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Egalité des chances et ouverture sociale dans l’Enseignement supérieur

Lors du colloque de la CGE tenu le 12 mai 2016 à Paris sur «…
Publié le 29 mai 2016
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Lors du colloque de la CGE tenu le 12 mai 2016 à Paris sur « l’enseignement supérieur : quelles attentes de la société ? », l’ouverture sociale et l’égalité des chances ont été l’un des sujets mis à l’honneur. Thierry Mandon1 , Jean Pisani-Ferry2 et Gérard Mestrallet3 sont chacun revenus sur ce qui est peut-être l’enjeu le plus crucial pour l’enseignement supérieur dans les dix années à venir.

La Conférence des grandes écoles a également signé un « Pacte pour l’égalité des chances et l’ouverture sociale » avec les associations majeures qui œuvrent chaque jour pour accompagner des jeunes issus de quartiers défavorisés et isolés du collège aux études supérieures et jusqu’à leur insertion professionnelle : Passeport Avenir, la Fondation FACE, Frateli, L’Envol le campus de la Banque Postale, l’institut Télémaque, l’APEC, la fondation Deloitte et Mozaïc RH.

Enfin, lors de cette journée, une table ronde était entièrement dédiée à l’ouverture sociale dans l’enseignement supérieur, le panel de personnalités représentant les partis prenantes et les usagers des établissements d’enseignement supérieur4 ont pu présenter et débattre de pistes qui doivent permettre au système d’accueillir dans 10 ans près de 460 000 étudiants supplémentaires tout en amplifiant les mesures d’ouverture sociale qui existent aujourd’hui.

En effet, malgré toutes les bonnes volontés et les initiatives qui se sont multipliées depuis une quinzaine d’années, l’enseignement supérieur dans son ensemble souffre toujours en 2016 du manque de représentativité des effectifs étudiants par rapport à la réalité de la société française. Chaque année, environ 150 000 jeunes quittent le système scolaire sans diplôme et 50% d’entre eux entre immédiatement dans la spirale du chômage dès leurs premiers pas dans la vie active ! Seuls un peu plus de 27% des entrants en première année obtiennent leur Licence trois ans plus tard. Les premières victimes de cet état de fait sont les jeunes issus de catégories sociales défavorisées, de banlieues et de zones rurales isolées.

Les Grandes écoles et les établissements d’enseignement supérieur qui sont tributaires de situations sociales et culturelles établies en amont ont comme responsabilité d’aller « sur le terrain » pour accompagner les jeunes, les aider à développer un projet et leur donner la foi en un avenir dans lequel ils pourront s’accomplir.

Comme l’a montré très clairement le dernier sondage CGE/TNS Sofres, le déficit d’information des jeunes, de leurs parents et même de leurs professeurs sur les carrières possibles, les voies qui y conduisent tant dans le secondaire que dans le supérieur est une des raisons majeures de l’échec dans les premiers cycles du supérieur et du décrochage massif d’une partie de la jeunesse. Les Conseillers d’orientation n’ont pas les moyens d’assurer leur mission première d’information et d’aide des jeunes dans leur orientation.
La diversité des situations et l’offre dans l’enseignement supérieur sont telles qu’il est illusoire de demander à un CIO d’offrir une information complète et personnalisée à tous les jeunes qui en ont besoin. L’orientation et la préparation aux études supérieures doivent être inscrites tout au long du parcours scolaire, dès l’école primaire et intensifiée au lycée. A l’image des portfolios qui permettent aux élèves des grandes écoles de murir leur projet professionnel la préparation de l’orientation pourrait faire l’objet de périodes actives dédiées dans l’emploi du temps et trouver une expression dans un livret spécifique.

Des milliers d’initiatives dans l’enseignement supérieur menées par les établissements comme les Cordées de la Réussite, ou bien des associations, des entreprises et autres initiatives privées accompagnent des dizaines de milliers de jeunes chaque année, mais encore faut-il que ces jeunes qui en aurait besoin soient au courant de leur existence. L’utilisation du numérique est cruciale pour faire connaitre ces programmes sur tous les territoires tout comme l’implication forte des collectivités locales.

Enfin, la question du coût des études supérieures doit également être posée, la transparence et l’information là encore sont les maîtres mots afin que les jeunes et leurs familles sachent que la possibilité existe pour tous de suivre des études supérieures de haut niveau quel que soit leur niveau de ressources. L’apprentissage et, plus généralement l’alternance permettent à un jeune de financer et même d’être rémunéré lors de ses études.

Ces voies qui concernent aujourd’hui près de 15% des diplômés des grandes écoles doivent être reconnues à tous les niveaux comme des formations d’excellence. Un effort particulier doit être fait sur l’information à propos de l’immense variété des bourses disponibles selon les parcours, l’origine sociale, les territoires, les établissements… Les établissements eux-mêmes doivent faire mieux connaitre leur politique de modulation des frais d’inscription selon les revenus des parents et de l’étudiant, voire considérer la prise en compte du quotient familial.

Toutes ces pistes de réflexion évoquées lors de cette journée sont à considérer pour assurer la démocratisation exigeante de l’enseignement supérieur via une plus grande ouverture sociale, et contribuer à l’égalité des chances réelle en France. Il s’agit d’un enjeu majeur pour l’enseignement supérieur dans son ensemble et il s’agit d’une priorité de la Conférence des grandes écoles.

1Secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur et à la Recherche
2Commissaire Général de France Stratégie
3Président d’ENGIE et de la Fondation Agir Contre l’Exclusion
4Dominique Gillot, sénatrice du Val d’Oise; Jean-Michel Blanquer, Directeur Général du Groupe ESSEC; Marc-Olivier Padis, Directeur des études de Terra Nova; Sofiane Mabouth, étudiant Passeport Avenir; Laurent Giry, administrateur de l’Union Nationale des Associations Familiales

Lire la restitution de la table ronde N°1

Lire le Pacte pour l’ouverture sociale et l’égalité des chances

Jules Meunier
Chargé de mission Ouverture sociale
CGE

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