Accueil 5 Numérique 5 Réussir sa transformation digitale en tant que Grande école : de la résolution à la pratique

Réussir sa transformation digitale en tant que Grande école : de la résolution à la pratique

Selon John Kotter, auteur du best-seller Leading Change, créer un sentiment d’urgence constitue la première…
Publié le 7 janvier 2020
Partager l'article avec votre réseau

Selon John Kotter, auteur du best-seller Leading Change, créer un sentiment d’urgence constitue la première étape d’un processus d’accompagnement au changement et représente un passage obligé en vue de réussir un programme de transformation. Comme le suggère le titre du présent dossier thématique, cette approche vaut aussi pour ce qui est de la transformation numérique des organisations. Fin de l’année dernière, le Parlement européen a voté une résolution qui « souligne l’urgence de développer toute la gamme des compétences numériques dont les citoyens et les entreprises auront besoin dans une économie de plus en plus numérisée. »[1]

Il va sans dire que les Grandes écoles, et a fortiori l’ensemble des acteurs du domaine de l’enseignement, détiennent une responsabilité forte et doivent jouer un rôle primordial de ce point de vue. Dans son plan d’action de janvier 2018, consacré à l’éducation numérique, la Commission européenne, quant à elle, attire l’attention sur « l’adaptation nécessaire des établissements d’enseignement aux nouvelles technologies et aux approches pédagogiques innovantes », tout en précisant, à juste titre, que ces dernières ne doivent en aucun cas être considérées comme une fin en soi, mais bien comme un moyen visant à améliorer la qualité et l’inclusion dans l’éducation.

À l’évidence, la plupart de nos établissements n’ont pas attendu les recommandations de Bruxelles pour entamer cette mutation. Les cours en ligne, aussi bien ouverts que privés, les plateformes collaboratives professeur-étudiant et autres logiciels ou vidéos d’auto-apprentissage, ne font plus exception dans le paysage de l’enseignement supérieur contemporain. Il demeure néanmoins utile d’enfoncer le clou, tant le message à véhiculer revêt un caractère essentiel pour l’avenir de nos jeunes générations. Mais comment dès lors, concrètement, relever ce défi qui ne peut raisonnablement se cantonner à l’aspect technologique ?

Dans un récent article[2], deux confrères suggèrent 4 pistes intéressantes en réponse à cette question. Je souhaiterais ici rebondir sur ces propositions en les illustrant par des initiatives tangibles menées au sein de l’institution qui m’emploie.

 

  1. Se rapprocher davantage des entreprises

La première recommandation vise à promouvoir un rapprochement entre écoles de gestion et entreprises, afin de « mieux comprendre leurs problématiques, identifier des projets de recherche communs, et obtenir les financements nécessaires à leurs réalisation »[3]. Avec le soutien d’entreprises privées et de la Région wallonne, HEC Liège a inauguré, en février 2019, son Digital Lab, un centre d’excellence qui promeut la recherche en matière numérique, avec un principe clé : la thématique étudiée doit nécessairement émerger du terrain.

En d’autres mots, la recherche vient s’ancrer dans la réalité de l’entreprise partenaire avec, pour effet immédiat, d’offrir au chercheur un terrain empirique favorable (l’entreprise est davantage disposée à partager de l’information), et pour effet à moyen terme, d’augmenter considérablement les chances que les résultats soient directement intégrés à la démarche stratégique ou opérationnelle de l’entreprise. Pour l’heure, 5 chercheurs ont entamé une thèse de doctorat dans ce contexte[4].

 

  1. Faire évoluer les outils et méthodes d’apprentissage

L’innovation pédagogique basée sur les technologies numériques doit constituer un axe essentiel de développement pour tout établissement d’enseignement tourné vers l’avenir. À HEC Liège, une unité baptisée Digital Experience vise à déployer des outils et des solutions, tant à destination des étudiants que des professeurs, dans le but de rendre l’expérience d’apprentissage plus interactive que jamais.

