% des publications mondiales annuelles sur 2015-2017, stagnent, voire s’érodent. De façon parallèle, les carrières scientifiques suivent la même tendance et sont aussi peu attractives !

Pourquoi un tel constat ?

L’emploi scientifique s’érode en France avec une offre dans le public de postes de chercheurs / d’enseignants chercheurs moindre. Le doctorat est globalement insuffisamment valorisé, que ce soit durant les études avec les difficultés de financement que rencontrent les doctorants ou du fait de rémunérations offertes en fin de formation peu compétitives en comparaison avec ce qui est proposé à l’étranger. Les conditions d’entrée dans la carrière ne sont pas non plus optimales. Des environnements de recherche peu pensés, au-delà du seul recrutement d’un chercheur, obligent ce dernier à trouver par tous les moyens des fonds pour conduire ses travaux. Autant de raisons pour expliquer le manque d’attractivité des carrières scientifiques.

Le doctorat, un impensé dans la carrière des doctorants eux-mêmes

Selon une étude publiée en janvier 2022 par le réseau national des collèges doctoraux (RNCD), la première motivation des doctorant.e.s (plus de 11 500 répondants) à s’engager dans un doctorat est le goût pour la recherche et l’intérêt pour le sujet de thèse. Ce constat, certes encourageant, montre toutefois que le doctorat n’est pas tant perçu comme un instrument d’employabilité par les doctorant.e.s et ne s’inscrit pas nécessairement, dans leur esprit du moins, comme une étape de carrière professionnelle. Alors que les études peuvent être perçues comme un investissement pour leur devenir professionnel, cette absence de lien entre formation, diplôme et emploi serait-elle une raison supplémentaire qui explique le manque d’attractivité des métiers de la recherche ? Pour autant, trois ans après l’obtention de leur diplôme, la majorité des doctorants sont en emploi. S’ils sont majoritairement dans le secteur public selon le MESRI, d’autres opportunités d’emploi se présentent de plus en plus à eux dans le secteur privé avec une rétribution plus élevée ou dans le secteur public hors académique. Preuve en est que le doctorat amène à l’emploi !

Le besoin de réenchanter les métiers de la recherche

A l’heure de l’économie de la connaissance, la recherche conduite au sein de laboratoires, par des doctorant.e.s, des encadrant.e.s et des chercheur.e.s participe au progrès mondial des connaissances et à l’amélioration des vies pour tous. Au niveau national, cette même recherche contribue, à sa manière, à l’indépendance du pays, sujet crucial mis en évidence ces dernières années durant la crise sanitaire, et à la renommée mondiale de la recherche française. A l’échelle des entreprises, l’investissement dans la R&D et l’innovation, par l’embauche de chercheurs, sont des vecteurs majeurs de création de valeur ajoutée pour les entreprises françaises, et donc de compétitivité pour le pays. Au niveau des institutions d’enseignement supérieur, l’enseignement et la transmission de connaissances créées par les chercheurs eux-mêmes contribuent à la formation des esprits de demain, aux idées nouvelles et à l’esprit critique étayé.

Devant de tels enjeux, il nous faut donc relever le défi, réenchanter les carrières et rendre les métiers de la recherche attractifs en France. Agir sur les conditions de formation, les salaires les écosystèmes de recherche, les financements de la recherche, voilà autant de pistes, parmi tant d’autres, à explorer pour les institutions de recherche.

Sarah Alves
Doyenne de la Faculté, HDR
Professeur en Gestion des Ressources Humaines
Département RH et Organisation
EM Normandie Business School

A propos de Sarah Alves

Sarah Alves est professeur en gestion des ressources humaines et a rejoint l’EM Normandie en 2011 après une expérience d’une dizaine d’années dans d’autres écoles de gestion et un parcours de praticienne RH. Elle est titulaire d’un doctorat en Sciences de gestion de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines obtenu en 2007 et d’une HDR de l’Université de Rouen-Normandie en 2018. Sa thèse porte sur la formation en alternance dans l’enseignement supérieur. Ses recherches portent sur les questions d’alternance mais aussi de didactique professionnelle, de gestion de la formation et de management. Elle est doyenne de la faculté de l’EM Normandie.

 

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