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« L’Europe que nous bâtissons n’est pas seulement celle de l’Euro » déclaration de la Sorbonne le 25 mai 1998

La conférence ministérielle de l’Espace européen de l’enseignement supérieur qui se tiendra à Paris du…
Publié le 28 mars 2018
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La conférence ministérielle de l’Espace européen de l’enseignement supérieur qui se tiendra à Paris du 23 au 25 mai 2018 et réunira 48 ministres de la « grande Europe » (États signataires de la convention culturelle du Conseil de l’Europe), la Commission européenne et une dizaine de membres consultatifs (l’association des étudiants européens, l’association des universités européennes, l’association européenne des institutions d’enseignement supérieur professionnalisant – Eurashe, l’association patronale européenne ou Business Europe, etc.) sera l’occasion pour la France de valoriser son enseignement supérieur dans sa diversité et de contribuer à renforcer l’attractivité de l’Europe vis-à-vis des étudiants des autres grandes régions du monde.

A l’heure où l’euroscepticisme gagne du terrain dans de nombreux pays, revenir aux propos des fondateurs du processus de Bologne amène à constater l’actualité des ambitions des quatre ministres réunis à la Sorbonne le 25 mai 1998, à l’initiative de Claude Allègre, ministre français de l’Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie. Citons cette première déclaration :

« La construction européenne a tout récemment effectué des progrès très importants. Mais si pertinents que soient ces progrès, ils ne doivent pas nous faire oublier que l’Europe que nous bâtissons n’est pas seulement celle de l’Euro, des banques et de l’économie ; elle doit être aussi une Europe du savoir. Nous devons renforcer et utiliser dans notre construction les dimensions intellectuelles, culturelles, sociales et techniques de notre continent. Elles ont été, dans une large mesure, modelées par ses universités, qui continuent à jouer un rôle central dans leur développement. »

 

Citons aussi la déclaration de Bologne, signée le 19 juin 1999 par 29 ministres, dont 14 hors UE, comme la Norvège, la Suisse ou l’Islande :

« Il est aujourd’hui largement reconnu qu’une Europe des connaissances est un facteur irremplaçable du développement social et humain, qu’elle est indispensable pour consolider et enrichir la citoyenneté européenne, pour donner aux citoyens les compétences nécessaires pour répondre aux défis du nouveau millénaire, et pour renforcer le sens des valeurs partagées et de leur appartenance à un espace social et culturel commun. »

 

« Nous devons en particulier rechercher une meilleure compétitivité du système européen d’enseignement supérieur. Partout, la vitalité et l’efficacité des civilisations se mesurent à l’aune de leur rayonnement culturel vers les autres pays. Nous devons faire en sorte que le système européen d’enseignement supérieur exerce dans le monde entier un attrait à la hauteur de ses extraordinaires traditions culturelles et scientifiques. »

 

Faire circuler les étudiants et les équipes enseignantes et administratives pour contribuer à créer une citoyenneté européenne, favoriser la coopération entre établissements et entreprises de différents pays pour que l’Europe tienne sa place dans les enjeux du futur (démographiques, technologiques, écologiques…), être et rester des référents de qualité en matière de formations innovantes, adaptées aux attentes des nouvelles générations, aux défis de l’apprentissage tout au long de la vie, au renouvellement accéléré des connaissances, à l’impossibilité de prévoir aujourd’hui les métiers de demain, etc. : tels sont les objectifs de la coopération européenne d’enseignement supérieur de 2018. Et les exemples présentés dans ce numéro de Grand Angle montrent comment les Grandes écoles françaises se mobilisent autour de ces objectifs et y réussissent à merveille, avec un taux de mobilité étudiante remarquable, de nombreux campus hors de France, des diplômes conjoints ou double diplômes en grand nombre et des projets de formation technologiques parmi les plus innovants, bénéficiant souvent des financements du programme Erasmus +.

 

Deux erreurs sont cependant à éviter :

Opposer l’Europe à l’international alors que l’une doit servir l’autre. C’est le sens des réseaux d’universités européennes dont le Président de la République a lancé l’idée le 26 septembre 2017 à la Sorbonne. Ces ensembles de 4 à 6 grands établissements européens, liés par des programmes de formation, de recherche et d’innovation appuyés sur leurs territoires, renforceront la stratégie de l’Europe et de leurs pays respectifs. Ce seront des « hubs » particulièrement attractifs pour les académiques, les scientifiques et les étudiants internationaux désireux d’accéder, à travers l’un de leurs établissements, au réseau de partenaires d’autres pays avec lesquels il travaille étroitement, au point par exemple de délivrer des diplômes européens. Certaines Grandes écoles sont déjà engagées dans ces projets et c’est une excellente chose, car nos formations d’ingénierie, de management, d’agronomie et bien d’autres sont très appréciées à l’étranger.

