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Les écoles de la CGE : un florilège de compétences, d’imagination et de perspectives

Dans un précédent numéro de Grand Angle (N°8 – juin 2010), nous avons présenté le…
Publié le 22 mars 2011
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Dans un précédent numéro de Grand Angle (N°8 – juin 2010), nous avons présenté le concept de « Grande Ecole » et défini les critères qui permettent de reconnaître les établissements qui méritent cette appellation, à l’origine « non contrôlée ».
Derrière les 223 grandes écoles membres de la CGE, se cache cependant une diversité mal connue. Bien que toutes reconnues par l’Etat et délivrant un diplôme conférant le grade de master, les écoles de la CGE sont très différentes à maints égards :

• Leur statut : elles sont publiques ou privées ou encore consulaires (les écoles de management gérées directement par les chambres de commerce et d’industrie) ; un grand nombre ont adopté le statut d’association ou sont gérées par une fondation.
• Leurs tutelles sont très diverses : ministères de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, de la Défense (écoles militaires, d’aéronautique), de l’Agriculture (écoles d’agronomie), de l’Industrie (écoles des mines et des télécommunications), de l’Ecologie, de la Ville de Paris, de la Culture, Chambres de commerce et d’industrie, etc.
• Leur taille : certaines sont petites (une centaine d’élèves) et d’autres vraiment grandes (plus de 5 000 élèves).
• Leurs moyens : les sources de financement sont également très différenciées tant dans leur origine que dans leurs proportions dans le budget total. On y trouve les droits de scolarité demandés aux étudiants ou à leur famille, les aides d’Etat, la taxe d’apprentissage, le produit des contrats de recherche et de transfert de technologies, les financements sur appels à projets nationaux ou européens. La répartition de ces financements est spécifique à chaque établissement.
• Les domaines : sciences de l’ingénieur, management, médecine militaire ou vétérinaire, arts, architecture, mode, communication, journalisme, statistiques, géomatique…
• Leurs programmes de formation : certaines écoles sont généralistes abordant un large spectre de connaissances et préparant à des métiers très divers, d’autres franchement spécialisées destinant leurs diplômés à des secteurs spécifiques ou à des fonctions particulières dans les entreprises. Mais toutes fournissent à leurs diplômés les clés d’accès à un premier métier et les compétences pour construire une carrière riche et adaptée aux aspirations de chacun.
• La recherche fait partie intégrante de leurs activités. On y trouve un continuum de la recherche la plus fondamentale à celle directement transférable dans l’entreprise.
• Les processus de stimulation de l’innovation et d’entrepreneuriat irriguent la plupart des formations.
• La démarche internationale à la fois dans la connaissance des langues, des cultures mais aussi des méthodes de travail y est un leitmotiv à l’heure de la compétition mondiale des économies et des compétences.

Bien loin est l’époque où chaque établissement vivait en autarcie. Quelle est l’école qui ne fait pas partie d’un voire de plusieurs réseaux : géographiques (régionaux, nationaux, internationaux) ou thématiques. Les logiques et les politiques de ces réseaux se superposent parfois et complexifient la stratégie d’un établissement. En revanche ces multiples relations permettent de passer outre les cloisonnements, de pratiquer la multi- ou pluridisciplinarité et d’enrichir les formations.

Il serait vain de vouloir dresser un panorama exhaustif de toutes les initiatives existantes. Nous nous limiterons à citer quelques exemples de coopérations et de partenariats représentatifs de la vie des écoles.

1) les cursus d’ingénieur-manager

Cette nécessité de rapprocher les deux domaines est apparue depuis plusieurs décennies déjà. Ces partenariats entre écoles d’ingénieur et écoles de management permettent aux élèves de l’école d’ingénieur d’acquérir une formation de manager en 1 ou 2 ans dans l’école de management. Certains doubles diplômes sont parfaitement réciproques et orientent non seulement les élèves-ingénieurs vers le management mais aussi les élèves en management vers des domaines technologiques et scientifiques. D’autres formules impliquent un rallongement des études de plusieurs semestres.