Le but ici est de faire de l’étudiant, un acteur de sa propre formation au contact de ses congénères. Bien entendu, il faut se donner les moyens d’y parvenir et l’accomplissement d’un tel objectif passe inévitablement par l’acquisition de matériel de pointe (lightboard, casques de réalité augmentée, salles de classe virtuelles, etc.), sans toutefois négliger l’essentiel : la formation aux outils, pour un usage intelligent et maîtrisé.

 

  1. Adapter le portefeuille de cours

Depuis la rentrée académique passée, nos étudiants ont accès à de nouveaux cours qui, en Bachelier, mettent l’accent sur l’éveil au numérique et à son importance dans le contexte de la transformation digitale des entreprises, tandis qu’en Master, ces cours développent des compétences plus spécifiques à l’intérieur de certaines finalités comme, par exemple, le marketing digital ou les modèles d’industrie 4.0 en gestion de la production.

En outre, HEC Liège et la faculté des Sciences Appliquées proposent un Master transdisciplinaire en Digital Business, permettant de bénéficier d’une formation hybride, à la croisée des ingéniorats commercial et civil, le tout en 3 ans plutôt que 2. Un profil particulièrement prisé sur le marché de l’emploi.

 

  1. Organiser des événements autour du numérique

Enfin, favoriser l’échange d’idées et le débat avec des acteurs du numérique serait salutaire tant du point de vue de l’institution que de la communauté qui gravite autour. Depuis 2 ans, HEC Liège fait partie de la communauté AI for Belgium en organisant des meetup’s intitulés ‘Data Science Liège’ qui permettent, chaque trimestre, de convier tout un chacun à venir écouter librement des entrepreneurs qui travaillent sur des projets concrets liés à la data science. Ces interventions ont pour effet de susciter un esprit de communauté à l’échelon local sur un thème majeur de la révolution digitale, tout en se révélant source d’inspiration pour nos étudiants.

En conclusion, si de nombreuses initiatives peuvent ainsi facilement être imaginées au sein de nos écoles afin de rencontrer les aspirations formulées par les plus hautes instances européennes en matière de transition digitale dans l’éducation, il n’en reste pas moins que ces actions doivent être mises en œuvre en concertation avec les parties prenantes en interne ainsi que les partenaires en dehors de l’institution.

[1] Rapport daté du 26 novembre 2018 au sujet de la proposition de résolution du Parlement européen sur l’éducation à l’ère numérique : défis, possibilités et enseignements à tirer pour la définition des politiques de l’Union. (2018/2090(INI)) http://www.europarl.europa.eu/doceo/document/A-8-2018-0400_FR.html#title1

[2] Le rôle des écoles de commerce dans la transformation numérique. Riadh Manita et Najoua Elommal. The Conversation, 25 octobre 2018. https://theconversation.com/le-role-des-ecoles-de-commerce-dans-la-transformation-numerique-104448

[3] Op. cit.

[4] Plus d’informations relatives à ces projets de recherche appliquée sont accessibles sur le site Internet www.digitallab.be

 

Nicolas Neysen
Digital Transformation Lead à HEC Liège

 

 

A propos de Nicolas Neysen

Nicolas Neysen est Digital Transformation Lead à HEC Liège (Liège Université), où il enseigne aussi la stratégie digitale aux étudiants de Bac3. Il est par ailleurs professeur invité à la Sacred Heart University (Luxembourg), à l’EDHEC (Lille) et à l’UCL (Louvain-la-Neuve), institution de laquelle il est par ailleurs diplômé (Doctorat en Sciences de Gestion, 2009). Avant de rejoindre HEC Liège, Nicolas a travaillé durant 7 ans comme consultant au sein de la société Accenture, où il travaillait principalement sur des missions de stratégie d’entreprise dans le secteur bancaire. En 2017, il a publié aux éditions DeBoeck Supérieur, Stratégie des organisations, un manuel de stratégie qui a pour vocation d’appliquer les grands principes de la stratégie d’entreprise à toute forme d’organisation.

 

 

Partager l'article avec votre réseau
Loading...