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La parole à Patrick Hetzel, directeur général pour l’Enseignement supérieur et l’Insertion professionnelle

Nous disposons d’un modèle d’écoles parmi les plus enviés au monde. L’évaluation de leurs structures,…
Publié le 3 avril 2011
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Nous disposons d’un modèle d’écoles parmi les plus enviés au monde. L’évaluation de leurs structures, quels que soient leur forme juridique ou leur statut, de même que le mode d’évaluation de leurs formations est une référence européenne qui a longtemps préexisté aux processus développés sous l’impulsion des pouvoirs publics.

Ce qui est important dans tout label, c’est le niveau de sécurité qui lui est associé, c’est la confiance qu’il génère. Nous devons donc préserver la rigueur inhérente à tout processus d’évaluation, qui contribue généralement à réguler l’offre de formation et conditionne le dynamisme des établissements, tout en n’obérant pas les nécessaires évolutions que commandent les mutations actuelles de notre système d’enseignement supérieur tout entier, dans un environnement mondialisé et de plus en plus concurrentiel. Les grandes écoles ont particulièrement œuvré ces dernières années à intégrer les standards européens pour défendre leur compétitivité : semestrialisation, supplément au diplôme et système de crédits ECTS, management interne de la qualité, traduction des diplômes en compétences.

Tout en s’ouvrant à ces nouveaux standards, elles se sont attachées à valoriser un système de formation des plus exigeants, tant du point de vue de ses conditions d’admission que de ses apprentissages et des valeurs professionnelles qui leur sont attachés, mais elles ont surtout réussi à faire de l’école française une marque et un modèle qui aujourd’hui s’exportent très largement hors de nos frontières et avec bonheur.

L’ouverture internationale est devenue un des atouts majeurs des formations. Les étudiants sont souvent les meilleurs étendards à l’étranger. De fait, les grandes écoles sont de plus en plus sollicitées pour exporter leur modèle et s’implanter dans de nombreux pays. Cette dynamique est essentielle dans un contexte de large ouverture des marchés internationaux mais elle doit nécessairement s’accompagner d’un processus de développement parfaitement maîtrisé et notamment en ce qui concerne la diffusion d’une culture de la formation « à la française ». Les grandes écoles contribuent ainsi largement à promouvoir le grade de master et à renforcer la construction de l’espace européen de l’enseignement supérieur. Cela s’accompagne donc nécessairement d’obligations particulières.

Dans le même temps, face à l’émiettement territorial de l’offre de formation, nous soutenons le développement de réelles synergies de site, qu’elles s’opèrent grâce à l’innovation technologique, à la recherche ou bien sûr à la formation. Notre paysage de l’enseignement supérieur est en train de vivre une profonde mutation. Nous accompagnons de nombreux regroupements via des PRES ou des réseaux ou encore des fusions d’établissements.

Dans tous les cas, rien n’est durable sans réel projet. J’ai toujours été un fervent défenseur de cette biodiversité à la française dès lors qu’elle contribue à tirer notre système tout entier vers le haut. Je ne chéris pas l’idée selon laquelle cette dichotomie université-école serait un frein à la performance de notre système d’enseignement supérieur. Tout simplement, ce qui porte les hommes qui composent les structures d’enseignement, c’est la volonté de faire ensemble. C’est le projet qui est le moteur. Si les projets sont plus ambitieux et nécessitent des associations plus conséquentes, l’atteinte d’une masse critique, alors il faut se doter d’une structuration la mieux adaptée.

Dans un mouvement permanent, notre système s’enrichit de ses différences, de ses rapprochements ou de ses diversifications. Cela peut faire sa force si l’on en considère positivement l’extrême richesse. Cela peut tout aussi bien encourager ceux qui en dénoncent la faiblesse en raison de son illisibilité.

Au-delà, les grandes écoles ont un rôle à jouer au sein des grands débats actuels : la professionnalisation des cursus, l’emploi des jeunes, la crise des vocations scientifiques et l’ouverture sociale.

Comme elles, je m’interroge sur la meilleure manière d’attirer des jeunes à embrasser des carrières qui offrent des débouchés notamment dans les métiers auxquels elles forment. L’insertion professionnelle de leurs diplômés est un des meilleurs gages de la mesure de la qualité de leurs formations ; mais je crois nécessaire de renforcer le continuum information-orientation-insertion professionnelle car notre système social évolue vers un modèle d’orientation et de formation tout au long de la vie.

Chaque année, de plus en plus d’écoles demandent à intégrer le processus admission post-bac. Il permet à près de 700 000 jeunes de se préinscrire dans une formation de leur choix, sélective ou non. Mais il s’agit d’une étape de l’orientation active généralement précédée de nombreuses phases d’information et de conseils. Les formations des grandes écoles sont parmi les plus plébiscitées. Elles contribuent à faire naître des vocations professionnelles. Nous devons réfléchir aux meilleurs moyens d’aider nos jeunes à construire progressivement leurs projets de formation mais aussi à se projeter dans une perspective de formation tout au long de la vie, de cursus progressif via des passerelles, voire de formation différée.

En définitive, le véritable enjeu réside dans l’augmentation du niveau moyen des connaissances pour maintenir la performance de notre pays. Il s’agit tout autant pour les établissements d’enseignement supérieur d’attirer de plus en plus d’étudiants motivés par un choix d’orientation raisonné que de les faire réussir et s’insérer dans l’emploi. C’est un enjeu pour nos organisations, pour la compétitivité de nos entreprises et pour la défense de nos valeurs communes aussi.

 

Patrick Hetzel
Directeur général pour l’Enseignement supérieur et l’Insertion professionnelle

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