A l’occasion des R2D2, les 22 et 23 mai derniers, sur le campus commun à l’ENTPE et l’ENSAL, les participants à un atelier sur l’expérience étudiante dans un établissement engagé se sont penchés, entre autres, sur l’accompagnement à l’insertion professionnelle dans ce type d’établissement. Le format « world café » de l’atelier a permis de recueillir les contributions d’une grande diversité d’écoles – des responsables DD&RS et vie étudiante - et d’étudiants – des élus d’organisations nationales ou non – dont la restitution réalisée par Mathieu Bouyer (responsable de l’atelier - INSA de Lyon) alimente pour une grande partie cet article.
Globalement, l’accompagnement à l’insertion professionnelle dans un établissement engagé DD&RS mobilise les mêmes dispositifs et les mêmes compétences que dans une école moins engagée. Ce qui change c’est la diversité plus grande des potentiels employeurs auxquels l’école va s’ouvrir, une attention particulière portée à la diversité des profils étudiants, de leurs attentes et des chemins d’entrée dans la vie active qui s’en suivent et une mobilisation systématique de l’éthique de la responsabilité.
Une école engagée ne peut plus travailler uniquement avec les grandes entreprises ou les grands cabinets de conseil, même si globalement ces acteurs restent de gros recruteurs des étudiants des Grandes écoles. Une école engagée diversifie les opportunités d’insertion pour répondre à la quête de sens des étudiants, elle s’ouvre au secteur de l’Economie Sociale et Solidaire, aux entreprises à impact, elle organise des forum des métiers engagés ou des forum dans lesquels tous les types d’entreprises seront présents, elle monte des partenariats pour des projets étudiants avec des collectivités territoriales et choisit d’être accompagnée par des acteurs engagés comme le RESES pour organiser des évènements responsables, Enactus pour l’entreprenariat social ou encore Séisme pour des forum de l’ESS. L’enjeu pour une telle école est de positionner le curseur de cette diversification, elle doit pour cela être à l’écoute de sa communauté étudiante (voire de celle en devenir) qui est diverse quant à ses attentes en matière d’insertion. Faire le choix radical d’un recrutement dans une communauté de futurs étudiants qui viendrait principalement pour la politique DD&RS de l’école reste encore un pari risqué notamment pour les écoles très sensibles aux classements qui valorisent fortement le salaire à la sortie du diplôme.
Être à l’écoute de ses parties prenantes et notamment des étudiants est un prérequis de l’école engagée DD&RS. Dans une perspective d’insertion, ces derniers sont en attentes de contenus professionnalisant dans les cursus : pour une école engagée cela se traduira par des contrats d’apprentissage dans des entreprises à impact, la présence d’un volet DD&RS dans les rapports de stage ou encore des projets étudiants à impact en lien avec les acteurs socio-économiques du territoire. Les étudiants sont aussi demandeurs d’outils adaptés aux divers profils existants par exemple des formations aux entretiens d’embauche, aux négociations salariales (pour les femmes plus particulièrement). Les profils atypiques (et les parcours éponymes) doivent trouver leur place plus facilement dans une école engagée, il s’agit, par exemple, de faire appel aux alumni aux parcours professionnels hors normes pour ouvrir les possibles.
Enfin l’école engagée est en recherche d’exemplarité au regard d’une grille de valeurs plus ou moins implicite selon qu’elle ait fait la démarche – collective – de les formaliser ou non. Armée de cette boussole l’école engagée, toujours dans une perspective d’insertion professionnelle de ses étudiants, va chercher à développer des partenariats responsables avec les acteurs socio-économiques potentiellement employeurs ou mécènes de compétences. Il s’agit de mettre en place, avec des entreprises à impact bien sûr (ou de l’ESS) mais plus largement avec tous les types d’acteurs socio-économiques demandeurs, des conventions de stages, des contrats d’alternance ou des interventions de professionnels dans les cours en s’accordant sur une charte éthique qui définira le cadre relationnel entre les partenaires au-delà des questions strictement juridiques. Il s’agit aussi que les évènements relatifs à l’insertion professionnelle organisés par l’école soient aussi alignés avec les valeurs de durabilité de l’école et donc éco-conçus. Plus largement encore toute politique touchant à l’employabilité, des étudiants comme des personnels, doit progressivement s’aligner avec les valeurs de l’école et pourra faire l’objet de reconnaissance sectorielle comme par exemple le label DD&RS et aussi thématique comme par exemple le label handimanagement.