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ISF anime le débat sur le rôle des SHS dans un projet de formation citoyenne

Katharina Schlierf a fait des études supérieures en ingénierie en environnement et en sciences sociales…
Publié le 22 décembre 2014
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Katharina Schlierf a fait des études supérieures en ingénierie en environnement et en sciences sociales en Allemagne, Espagne et en France. Elle a été ensuite postdoctorante à l’ENGEES à Strasbourg. Depuis 2014, elle est chargée du projet Former l’ingénieur citoyen à Ingénieurs Sans Frontières.

Depuis cinq ans, Ingénieurs sans frontières mène un travail de réflexion sur la contribution des Sciences Humaines et Sociales (SHS) dans les formations en ingénierie. Pour ISF, apprendre aux ingénieurs de demain à intégrer des enjeux techniques et économiques, mais aussi sociaux et environnementaux, devrait être une préoccupation de toutes les formations en ingénierie. Ceci nécessite entre autre d’acquérir des compétences de construction démocratique des choix techniques, pour permettre une implication de l’ensemble des acteurs concernés et une véritable appropriation citoyenne de la technique.
La place des SHS semble essentielle dans un tel projet pédagogique. Pour autant, cette apparente évidence correspond-elle au rôle que les SHS jouent aujourd’hui dans les formations ?

ISF a exploré cette question sous deux angles : d’abord une perspective historique et ensuite en se focalisant sur les pratiques actuelles. D’un point de vue historique, l’évolution de la présence et de la place des SHS dans les écoles françaises a été l’objet d’un projet de recherche-action en sociologie, mené en collaboration avec le centre Maurice Halbwachs entre 2009 et 2011. Les pratiques actuelles en SHS ont ensuite été appréhendées en échangeant avec des acteurs engagés dans un projet de « formation citoyenne », comme l’appelle ISF.
Une journée de travail en partenariat avec la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme en juin 2014 a ainsi permis de connaître les pratiques et les difficultés rencontrées par des enseignants en SHS et acteurs de la formation en ingénierie. Les discussions ont permis de dégager une série de conditions nécessaires à la contribution des SHS à un projet de formation citoyenne.

Pour que les SHS prennent part à un tel projet de formation, il est important de s’écarter de la vision utilitariste généralement acceptée, consistant à cantonner les SHS à un rôle d’outil de management. Ceci implique notamment de rendre visible la pluralité d’approches et de perspectives au sein de ces disciplines. Si on considère que tout contenu enseigné comporte, explicitement ou implicitement, des choix en termes de modèle de société, le pluralisme dans l’enseignement est un ingrédient clé pour permettre à l’étudiant d’opérer ses propres choix.

Aussi, convient-il de favoriser le dialogue entre les SHS et les enseignements techniques. Sans ce dialogue, voire une approche transversale, les SHS se trouvent facilement dans une situation d’isolement face aux autres enseignements, au détriment de leur crédibilité auprès des étudiants et d’un vrai impact sur leur processus d’apprentissage.

Pourtant, des exemples de ce que les SHS peuvent apporter à la formation des ingénieurs existent. On trouve des cours de philosophie ou d’éthique qui forment à la pensée scientifique et qui favorisent la capacité de prise de recul. Certains créent des espaces ouverts qui permettent aux étudiants d’approfondir des sujets qui les questionnent par rapport à leurs études ou à leur futur professionnel, avec un effet de prise en main de leur propre processus d’apprentissage. On trouve également des cours de sociologie qui permettent de décrypter les rapports entre sciences, techniques et société, par l’analyse des controverses scientifiques et techniques et par l’étude des jeux d’acteurs. D’autres initiatives mettent en place des liens avec les autres acteurs du monde professionnel et de la société civile pour introduire dans l’enseignement des apprentissages par l’interculturalité et la transdisciplinarité et donc par la confrontation de savoirs et vécus appartenant à des espaces sociaux différents.
Enfin, on trouve des expériences d’intégration de perspectives venues des SHS, ou plus généralement du recul critique, dans l’enseignement scientifique et technique : des collaborations entre enseignants en SHS et enseignants en sciences et techniques qui peuvent parfois aller jusqu’à l’encadrement des cours en binôme, ou enfin la mise à disposition des enseignants en sciences et techniques de fiches leur apportant les informations sr le contexte social ou environnemental pouvant enrichir leurs enseignements.

ISF s’engage à rendre visible et à mettre en valeur ces expériences qui participent à la construction d’une formation citoyenne en ingénierie. C’est leur mise en réseau et leur diffusion qui permettra d’avancer sur le renouvellement toujours nécessaire de l’enseignement supérieur face aux nouveaux enjeux socio-environnementaux.

 

A propos d’ Ingénieurs Sans Frontières

Attachée aux valeurs de la solidarité internationale, Ingénieurs Sans Frontières s’engage à favoriser le développement durable, l’égalité des droits entre les populations et un exercice harmonieux des droits civils, politiques et économiques, en questionnant le rôle et les pratiques des ingénieurs, pour que la technique soit pensée et placée au service du développement durable, de l’homme et de la planète. Ingénieurs Sans Frontières est ainsi une association de solidarité internationale créée en 1982 qui se donne pour objet de participer à la construction du développement durable par une pratique critique de la démarche de l’ingénieur.

Ingénieurs sans frontières est une fédération composée de 28 associations, qui sont pour une part des « groupes locaux » implantées dans 70 écoles d’ingénieurs françaises sur tout le territoire français et pour l’autre part des « groupes thématiques d’ingénieurs » composés de jeunes ingénieurs en activité. Près de 600 adhérents essentiellement élèves-ingénieurs et jeunes ingénieurs sont membres de l’association.

ngénieurs Sans Frontières, en quelques chiffres c’est :
– Plus de 400 projets de développement réalisés dans les pays du Sud depuis sa création,
– Plus de 150 actions de sensibilisation organisées chaque année dans les écoles et sur les territoires,
– Plus de 5 000 personnes sensibilisées et formées chaque année.
Programme Former l’ingénieur citoyen : www.isf-france.org/Ingecit

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