La seconde erreur serait de ne plus chercher à réformer l’espace européen de l’enseignement supérieur, alors que tant reste à faire, notamment dans le domaine de la formation professionnelle, des stages et de l’apprentissage, de la mobilité des étudiants en situation de handicap, mais aussi pour une participation des forces vives de l’enseignement supérieur au processus de Bologne, dont les mécanismes restent inconnus à un grand nombre d’acteurs.  Comme l’a dit le Président de la République à Athènes le 9 septembre 2017 :

« …nous avons tort de laisser la critique de l’Europe à ceux qui la détestent ! Ceux qui aiment l’Europe doivent pouvoir la critiquer pour la refaire, pour la corriger, pour l’améliorer, pour la refonder ! »

Dans le domaine de l’enseignement supérieur, ô combien essentiel pour l’avenir de l’Europe, nous attendons des propositions de tous, et en particulier bien sûr de la Conférence des grandes écoles.

Simone Bonnafous
Inspectrice générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR)
Chargée de mission Bologne

 

A propos de Simone Bonnafous

Ancienne élève de l’ENS et agrégée de grammaire, Simone Bonnafous, a été professeure en sciences de l’information et de la communication et spécialiste d’analyse de discours et de communication politique et publique.

Après avoir assumé les fonctions de présidente d’université de 2006 à 2012 (et de vice-présidente de la CPU en 2009 et 2010), puis de directrice générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle de juillet 2012 à avril 2017, elle est aujourd’hui inspectrice générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR) et « chargée de mission Bologne » par la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Mme Frédérique Vidal.

A ce titre, elle doit contribuer à « mobiliser la communauté universitaire en amont de la conférence de Paris » et «contribuer  à l’émergence de nouvelles idées et/ou orientations pour stimuler le processus de Bologne au niveau européen et en France » (Lettre de mission).

Elle est ainsi responsable d’un des trois pôles organisés au MESRI pour préparer la conférence de Paris qui se tiendra des 23 au 25 mai 2018. Les deux autres pôles sont la représentation française dans les instances européennes de l’EEES, assurée par la Meries (Mission Europe et international pour la recherche, l’innovation et l’enseignement supérieur) et le « secrétariat de Bologne »,une structure institutionnelle éphémère (de juillet 2015 à juillet 2018), au service des 48 États membres, dont le rôle est de coordonner les groupes de travail européens, s’assurer que le plan de travail dessiné par le précédent communiqué est respecté et organiser la conférence de Paris.

 

 

A propos de la Conférence du processus de Bologne, les 24 et 25 mai à Paris

La France organise la Conférence ministérielle européenne de l’enseignement supérieure, dite Conférence du processus de Bologne, les 24 et 25 mai 2018. Elle réunira les ministres des 48 États qui, avec l’Union européenne, ont signé la « Déclaration de Bologne », et s’attachent à approfondir et améliorer la convergence de leurs systèmes d’enseignement supérieur.

Le site www.ehea2018.paris est dédié à cette Conférence ministérielle européenne 2018 (voir le programme). En amont de la Conférence ministérielle européenne des 24 et 25 mai, les acteurs de l’enseignement supérieur français organisent ainsi des événements – des débats, des rencontres, des tables rondes, etc. – où l’Europe de l’enseignement supérieur est en jeu. Ces événements, labellisés « EHEA 2018 / La France dans l’Europe de l’enseignement supérieur » ont lieu sur tout le territoire (voir les informations sur les label événement EHEA 2018 et le formulaire de demande de labélisation pour un événement à adresser à evenements.ehea2018@enseignementsup.gouv.fr).

Le site www.ehea.info est le site de la Communauté des acteurs qui œuvrent en faveur de l’espace européen de l’enseignement supérieur. Il présente l’ensemble des travaux menés dans ce cadre.

Cette Conférence ministérielle est l’occasion de montrer concrètement l’engagement européen de la communauté de l’enseignement supérieur français pour « cette Europe de la culture, de la connaissance, du partage des langues ». c’est également l’opportunité pour les grandes écoles d’affirmer leur engagement et leur ancrage international et européen ainsi que de mettre en avant la richesse et la diversité de leurs partenariats avec des institutions des 48 pays membres du processus de Bologne.

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