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Territoire et économie intelligente par Eric Valin

Consultant et formateur en intelligence économique. directeur d’un 3ème cycle-M2 Créateur à l’ISEAM du premier…
Publié le 22 octobre 2013
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Consultant et formateur en intelligence économique. directeur d’un 3ème cycle-M2
Créateur à l’ISEAM du premier master d’IE en alternance
Deux mandats de vice-président chargé de la formation, de l’enseignement et de la recherche dès la création de la Fédération des Professionnels de l’IE
Membre de la commission IE du Medef d’Ile de France
Initiateur d’un concours inter écoles et universités en Haute Normandie avec l’association régionale de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale dont il est le référent IE ayant fédéré pour le projet le Rectorat, la Chambre Régionale de Commerce et d’Industrie, le chargé de mission régional CRIE délégué du SCIE de Bercy
.

L’intelligence économique territoriale (IET) n’est pas un concept relevant de la génération spontanée, même si elle est particulièrement innovante dans sa pratique par rapport au mode traditionnel d’aménagement du territoire. L’IET est l’application de l’intelligence économique à un territoire, c’est-à-dire que l’on va gérer l’information pour dégager un avantage compétitif à ce territoire; c’est son aspect novateur avec les effets qu’il induit.
Par ailleurs, elle s’applique à des territoires sur lesquels des systèmes productifs existent depuis très longtemps et elle bénéficie d’un savoir-faire ancien en matière de projets de développement.
La référence à la compétitivité d’un territoire est belle mais occulte une distinction, à savoir que d’une part l’avantage compétitif est d’abord celui du système productif sur ce territoire et que, d’autre part, l’avantage compétitif d’un territoire se résume à son attractivité par les externalités positives et les aménités qu’il offre aux entreprises et résidents.

Un savoir-faire passé mais pas dépassé.
La France dispose d’un savoir-faire en matière d’aménagement du territoire qui a plusieurs sources :
1° Au moment de la révolution industrielle, pays de grande taille, peuplé, aux ressources diversifiées et plutôt abondantes, des régions à spécificité économique pour ne pas dire mono-industrielle, tout cela à l’époque d’une économie peu marquée par la mobilité.
2° Conséquences des deux guerres mondiales : déplacement de lieux de production et destructions massives qui imposent de penser l’aménagement du territoire à partir d’un Etat jacobin. Apparition en 1945 du plan (« ardente obligation stratégique » selon C de Gaulle, différent des plans normatifs soviétiques).
3° Création de la DATAR (Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale) en février 1963; organisme de prospective,        conceptualisation et rationalisation auprès du Premier Ministre.

La conjonction de ce passé vécu et de l’idéologie égalitaire républicaine a produit un axiome de référence: l’égalité des territoires en terme d’équipement, de désenclavement et de développement. Cette notion volontariste d’aménagement équilibré était partiellement démentie par les faits au point de susciter le cri d’alarme de JF Gravier en 1947 « Paris et le désert français » dont l’écho résonne encore non seulement à cette échelle mais aussi au sein de certaines régions entre la ville siège de la Préfecture et le reste…
Cela s’appelle le phénomène de centralité, processus « naturel », qui explique les mouvements de métropolisation et de polarité avec leurs avantages et inconvénients au-delà de leurs caractéristiques.

A partir de son savoir-faire, la DATAR a pérennisé son rôle dans un registre légèrement différent sous l’influence de la mondialisation; le A de action signifie autant attractivité pour relever le défi de la concurrence internationale des territoires et le champ de compétence s’est élargi à la problématique des pôles de compétitivité.

Une vraie fausse révolution
Avec la mondialisation telle que nous la connaissons, c’est à dire troisième avatar d’un processus apparu au XVIème siècle, la production est devenue délocalisable au gré des flux de capitaux et de la création d’externalités de conquête par les territoires visant l’implantation d’entreprises. Cela d’autant plus facilement que l’information, mobile par nature et par les TIC, est la source essentielle de richesse. En conséquence, la théorie d’A Smith sur la division internationale du travail est agonisante et celle de D Ricardo sur l’avantage comparatif se trouve sérieusement effritée.