  • L’école d’ingénieurs ECAM Rennes-Louis de Broglie a un bi-diplôme avec l’Ecole de management ESSCA Angers ; l’Institut supérieur d’électronique et du numérique (ISEN) avec ESC Rennes school of business ; l’Ecole de l’aviation civile (ENAC) avec Audencia Ecole de management de Nantes ; l’Ecole centrale de Lille a un cursus d’ingénieur manager avec Skema business school et vient de s’associer avec l’EDHEC pour une formation d’ingénieur management ;
  • Grenoble INP a 3 doubles diplômes d’ingénieur-manager, dont un avec l’Ecole supérieure de commerce de Grenoble (les deux autres avec l’IEP et l’IAE de Grenoble) ;
  • L’Ecole centrale d’électronique a un double diplôme avec L’ESCEM Tours-Poitiers orienté vers la finance et le développement durable, qui implique une année supplémentaire d’études ;
  • Mines ParisTech et HEC ont un double diplôme réciproque ; de même Télécom école de management avec Télécom SudParis, Télécom Lille 1 et les Ecoles des mines de Douai et Alès ; l’Ecole Centrale Paris et l’ESSEC ont créé des cursus alternés sur 5 ans menant à un double diplôme ;
  • Rouen business School offre des places aux ingénieurs du Groupe Cesi dans son master grande école ;
  • l’Ecole Centrale de Lyon et l’Ecole des mines de St Etienne avec l’EMLyon ; ce partenariat va d’ailleurs prendre une dimension nouvelle et déboucher sur l’ouverture, à la rentrée 2012, d’« Idea » (Innovation, design, entrepreneuriat et arts), école commune à l’EM Lyon et Centrale Lyon, qui prévoit des formations encore plus diversifiées ;
  • A Nantes, l’Ecole Centrale, l’Ecole des mines et Audencia ont créé Nantes Atlantic Technology (NATech), premier consortium français conjuguant l’ingénierie et le management dans le domaine de l’enseignement supérieur ;
  • L’Institut d’optique graduate school a rapproché sa filière « Innovation entrepreneurs » du programme HEC Entrepreneurs pour créer des équipes pluridisciplinaires.

2) Des enseignements suivis dans une école partenaire

Soit les élèves obtiennent deux diplômes de deux écoles différentes (voir cursus ingénieur-manager ci-dessus) ou bien ils effectuent des spécialisations de dernière année ou suivent des modules dans l’école partenaire :

  • Les élèves de l’Ecole des mines de St Etienne qui choisissent le parcours BTP passent leur 3ème année à l’Ecole des ponts ParisTech ou à l’Ecole des mines de Nancy ;
  • Le rattachement de l’Ecole spéciale des travaux publics à Arts et métiers ParisTech a donné lieu à un cursus de double diplôme en génie civil et génie industriel (impliquant 2 semestres supplémentaires par rapport au cursus de simple diplôme) ;
  • L’Ecole supérieure d’ingénierie et de travaux de la construction (ESITC Caen) en partenariat avec l’INSA Rouen offre une formation internationale double diplôme en génie civil ;
  • L’Ecole du design de Nantes offre un double diplôme en Réalité virtuelle organisé avec Arts et métiers ParisTech Angers ;
  • L’Ecole de l’aviation civile (ENAC) et l’Ecole des ponts ParisTech échangeront à la rentrée 2011 une partie de leurs élèves de dernière année ;
  • Le CELSA (École des hautes études en sciences de l’information et de la communication) et l’ENSCI-Les Ateliers (ENS de Création industrielle) : des étudiants du CELSA sélectionnés peuvent valider un master 1 à l’ENSCI, ou après un master 2 en communication y faire 3 semestres et obtenir le diplôme de créateur industriel ; les élèves de l’ENSCI peuvent suivre deux semestres et obtenir un Master 2 dans une des spécialités du CELSA.

3) L’interdisciplinarité peut se développer au sein d’une même école

  • Le cursus « ingénieur architecte » de l’Insa de Strasbourg permet de passer successivement le diplôme d’ingénieur puis celui d’architecte en sept ans (diplôme reconnu par l’Union européenne) ;
  • Les filières axées sur l’entrepreneuriat développées dans un grand nombre d’écoles obligent les élèves à se confronter à des domaines divers et complémentaires : finances, montage de projets, management, environnement et développement durable, ressources humaines.

4) La création d’écoles commune, les rapprochements

Certaines coopérations très poussées donnent lieu à des créations d’entités nouvelles qui permettent le développement d’activités plus diversifiées :

  • IDEA, NATech (voir point 1)
  • ARTEM est une initiative originale qui articule création et intégration des nouvelles technologies et perspective managériale, stratégique, économique et juridique. C’est une alliance entre trois grandes écoles nancéiennes : l’École d’art, l’École des mines et ICN business school, qui développent une pédagogie et des projets communs.

