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La rareté, un imaginaire riche et un prix élevé : J.Judéaux, co-président de Travel & Co, nous fait découvrir les valeurs du luxe dans le tourisme

Après avoir travaillé 12 ans dans ce domaine et s’appuyant sur l’expérience de 25 ans…
Publié le 3 décembre 2011
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Après avoir travaillé 12 ans dans ce domaine et s’appuyant sur l’expérience de 25 ans de tourisme de son associé Claude Blanc, il nous livre quelques réflexions sur le marché du voyage de luxe, qui peut notamment être découpé en six segments (du voyage sur mesure au séjour de luxe, en passant par le déplacement VIP)…

Le luxe : une notion subjective

La notion de luxe est, par nature, subjective ; il en est de même, bien évidemment, de la notion de voyage de luxe. Deux critères subjectifs servent principalement de référence pour déterminer le caractère luxueux d’un produit ou d’une marque. Le premier de ces éléments est la rareté, réelle ou entretenue, ce qui renvoie aux éléments suivants :

  • la créativité, garante d’une certaine identité ;
  • la qualité, par l’emploi de matières nobles, confortables, durables, et par le souci des finitions ;
  • un savoir-faire humain, encore pour partie artisanal ;
  • une production limitée ;
  • un prix élevé, justifié par la qualité du produit, par la recherche de fortes marges, par l’image de la marque et par le besoin de reconnaissance du client ;
  • une distribution confidentielle, traditionnellement dans des boutiques en propre ;
  • des emplacements de prestige (tant pour les points de vente que pour les lieux d’hébergement).

Le deuxième élément permettant de caractériser un voyage de luxe est l’imaginaire créé autour de la marque et du produit. Il s’incarne essentiellement dans :

  • les attributs des marques, qui jouent un rôle de réassurance et, de plus en plus, d’appartenance à une « tribu » ;
  • des campagnes de communication sophistiquées…

La combinaison de ces deux notions s’inscrit à la fois dans le produit de luxe et dans la perception qu’a l’acquéreur de ce bien ou de ce service.

Les 6 segments du voyage de luxe

Le marché du voyage de luxe se décompose en 6 segments distincts, qui regroupent les différentes familles de consommateurs (jeunes cadres urbains 25-35 ans, les cadres dirigeants ou professions libérales 50-60 ans, les retraités 60-70 ans, les familles qui compensent le peu de temps consacré aux enfants en offrant des voyages de luxe, les voyageurs occasionnels ayant économisés patiemment pour pouvoir voyager, les ultra-riches …) :

  • les voyages privés : il s’agit des voyages individuels sur mesure. Ils sont conçus pour des clients qui recherchent des prestations exclusives, personnalisées selon leurs goûts et leurs attentes, dont ils pourront jouir en couple, en famille ou avec un cercle restreint de proches ;
  • les voyages liés à un événement : ce sont des voyages organisés à l’occasion d’heureux événements personnels (mariages, anniversaires, retraite…), qui permettent à des parents ou des amis de partager une expérience forte qui conjugue la célébration à la découverte ;
  • les séjours de luxe : ce sont les séjours réservés dans des établissements d’exception (palace, château, villa de maître…) implantés sur des sites remarquables, qui assurent à quelques happy few, généralement en couple, des prestations raffinées et privilégiées ;
  • les événements spéciaux : ces voyages sont élaborés autour d’un thème correspondant à un centre d’intérêt particulier (sportif, culturel, gastronomique…) et réunissent, autour d’un expert reconnu de la discipline concernée et sur des destinations adaptées, des groupes de passionnés. Les croisières thématiques en font partie ;
  • les déplacements VIP : il s’agit de tous les déplacements professionnels des Very Important People (artistes, sportifs de haut niveau, cadres dirigeants de grandes entreprises, personnalités politiques…) dont les exigences sont à la hauteur de leur notoriété (jets privés, vols en première classe, voitures de grande remise, suites présidentielles…) ;
  • les voyages MICE (meetings, incentive, congress, exhibitions) : ce segment regroupe les voyages lancés et financés par des entreprises afin de stimuler, récompenser, ou former leurs collaborateurs, leurs distributeurs ou leurs clients méritants dans le cadre d’opérations de prestige qui visent à renforcer l’adhésion et la cohésion des équipes à travers des expériences communes mémorables. Ce segment intègre les déplacements organisés à l’occasion de congrès, foires, salons et autres manifestations commerciales.

