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La campagne « L’ingénieur citoyen… c’est moi ? » dans les écoles

Katharina Schlierf a fait des études supérieures en ingénierie en environnement et en sciences sociales…
Publié le 22 novembre 2014
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Katharina Schlierf a fait des études supérieures en ingénierie en environnement et en sciences sociales en Allemagne, Espagne et en France. Elle a été ensuite postdoctorante à l’ENGEES à Strasbourg. Depuis 2014, elle est chargée du projet Former l’ingénieur citoyen à Ingénieurs Sans Frontières.

L’association Ingénieurs Sans Frontières a lancé en septembre dernier sa campagne « L’ingénieur citoyen… c’est moi ?». Cette campagne a pour but d’engager les étudiants dans la réflexion et l’action sur le rôle de leur formation dans l’éducation à la citoyenneté. Cet article présente les motivations et les objectifs de cette campagne.

En utilisant la notion d’ingénieur citoyen, cette campagne, inscrite dans le projet Former l’Ingénieur Citoyen, interroge la place et la forme d’une éducation à la citoyenneté dans les formations d’ingénieurs.
La notion de citoyenneté renvoie pour ISF à la nécessité d’une implication de l’ingénieur pour une justice sociale et environnementale (comme l’explique sa charte), et donc pour l’intérêt général, qui ne peut résulter que d’une construction collective. Cette construction collective se passe aujourd’hui dans de multiples espaces qui décrivent un continuum entre démocratie délégative et participative. Prendre sa juste place dans ce continuum demande à l’ingénieur des compétences et des attitudes qui relèvent autant d’un esprit critique et de l’autonomie que de la coopération.

Dans l’histoire française, la formation à la citoyenneté est un projet de société principalement porté par l’école primaire et secondaire. Pour autant, la responsabilité de l’enseignement supérieur dans l’éducation à la citoyenneté mérite d’être creusée. Étant l’espace où l’étudiant commence à construire sa place dans la société en tant que professionnel, il semble nécessaire d’examiner l’adéquation de ses contenus et de sa forme par rapport aux objectifs de l’éducation à la citoyenneté énoncés ci-dessus.

S’intéresser aux contenus des formations veut dire pour ISF s’interroger sur la façon d’aborder la notion de la responsabilité de l’ingénieur dans les cursus, et mesurer la préparation des étudiants à répondre à la complexité des enjeux socio-environnementaux qui vont entourer leur future activité professionnelle. Ceci renvoi à une question de méthode : appréhender des situations hautement complexes demande de s’intéresser à la pluralité de perspectives en jeu et participer à leur mise en contraste. Dans cette approche pluraliste, il est nécessaire de veiller à la présence d’un regard critique sur le modèle de société actuel et de la place de la technique dans celui-ci, et à la transmission de compétences pour participer à la construction d’alternatives.

Pour ISF en tant qu’association étudiante, il s’agit de reconsidérer la place de l’étudiant dans son processus d’apprentissage de la citoyenneté. Ce processus demande une implication de l’étudiant dans son projet de formation, à l’échelle de son école et à l’échelle de la gouvernance démocratique de la formation supérieure plus largement. Cette implication est un premier pas vers l’exercice de sa responsabilité.
Des groupes ISF vont proposer au cours de l’année scolaire des événements et des activités à leurs co-étudiants pour explorer leur place dans la construction démocratique de leurs formations pour l’intérêt général. Ainsi, la campagne s’offre comme un espace d’enquête et d’expérimentation au niveau local, et de partage de ces expériences au niveau national. Ce partage permettra de contribuer à une mise en perspective des expériences locales et d’avancer vers une meilleure connaissance des enjeux qui se présentent dans le panorama français d’établissements de formation d’ingénieurs, marqué par une diversité considérable, par rapport à l’objectif d’une formation citoyenne.

La campagne est une des réalisations du programme Former l’Ingénieur Citoyen au sein de la fédération ISF. Ce programme est construit sur une expérience de quinze ans de réflexions et d’activités sur l’ingénieur citoyen. Ainsi, ISF a créé des espaces de réflexions sous forme de séminaires et de colloques et a participé en 2003 à la mise en place de l’Initiative pour la responsabilité des cadres (IRESCA). En 2008, le projet « Transformons nos formations » visait à développer une meilleure prise en compte des enjeux énergétiques et environnementaux dans les cursus de quatre écoles d’ingénieurs. Entre 2009 et 2011, le projet de recherche-action « Former l’ingénieur citoyen : savoirs, pratiques et acteurs », une collaboration entre ISF et le Centre Maurice Halbwachs avec le soutien de la région Île-de-France, a permis d’analyser l’évolution historique de la place des sciences humaines et sociales dans les formations d’ingénieurs en France et en Belgique.
Avec le projet en cours « Former l’Ingénieur Citoyen 2 », ISF se donne les moyens d’approfondir sa démarche de recherche-action et ainsi de contribuer à intégrer ses apprentissages dans la formation des ingénieurs français.


Katharina Schlierf
Ingénieurs Sans Frontières

Ingénieurs Sans Frontières

Attachée aux valeurs de la solidarité internationale, Ingénieurs Sans Frontières s’engage à favoriser le développement durable, l’égalité des droits entre les populations et un exercice harmonieux des droits civils, politiques et économiques, en questionnant le rôle et les pratiques des ingénieurs, pour que la technique soit pensée et placée au service du développement durable, de l’homme et de la planète. Ingénieurs Sans Frontières est ainsi une association de solidarité internationale créée en 1982 qui se donne pour objet de participer à la construction du développement durable par une pratique critique de la démarche de l’ingénieur.

Ingénieurs sans frontières est une fédération composée de 28 associations, qui sont pour une part des « groupes locaux » implantées dans 70 écoles d’ingénieurs françaises sur tout le territoire français et pour l’autre part des « groupes thématiques d’ingénieurs » composés de jeunes ingénieurs en activité. Près de 600 adhérents essentiellement élèves-ingénieurs et jeunes ingénieurs sont membres de l’association.

Ingénieurs Sans Frontières, en quelques chiffres :
– Plus de 400 projets de développement réalisés dans les pays du Sud depuis sa création,
– Plus de 150 actions de sensibilisation organisées chaque année dans les écoles et sur les territoires,
– Plus de 5 000 personnes sensibilisées et formées chaque année.
Le site web dédié au programme Former l’ingénieur citoyen : https://www.isf-france.org/Ingecit

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