Sans aller jusqu’à la création d’un nouvel établissement des fusions ou des rapprochements entre écoles traduisent leur volonté de réunir leurs complémentarités et d’ouvrir leurs enseignements en établissant des passerelles.

 

  • En 2009 plusieurs écoles d’agronomie ont été réunies avec les écoles vétérinaires au sein de plus grandes entités ;
  • l’Ecole centrale de Lille envisage de s’allier avec l’Ecole des industries textiles de Roubais (ENSAIT)

5) les mastères spécialisés en coaccréditation

Ces formations créées et gérées par la CGE ont généré des synergies entre écoles de domaines totalement différents pour des spécialisations conjointes très pointues :

  • Gestion du développement durable et du changement climatique associe 3 écoles de Toulouse : l’école de commerce, l’école d’agronomie et l’école de la météorologie ;
  • Ingénierie aéronautique et spatiale associe 4 écoles de Bordeaux : Arts & métiers ParisTech (centre de Bordeaux), Bordeaux management school, ENSEIRB-Matméca, et l’Ecole chimie, biologie et de physique (ENSCBP) ;
  • Marketing, communication et ingénierie des produits agroalimentaires est proposé par l’Ecole d’ingénieurs en agriculture (ESITPA) et l’Ecole de management de Normandie ;
  • Création d’entreprises et entrepreneuriat associe l’Ecole des mines de Douai, l’Ecole des arts et industries textiles de Roubaix (ENSAIT) et SKEMA Business school à Lille ;
  • Gestion des risques sur les territoires, cindynique urbaine appliquée réunit l’Ecole internationale des sciences du traitement de l’information (EISTI) et l’ENA ;
  • Microelectronics System Design and Technology associe des écoles d’ingénieurs de 6 villes différentes : Caen (ENSICAEN), Bordeaux (ENSEIRB), Paris (ESIEE), Rouen (ESIGELEC), Lille, (ISEN) et Nantes (Polytech) ;
  • Management de l’innovation, de la qualité et de l’environnement est proposé par l’Ecole centrale et Euromed à Marseille ;
  • Informatique appliquée à la décision bancaire et actuarielle réunit Télécom Bretagne et Grenoble école de management ;
  • Management des grands projets associe HEC et ISAE Toulouse (Supaéro) ;
  • Marketing, design, création est monté par 3 écoles nantaises : Audencia, l’Ecole centrale et l’Ecole du design ;
  • Facteurs humains et organisationnels du management de la sécurité industrielle est proposé par ESCP Europe, Mines ParisTech et INP Toulouse ;
  • Systèmes d’informations localisées pour l’aménagement des territoires associe AgroParisTech, Montpellier Supagro, l’Ecole de Géologie à Nancy et l’ENSG Géomatique à Marne-la-Vallée ;
  • Management international de l’hôtellerie : le CNAM avec SKEMA business school ;
  • Chargé d’affaires en technologies de l’information : ESC Rennes et Supélec ;
  • etc…

Ces quelques exemples non exhaustifs montrent la multitude d’enrichissements mutuels dont les écoles peuvent bénéficier, la souplesse et l’inventivité dont elles font preuve dans l’élaboration de leurs cursus, dont ont peut dire qu’ils sont de plus en plus « sur mesure » et qu’ils laissent à chaque élève la possibilité de mettre en valeur ses talents et ses compétences personnels.

Sans parler des formations en lien avec les universités, ni du champ de la recherche où les coopérations sont infinies, ni des partenariats internationaux, ni des initiatives des élèves au sein des Junior entreprises ou des associations à buts divers (sportifs, humanitaires, …). Nous ne manquerons pas de revenir sur tous ces aspects dans nos colonnes.

Comment représenter et promouvoir une communauté aussi diversifiée ?

Parler de « grande école » comme d’un modèle unique est, nous venons de le voir, inadapté au paysage et à l’offre actuelle de formation proposée par les grandes écoles.

Leur dimension humaine, leur mode de gouvernance permettent une agilité, une réactivité stratégique qui se traduisent par une adaptation permanente de l’offre de formation à la réalité des besoins de l’économie et des services publics tant nationaux qu’internationaux.

La connexion forte et permanente avec les entreprises permet de créer les filières dont le marché a besoin mais dans un souci permanent d’employabilité durable des diplômés au-delà des effets de conjoncture.

Rassemblées dans les différents lieux d’échange et de partage que propose la CGE à ses membres, ces pratiques, ces projets, ces méthodes de travail irriguent l’ensemble de la communauté pour servir au mieux notre mission de service public.


Brigitte Porée
Chargée de mission

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