Les acteurs du voyage de luxe

On peut distinguer six familles d’acteurs, plus ou moins homogènes :

  • Les voyagistes généralistes, avec deux acteurs majeurs qui ont développé historiquement une production positionnée sur le segment de marché haut de gamme : Kuoni (filiale du groupe Suisse Kuoni) et Jet Tours (filiale du groupe allemand Thomas Cook). Chacun d’eux a lancé récemment une collection de produits de luxe baptisée Émotions (Kuoni) et Secrets (Jet Tours), diffusée essentiellement via le réseau des agences de voyages. Ils ont procédé par ailleurs, en 2007, à des acquisitions de tour-opérateurs spécialistes, sur des niches à forte valeur ajoutée : Austral Lagons (voyages dans les îles), racheté par Jet tours, et les Ateliers du Voyage (voyages sur mesure), acquis par Kuoni.
  • Les voyagistes spécialisés « destinations » de taille moyenne, qui ont acquis une position dominante sur une zone géographique et grâce à une production de qualité comme Asia, Donatello, Australie Tours, Maison de la Chine.
  • Les voyagistes spécialisés « thématiques », avec un leader incontesté, Voyageurs du Monde, focalisé sur deux marchés : le voyage sur mesure et le voyage d’aventure. Cette famille compte également une myriade de voyagistes de taille plus modeste, positionnés sur des niches porteuses : les voyages d’aventure (Aventuna, Atalante), les séjours de luxe (Exclusif Voyages, Peplum), les safaris-photos et les voyages animaliers (Vie Sauvage, Club Faune), les voyages individuels d’exception (Makila, Tselana, Terres de Charme, Compagnies du Monde).
  • Les voyagistes filiales de groupes hôteliers, avec les deux acteurs les plus connus dans cette catégorie : Beachcomber Tours et Solea, qui appartiennent respectivement aux groupes hôteliers de luxe Beachcomber (mauricien) et Kerzner (sud-africain). Ils commercialisent exclusivement des séjours dans les établissements de prestige implantés essentiellement dans l’Océan Indien.
  • Les agences de voyages d’affaires dédiées à la gestion des déplacements professionnels, dont les leaders sont les groupes américains Carlson Wagon-lits Travel et American Express, qui ont créé des structures spécialisées dans le traitement des clients VIP (Carte Centurion, Carte Platinum, etc.).
  • Les agences spécialisées dans les voyages de communication pour le compte d’entreprises, d’événements qui donnent lieu à des dépenses significatives en matière de prestations touristiques et hôtelières haut de gamme.

Qui est Jacques Judéaux ?

44 ans, 3 enfants, il a toujours baigné dans le monde du tourisme, grâce à des parents épicuriens, spécialistes des bonnes tables, et à un grand frère travaillant pour des restaurants étoilés depuis plus de 25 ans après des études en école hôtelière, sans oublier un oncle, commandant de bord chez Air France.

Après un baccalauréat (série D), Jacques intègre une école d’ingénieur post baccalauréat l’ESIEA (Paris). La particularité de cette école est d’offrir à ces étudiants de faire un stage de 10 mois en dernière année, ce qui constitue un vrai avantage en termes d’adaptabilité à la vie active.

Après ce stage de 10 mois chez Thomson, Jacques se retrouve en VSN toujours pour Thomson à Bruxelles ; c’’est là, qu’après presque 2 ans et demi comme ingénieur, il décide de changer de voie et de faire un Mastère Spécialisé. Ce sera le celui de l’ESCP « Audit et Conseil », 9 mois dont 4 mois de stage chez Arthur Andersen, où Jacques sera embauché à la suite de son stage et où il restera 7 ans, avec des missions très diverses mais avec une orientation tourisme dès que possible.

En 2000, en pleine bulle internet, Jacques quitte Arthur Andersen pour l’un de ses clients, Happy Travel, qui a repris 4 voyagistes, dont un précurseur dans le domaine du voyage online : Directours. Au lendemain de l’éclatement de la bulle internet et des événements de septembre 2011, Happy Travel revend l’ensemble de ses participations et, en 2002, Jacques rejoint l’ancien propriétaire de Directours en tant que directeur général et actionnaire jusqu’à 2007 et l’aventure Travel & Co, dont il est désormais Co-président.

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