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Entretien avec Anne-Valérie Rocourt, dirigeante d’Opus Rouge, un lieu original et inspirant, pour tous les passionnés de décoration intérieure

Anne-Valérie Rocourt ou un itinéraire de la finance à la décoration intérieure… Diplômée de l’ESCP…
Publié le 3 décembre 2011
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Anne-Valérie Rocourt ou un itinéraire de la finance à la décoration intérieure… Diplômée de l’ESCP Europe, dotée d’une licence en droit et après plus de quinze ans d’expérience dans le secteur financier, Anne-Valérie Rocourt décide de réaliser un rêve : créer son entreprise et dans un domaine qui lui tient à cœur, la décoration intérieure.

Elle se forme alors à l’École Boulle. C’est précisément en cherchant le parcours de formation idéal pour elle-même que germe l’idée de son projet entrepreneurial.

Forte de son expérience professionnelle et de sa double expertise, elle se consacre à la création d’un concept innovant : Opus Rouge, un lieu original et inspirant, pour tous les passionnés de décoration intérieure.

Entourée d’une équipe d’experts, qui partagent le même enthousiasme, elle allie ses compétences, ses valeurs et sa passion, pour développer un institut de formation novateur, au cœur de la tendance.

Rouge : luxe ou luxure ?

La crise financière a fait plonger les bourses européennes dans le … rouge. Dans le même temps, après 136 ans d’attente, l’Opéra Garnier voit sa rotonde se parer de rouge pour accueillir son restaurant… Des flammes de Lucifer aux rubans de la Légion d’honneur, il est ambivalence, évoquant tour à tour la gloire ou la déchéance, le pouvoir ou la révolution. Le rouge ne fait pas dans la nuance : il honore ou sanctionne.

Couleur du mérite et de la dignité, de la passion et du plaisir, il est aussi symbole de séduction et de luxe… Avec un tel statut, voici une couleur qui mérite bien qu’on lui déroule un tapis !

Aux sources du rouge

Un peu d’étymologie… en latin « coloratus » signifie à la fois « rouge » et « coloré ». Parler de « couleur rouge » relève donc presque du pléonasme.

Couleur du sang et du feu, éléments essentiels de la vie, le rouge fait référence dans toutes les civilisations. Son éclat lui donne naturellement un fort attrait. Mais aussi, il s’est imposé très tôt grâce à la maîtrise des pigments par nos ancêtres : dès -35 000 ans, l’homme du paléolithique utilise la terre ocre-rouge dans ses représentations, comme en témoigne la Grotte Chauvet. Puis la chimie du rouge se développe au néolithique avec l’exploitation de la garance (herbe aux racines rouges), avant de se servir de métaux (oxyde de fer…).

Luxe et rareté sont de proches cousins : difficile à obtenir, le rouge n’a pas tardé à devenir un signe de reconnaissance du pouvoir et un symbole de richesse.

Aux confins de la passion, la luxure

Le rouge est la couleur des émotions : sous le coup du plaisir, de la colère ou de la fureur, le visage s’empourpre. Pour évoquer l’amour-passion, quel autre symbole que le cœur battant la chamade en rouge ? On franchit vite la frontière ténue vers la séduction et l’érotisme. Le rouge à lèvres rend la femme plus séduisante, tout comme les dessous de dentelle couleur grenat. Le fameux cabaret Le Moulin Rouge n’aurait peut-être pas eu cette renommée mondiale s’il s’était appelé Le Moulin Bleu ! (Comme disait Picasso : « quand je n’ai pas de bleu, je mets du rouge »). La lanterne des anciennes maisons de « tolérance » était rouge, tout comme les lumières du red district d’Amsterdam. La tentation est assurément rouge : la pomme de Blanche Neige et celle d’Eve aussi, à l’origine !

Les tabous et le péché en sont teintés ; le diable n’est pas loin, mais la pourpre cardinalice viendra nous sauver

Code du luxe

Si le rouge est devenu couleur du luxe, c’est notamment du fait de la rareté et du prix des matières colorantes animales (cochenille ou kermès) utilisées pour produire les plus beaux rouges : pourpre, écarlate ou vermillon.

Dès l’Antiquité, le rouge porte les attributs de la puissance et du pouvoir : les centurions romains et les prêtres en sont vêtus, l’empereur aussi.

Au Moyen Âge, la noblesse et l’Eglise vont définitivement entériner son statut d’exception, en légiférant sur le port des couleurs : aux manants les noirs et les gris, à la noblesse et aux gens de pouvoir les couleurs vives et chatoyantes, et aux plus grands d’entre eux la couleur la plus rare : le rouge !

On distingue très tôt le rouge de luxe, obtenu à partir de la cochenille, et le vulgaire rouge, obtenu à partir de la garance, ce dernier étant terne et délavé. La récolte des œufs de cochenille étant très laborieuse (il faut aller jusqu’au Mexique pour les chercher, ce qui contribue à la puissance de l’Espagne au XVIème siècle), la rareté et le prix font très tôt de ce rouge éclatant un apanage du luxe.

A partir du XIVème siècle, le pape et les cardinaux, auparavant vêtus de blanc, l’adoptent. Et les mariées se parent d’une robe rouge : symbole d’exception.

Passée la fureur révolutionnaire et son bonnet phrygien, si le rouge a peu à peu quitté les garde-robes, il a su conserver sa dimension exceptionnelle et parfois sulfureuse pour mettre en valeur les objets : la Ferrari se doit d’être rouge pour attirer autant le regard que l’oreille en rugissant, le « cordon rouge » habille les champagnes, les grands vins arborent une robe écarlate et le label rouge garantit une qualité remarquable. Si un diamant est éternel, que dire d’un rubis !

Le rouge, c’est aussi la couleur de la fête, symbole de Noël, ornement classique du théâtre et de l’opéra. Le velours des fauteuils ne saurait être jaune ou bleu ! Et le Père Noël passerait pour un imposteur s’il voyageait en robe verte !

Déco de luxe décodée

La force symbolique du rouge a de tout temps été exploitée dans l’univers de la décoration. Les ruines de Pompéi dévoilaient ainsi des maisons richement décorées d’ocre, couleur reprise en France dans l’habitat au XIXème siècle. Les tapisseries médiévales laissaient une large place à cette couleur forte. Aujourd’hui, le rouge reste associé au luxe quand il est utilisé en décoration. Il crée une atmosphère feutrée et chaleureuse, que l’on retrouve souvent dans les bars, les restaurants et les hôtels trendy : en tandem avec le gris, le noir ou le blanc. Marié à l’or, il tend vers l’apparat. Le créateur Christian Lacroix ou le décorateur Jacques Garcia l’utilisent avec passion : l’ambiance devient alors baroque. En introduisant des jeux de matières – laque, soie et bois chauds – on obtient une déco d’inspiration asiatique. L’architecture intérieure aime définitivement le rouge.

La couleur impériale n’est pas à un paradoxe près : symbole du luxe, évocatrice de la luxure, elle est aussi l’apanage de la Révolution : le Petit Livre, les gardes, les Khmers, les bonnets… Mao et Christian Lacroix unis par un fil rouge…

Si aujourd’hui la chimie permet à cette couleur de n’être pas plus coûteuse que les autres, elle n’est plus signe d’opulence, comme autrefois. Elle se distingue pourtant par le raffinement et l’éclat qu’elle porte. N’est-ce pas l’apanage du luxe ?

Anne-Valérie Rocourt
Fondatrice-Dirigeante d’Opus Rouge
Lui écrire…

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