C’est alors qu’un charlatan, qui passe pour un gourou, a théorisé le concept de clusters comme solution neuve et d’avenir alors qu’A Marshall les avait étudiés dès 1890 dans « Principes d’économie ». On ne peut ignorer les organisations spatiales anciennes de productions dédiées et organisées telles que Thiers et la coutellerie, les ports et leurs arrières pays dotés de corderies, de biscuiteries et de salaisons, les zones viticoles, les pays miniers et sidérurgiques, etc, etc. La réussite bien médiatisée de la Silicon Valley et de quelques districts italiens a fait de ce modèle renouvelé une référence pour le futur.
Seconde conséquence de la mondialisation, les territoires sont entrés en concurrence mondiale pour attirer ou ancrer les entreprises créatrices d’emplois (le chômeur est plus sédentaire que les capitaux) et de richesses.
Autre conséquence: l’information, matière première de l’innovation à la mercatique en passant par l’organisation et la stratégie, est le facteur de rapprochement des activités de production, de recherche et d’enseignement au sein de pôles de compétitivité. Ces derniers sont les descendants naturels d’une bonne centaine de technopôles et districts que comptait la France; sans oublier les manufactures royales de JB Colbert qui faisait sans le savoir de l’intelligence économique mieux que monsieur Jourdain faisait de la prose.

Alors quoi de neuf pour aujourd’hui ?
Sous l’impulsion d’un préfet (R Pautrat) visionnaire et déterminé, ce que l’on appelle l’IET est apparu en Basse-Normandie. Le programme de développement mis en place est élaboré avec les éléments constitutifs d’une pratique de l’IE: fédération des énergies pour chasser en meute, partage des bonnes pratiques, partage d’informations pour innover ou conquérir des marchés, valorisation de l’image et influence au profit du territoire et de ses entreprises, travail en réseau, partenariat public-privé, veille d’intérêt collectif.
La formule séduit puisque la France dispose désormais de 71 pôles de compétitivité se divisant en trois catégories:7 pôles mondiaux, 11 pôles à vocations mondiale et 53 pôles nationaux. Ils sont des lieux d’excellence dans un domaine qui est dédié à un territoire sur la base des concentrations antérieures de savoir-faire. En plus des réseaux d’entreprises au sein des pôles, il existe souvent un réseau d’entreprises associées bien qu’au-delà du périmètre du pôle.

Si l’IET est un concept facile à définir, sa concrétisation ne peut se décrire qu’à partir d’une typologie car les applications sont multiples en forme, densité et ampleur. Les politiques de développement à partir de ce concept relèvent autant d’une technique identifiée et assimilable par tous que d’une connivence entre le Préfet de Région représentant l’Etat, le Président du Conseil Régional élu du peuple ainsi que des milieux consulaires et patronaux.

Les conseils régionaux pratiquent l’IET de façon inégale, mais tout le monde a t’il les mêmes chances? L’Etat à partir du Service de Coordination de l’IE (SCIE à Bercy) intervient dans les régions par les chargés de mission à l’IE (CRIE). Sans oublier la DATAR qui vient en appui de cette politique avec ses compétences en conception et réalisation de projets territoriaux.

Madame Claude Revel, Déléguée Interministérielle à l’IE (D2IE) nommée en mai 2013, dispose depuis août dernier de moyens de mobilisation d’acteurs dont les collectivités locales pour le développement de l’IE et des bénéfices économiques que l’on en attend. Sa présence a été sollicitée pour le colloque « IE-Ressources Humaines » qui se déroulera à l’EDC le 12 décembre prochain avec la GPEC territoriale parmi les sujets traités.

Quoi de neuf pour demain ?
On dit qu’à l’avenir, dans le sillage de la théorie de K Ohmae, il y aurait une forte métropolisation de la planète avec deux cents « régions-états », sortes de gigantesques pôles de compétitivité (pas seulement l’Ile de France mais tout le bassin parisien serait un des deux cents), constitués à partir de la logique territoriale des entreprises.
Les Etats tels que nous les connaissons avec leur rôle socio-politique autant que juridico-économique seraient réduits à peu de choses….. L’idée peut séduire, sa réalisation…à voir.

Eric Valin
Consultant et formateur en intelligence économique
Directeur d’un 3ème cycle-M2

 

EDC Paris

EDC Paris, qui délivre un diplôme visé à bac+5 conférant le grade de master, a été fondée en 1950.
L’École a la particularité d’appartenir à 230 de ses Anciens. Elle est réputée pour son puissant réseau et consacre, depuis 20 ans, sa pédagogie à la création d’entreprise. EDC Paris est membre de la Conférence des Grandes Ecoles.
Le groupe EDC Paris a développé Sup de Luxe (Chaire Cartier), formation devenue la référence pour la profession, et Sports Management School (SMS), qui a ouvert ses portes à la rentrée 2011.

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