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Faciliter l’intégration de notions liées à la prévention des risques professionnels dans les programmes des formations de l’enseignement professionnel

Vous êtes membre du Conseil National pour l’Enseignement de la Santé et de la Sécurité…
Publié le 22 mars 2015
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Vous êtes membre du Conseil National pour l’Enseignement de la Santé et de la Sécurité au Travail (CNES&ST). Quelle est la mission de ce conseil ?
Claudine Tacquard : Le CNES&ST1 est un organe d’expertise et de proposition. Sa création fait suite à la Directive-Cadre européenne 89/391/CEE qui impose « la mise en œuvre de mesures visant à promouvoir l’amélioration de la sécurité et de la santé des travailleurs au travail ». Sa création répond alors au constat que l’acquisition de compétences nécessaires en santé et sécurité au travail doit se faire au plus tôt, durant la formation initiale.
La mission première du CNES&ST, avec l’appui de l’INRS, est donc de faciliter l’intégration de notions liées à la prévention des risques professionnels dans les programmes des formations de l’enseignement professionnel. Le CNES&ST se compose de seize membres : huit représentants de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur et huit représentants du réseau prévention des risques professionnels de la Sécurité sociale (Cnamts, INRS, réseau Assurance maladie-risques professionnels…). La diversité des profils des membres du CNES&ST et des personnes invitées à participer à nos commissions nous permet d’apporter des points de vue différents sur un même sujet, ce qui évidemment enrichit nos débats. J’ai rejoint le CNES&ST en 2011 et depuis l’automne j’anime les travaux de sa commission « enseignement supérieur ».

Sur quels niveaux de formation portent les travaux du CNES&ST ?
CT : Le champ d’action est très large et réparti en plusieurs commissions de travail. Chacune se concentre sur des niveaux de formations initiales différents (du niveau V au niveau I).

En 2011, la commission enseignement supérieur a mené une action forte en direction des écoles d’ingénieurs : la création du référentiel « Bases Essentielles de la Santé et Sécurité au Travail » (BESST) que la CTI a adopté comme faisant partie du référentiel de formation de l’ingénieur en France. Ce référentiel décrit un ensemble de compétences minimales que devrait posséder toute personne en situation de management. Il a depuis été décliné en acquis de l’apprentissage et est maintenant devenu l’outil indispensable pour définir le programme d’enseignement d’un socle commun « santé au travail » d’une formation d’ingénieur.

Nos réflexions portent plus récemment sur l’introduction de ces enseignements dans les programmes de formations des écoles de management et des universités. Ces actions sont plus compliquées à mener car nous ne sommes plus face à une seule instance qui définit un cadre normé d’habilitation de formation, comme peut le faire la CTI.
Nous espérons que la journée d’échange du 26 mars, à destination des formations de l’enseignement supérieur, permettra de faciliter nos futures collaborations.

Quel est l’objectif de la journée d’échange organisée par le CNES&ST le 26 mars ?
CT : L’objectif de la journée est de présenter des retours d’expérience d’établissements ayant mis en place des enseignements et projets pédagogiques abordant la thématique plus générale du « Mieux vivre au travail » (santé au travail, qualité de vie au travail, performance globale …).
La journée se déroulera en plusieurs temps. D’abord des intervenants situeront les enjeux globaux de la démarche. Dans un deuxième temps nous proposerons des témoignages d’actions mises en œuvre sur le terrain dans une école d’ingénieurs, une école de management et une université. Ces témoignages introduiront des tables rondes permettant des débats plus généraux (perspectives, valorisation des démarches, vision des parties prenantes …) et des échanges avec la salle. Finalement nous présenterons des propositions de modèles d’action, de bonnes pratiques et d’appuis pour les établissements qui souhaiteront se lancer.
http://www.cge-news.com/main.php?p=347

Les formations de Polytech Tours intègrent depuis la rentrée 2014 des enseignements en santé et sécurité au travail :
Suite aux 7èmes assises nationales du réseau Polytech qui se sont tenues à Tours en 2011 sur le thème « La santé et la sécurité au travail, gérer pour mieux prévenir », nous collaborons avec la CARSAT-Centre pour introduire les bases de l’enseignement de la santé et sécurité au travail (BESST) dans nos formations.
Depuis la rentrée 2014, les futurs ingénieurs diplômés de Polytech Tours suivent un module intitulé « Mieux vivre au travail ». Durant les trois années du cycle ingénieur, chaque élève ingénieur de Polytech, indépendamment de sa spécialité, est désormais sensibilisé aux principes de prévention en santé et sécurité au travail. Les compétences acquises dans des enseignements sont systématiquement mises en œuvre lors du stage qui fait l’objet d’un rapport d’étonnement sur le sujet abordé durant l’année. La première année, l’étudiant est amené à étudier et identifier diverses situations à risques. Les années suivantes, les enseignements de droit, économies ou management intègrent désormais un volet Santé et Sécurité permettant d’aborder les enjeux juridiques, économiques ou sociétaux associés.
La création d’un module « Mieux vivre au travail » de 40 heures, n’a pas fait l’objet d’une réforme importante en termes de volume horaire global. La moitié des enseignements du nouveau module « Mieux vivre au travail » existaient dans le socle commun SHS des années précédentes. Leur contenu pédagogique, sans être réduit, met désormais mieux en avant les éléments liés à la Santé et la Sécurité : par exemple l’étude du document unique en droit, l’étude des risques psychosociaux en management… Les nouveaux enseignements créés correspondent à l’acquisition des compétences référencées dans le BESST qui n’existaient pas jusqu’à présent. Ces enseignements sont accompagnés d’une partie en FOAD.

L’université de Tours s’est également engagée dans cette démarche, par la création en 2012 d’un enseignement d’ouverture de niveau Licence intitulé « Mieux vivre au travail » ainsi que la création d’un groupe de travail chargé de mettre en place des enseignements en santé et sécurité au travail de niveau Master dès la prochaine rentrée universitaire.

1Journal officiel du 13 janvier 2012 – MENE1135623A


Claudine Tacquard
Ecole Polytechnique de l’université de Tours – Polytech Tours
Animatrice de la commission « Enseignement supérieur » du CNES&ST

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