L’architecture, le design et l’art prennent part à notre univers quotidien. Qu’il s’agisse d’un abribus, d’un logement ou d’un espace public, nous évoluons dans un cadre de vie plus ou moins déterminé et porteur de sens à partir de ces dimensions, formes, structures, matériaux, couleurs, sonorités, odeurs…
Alors que les citoyens interpellent les pouvoirs publics par de nouvelles attentes en termes d’habitat, d’écologie, de cohabitation urbaine, de qualité de vie, l’architecture, l’art et le design sont des disciplines permettant d’apporter des réponses dans ces domaines. Composante majeure du développement durable, l’architecture puise aux racines mêmes des civilisations humaines et a puissamment contribué à leur définition. Elle en est l’expression et même une expression particulièrement visible, complexe et durable.
En tant que corpus de savoirs et de pratiques profondément enracinés dans l’organisation matérielle, culturelle et économique de chaque société, l’acte de construire s’inscrit dans un temps long. Cet art de la durée ne met pas seulement en jeu la pensée ou la main du concepteur ou de l’ouvrier mais dépasse les accomplissements individuels pour devenir un bien collectif porteur de sens.
Apprendre à composer (ou re-composer) ce cadre de vie, à lui donner sens en s’appuyant sur les usages et les aspirations des citoyens, telle pourrait être la définition donnée aujourd’hui à l’enseignement de l’architecture et à la recherche dans ce domaine.
Cet enseignement est incarné par le réseau des 20 Écoles Nationales Supérieures d’Architecture placées sous la tutelle du ministère de la Culture et de la Communication. Deux d’entre elles délivrent également le diplôme de paysagiste DPLG : les ENSAP de Bordeaux et de Lille. Aujourd’hui, l’augmentation des candidats en première année témoigne de la forte attractivité des études supérieures en architecture (admission en 1ère année d’1 postulant sur 7 ou 10 selon les régions).
Les ENSA s’inscrivent dans la norme universitaire L.M.D. Elles forment plus de 20 000 étudiants dont l’entrée sur le marché du travail s’avère aujourd’hui extrêmement dynamique (80 % des diplômés trouvent leur premier emploi en moins de six mois). Depuis 2005, l’accès à l’exercice libéral de la profession d’architecte passe par une habilitation à l’exercice de la maîtrise d’œuvre en son nom propre qui intervient après l’obtention du diplôme d’État d’architecte.
Une des spécificités majeures de l’enseignement dispensé par les ENSA repose sur l’apprentissage de la conception architecturale et urbaine au travers de l’enseignement du projet par le projet. Cet enseignement parfois appelé « Atelier » ou « Studio » est articulé avec les enseignements des différents champs disciplinaires. Il représente plus de 30 % du temps d’enseignement et permet aux étudiants, dans le cadre de mise en situation concrètes, de rendre « activables » les connaissances. Travaillant sur des projets aussi divers que des recyclages de friches, des éco-quartiers, des équipements publics, des réhabilitations patrimoniales, des logements, les écoles d’architecture développent de nombreux partenariats avec les collectivités et entreprises et démontrent quotidiennement leurs capacités à agir sur les territoires. Cette spécificité est rendue possible par la présence au sein des équipes enseignantes d’architectes praticiens et de chercheurs.
Enfin les ENSA disposent d’un réseau de recherche qui a fait ses preuves. Né il y a trente ans dans les écoles d’architecture, ce secteur a largement confirmé sa maturité, et voit aujourd’hui ses productions reconnues en France et à l’étranger. Déjà certaines écoles, intégrées à des écoles doctorales, ont la capacité à délivrer le doctorat en architecture. La seule chaire dans le domaine de l’Architecture créée au monde par la Direction de l’Enseignement Supérieur de l’UNESCO, basée en France, en témoigne également.
Lorenzo DIEZ
Directeur de l’École nationale supérieure d’architecture de Nancy