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Les balcons de l’INSA : Expériences et pédagogie constructive…

Contexte Le bâtiment historique de l’INSA de Strasbourg date de 1955. Il ne répond plus…
Publié le 22 février 2015
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Contexte
Le bâtiment historique de l’INSA de Strasbourg date de 1955. Il ne répond plus aux normes imposées par les réglementations thermiques successives. Les grandes baies vitrées en bois, notamment, qui rythment les façades des bâtiments principaux ne sont pourvues ni de double vitrage, ni d’ébrasements étanches à l’air.
Ce constat d’obsolescence amène à envisager leur remplacement.
Pourtant, les baies d’origine, et notamment celles qui se trouvent en façade sud, présentent des singularités intéressantes. Equipées de doubles vitres (et non pas de doubles vitrages), elles génèrent, lorsqu’elles sont soumises au rayonnement solaire, un apport de chaleur non négligeable l’hiver, au début du printemps ou en fin d’automne.

Enjeux
A une période où il paraît indispensable d’être les plus économes, les plus innovants et les plus pertinents possibles, il devient nécessaire de s’interroger sur la décision prise du remplacement, dès lors que les fenêtres existantes présentent, au-delà de leurs défauts, d’indéniables qualités !

C’est cette réflexion qui met en jeu l’innovation au service d’un bâtiment patrimonial qui a été soumise aux étudiants architectes de l’INSA de Strasbourg, auxquels ont été associés peu après des étudiants des départements génie civil et génie climatique.

L’enjeu consiste donc à trouver une solution qui permette de répondre aux réglementations thermiques en vigueur, tout en maintenant les façades initiales, ou en préservant en tout cas leurs valeurs et leurs qualités.
De ces réflexions émerge au final une proposition d’évolution des façades sud sous deux formes : une double-peau vitrée, et une greffe habitable, permettant de mener une réflexion à la fois sur les usages de l’espace en plus des intérêts énergétiques.

Pédagogie
Du fait de l’intérêt que présente cet exercice, les nombreux étudiants impliqués travaillent en parallèle sur plusieurs projets. Le fruit de ces réflexions, matérialisées en dessins, maquettes, simulations et calculs va nous conduire prochainement au choix d’un projet de double-peau et d’un projet de greffe, qui trouveront leur aboutissement dans la réalisation de deux prototypes qui seront posés sur la façade au cours de l’été prochain. Les simulations font état de résultats prometteurs en terme de confort thermique et d’économie d’énergie.

Les étudiants, qu’ils soient architectes, ingénieur génie civil ou génie climatique ont ici l’occasion de confronter leurs connaissances et leurs capacités de questionnement, d’articuler intelligemment leurs champs de formation, de s’inscrire dans une problématique de recherche expérimentale dont l’un des outils est la matérialisation de l’expérience.

Ils sont également engagés dans une logique de transversalité puisque les compétences multiples des architectes et des ingénieurs sont ici sollicitées de manière croisée et itérative. Le processus est relativement lent, car cette confrontation est encore rare dans l’univers des écoles, mais il est extrêmement formateur.

Le projet attire de nombreux partenaires, en premier lieu la Fondation Alcoa et le groupe Electricité de France/Electricité de Strasbourg, qui se sont engagés dès le début du projet. L’implication des partenaires actuels et de ceux à venir va permettre le financement et la réalisation des deux prototypes.

Cet aboutissement n’est pas une fin en soi. Il va permettre, en plus d’une matérialisation à l’échelle 1/1 d’un concept théorique mené par des étudiants, sous l’égide d’enseignants de divers départements, de vérifier et de comparer ensuite, par la mesure, l’ensemble des résultats des différentes simulations construites au cours de l’année, de prendre la mesure des capacités de la matière à agir pour elle-même, mais également des capacités de l’espace et de l’architecture à agir sur le fonctionnement d’une institution.

L’INSA de Strasbourg se sert ici de ses propres locaux pour expérimenter à la fois des problématiques de formation et de recherche. Elle se sert de ses propres locaux pour amener ses étudiants à réfléchir ensemble et à intervenir ensemble et de manière complémentaire afin de tenter de répondre à des enjeux locaux et planétaires.

Si ce projet est l’occasion d’une magnifique valorisation personnelle pour chacun des acteurs, il préfigure certainement une route passionnante et stimulante sur les moyens de mieux former les architectes et les ingénieurs du bâtiment, de les motiver plus fortement dès lors qu’il existe la possibilité de dépasser les cadres institutionnels et pédagogiques pour s’engager sur des voies différentes et complémentaires de la formation, accompagnés par des partenaires intéressés, motivés et confiants.
Gageons que cette expérience en appellera d’autres…

A propos de Franck Guêné :
Architecte ENSAIS, Franck Guêné est Maître de conférence en Architecture.
Architecte praticien, il est enseignant chercheur au Département Architecture de l’INSA de Strasbourg.
Franck Guêné est passionné par les dimensions transverses de l’architecture, qu’il s’agisse d’évoquer les dimensions philosophiques, politiques ou techniques du processus de conception architecturale.

A propos de l’INSA de Strasbourg

Placée sous la tutelle du ministère de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, l’INSA Strasbourg est la seule école en France à diplômer à la fois des ingénieurs et des architectes. Elle compte 1700 étudiants et diplôme chaque année 300 ingénieurs dans sept spécialités et 45 architectes. Née en 1875, l’école rejoint le Groupe INSA en 2003. Depuis septembre 2014, la formation d’architecte évolue : tous les élèves architectes et des élèves ingénieurs sélectionnés sont formés ensemble pendant trois ans d’un cursus de six ou sept ans. Le recrutement en architecture se fait sur concours propre à l’INSA de Strasbourg, à bac+1. Le recrutement en ingénierie se fait sur concours commun aux INSA.

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