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Utilisation des plateformes pédagogiques dans l’enseignement

GrandAngle: La création de nouveaux outils n’est-elle pas une difficulté technique supplémentaire pour les enseignants…
Publié le 29 décembre 2013
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GrandAngle: La création de nouveaux outils n’est-elle pas une difficulté technique supplémentaire pour les enseignants qui n’ont pas tous la maîtrise du numérique ?
Emmanuelle Bernardin : Ce n’est pas un problème de compétence, mais d’appétence. L’ergonomie des plateformes a considérablement évolué et elles ne sont pas vraiment difficiles à maîtriser. En revanche, leur utilisation se prépare et prend du temps. Certains professeurs estiment que se faisant, ils ne font pas leur métier, c’est-à-dire enseigner et faire de la recherche.
On assiste alors à différentes formes de contournement et donc, selon qu’un professeur utilise volontiers la plateforme ou à minima, à de grandes disparités dans le développement de contenus et dans l’usage. Cette disparité peut perturber les étudiants qui ont encore besoin que le contenu proposé soit structuré et homogène au sein d’un même programme. Cette attente conduit à une nécessité d’harmonisation des contenus et de leur animation.
GA: Quelles sont les applications pédagogiques de ces nouvelles plateformes ?
EB: Elles sont multiples, avec une dualité intéressante : elles permettent d’individualiser l’apprentissage et la relation entre l’enseignant et l’étudiant, tout en favorisant le travail collaboratif. Toutefois il faut les utiliser à bon escient et se méfier de l’engouement général pour se concentrer sur leur pertinence.
Certains fournisseurs proposent aujourd’hui d’adjoindre aux cours des systèmes de vote en ligne utilisables en présentiel. Très bien, mais pourquoi ? alors que les élèves peuvent si facilement lever la main.
GA: La diversité de ces applications ne rend elle pas l’acceptation pas les étudiants plus difficile ?
EB: Les élèves sont paradoxaux, ils font une très nette différence entre ce qui est du ressort du privé et ce qui est professionnel.
A titre privé, ils sont capables d’utiliser plusieurs plateformes et de passer de l’une à l’autre sans aucune difficulté. En revanche, pour les plateformes pédagogiques, ils demandent une harmonisation. Personnellement et après les avoir questionné, je ne fais plus aucune formation formelle à l’utilisation de la plateforme. Ils découvrent une nouvelle plateforme et se l’approprient intuitivement, c’est générationnel, mais ils doivent pouvoir prendre les mêmes réflexes automatiques qu’ils ont pris sur d’autres plateformes.
Aujourd’hui, l’enjeu est plus dans le développement de contenus. Les éditeurs l’ont compris et proposent désormais des contenus intégrables aux différentes plateformes, incluant la création d’examens en ligne, la lutte contre le plagiat, ou encore la réalisation de quizz avec notation automatique.
GA: Estimez vous que l’enseignement en ligne soit désormais incontournable ?
EB: Oui, mais à des échelons différents selon les écoles et les professeurs. A minima, et ce n’est pas de l’enseignement en ligne mais une simple utilisation de la technologie dans l’enseignement, le dépôt de documents est indispensable et attendu par les étudiants. Le développement de programmes entièrement dispensés en ligne dépendra de la stratégie de l’école mais apparaît de plus en plus comme un vecteur de croissance et une réponse aux attentes d’une certaine catégorie d’apprenants.
GA: Quelles sont vos conclusions ?
EB: L’utilisation d’une plateforme est de 3 ordres
Cela va du simple dépôt de documents au tout en ligne, en passant par le blended learning (formule mixte), il est donc difficile de faire une conclusion générale.
En ce qui concerne un usage mixte, l’idée est d’utiliser la technologie en amont des cours pour ne plus la subir pendant, ce qui a été le cas avec les présentations de type Powerpoint qui peuvent brider l’enseignement. Une bonne utilisation d’une plateforme doit permettre de gagner en flexibilité. Pour nous, l’intérêt d’une plateforme est de faire en ligne tout ce qui est possible, afin de ne garder en séance que les discussions et les interrogations majeures et nous savons, parce qu’ils nous l’ont dit, que nos étudiants préfèrent poser leurs questions en face à face.
Certains professeurs peuvent aujourd’hui arriver en cours avec les mains dans les poches, non pas parce qu’ils n’ont rien préparé, mais précisément parce qu’ils sont parfaitement prêts et avec ces professeurs, le cours devient beaucoup plus vivant et plus interactif. La valeur ajoutée d’un professeur, par rapport au « tout en ligne » c’est précisément de pouvoir sortir du cadre. Je dirais donc, pas d’engouement excessif et pas de systématisme. Il faut avant tout se poser les bonnes questions, quel est l’apport de la technologie ?
La technologie ne peut en aucun cas remplacer la pédagogie, mais elle peut nous aider à la transformer, à faciliter l’apprentissage, sans perdre de vue notre objectif principal, qui est de guider nos étudiants dans la construction de leurs connaissances et l’acquisition de leurs compétences.

Emmanuelle Bernardin
Professeur associé
Responsable de la Cellule Innovation Pédagogique
Audencia Group

 

Formation
• Doctorat en Sciences de Gestion – Université de Nantes
• DEA ès Sciences de Gestion (Approches Organisationnelles des pratiques de Management) – Université de Nantes
• DESS Nouveaux médias de communication à distance et Management de Projet
Thèmes de recherche
• Management de projet
• Efficacité des systèmes e-learning
Thèmes d’enseignement
• Management des Systèmes d’Information
• E-marketing
• Management de projet
• Méthodes et outils de conseil
Expérience
• Professeur associé affilié- Boston University, MA
• Enseignant à temps partiel – Université de Georgia State à Atlanta
• Chargée d’enseignement à la Faculté de Sciences Economiques et de Gestion – Université de Nantes
• Directrice Générale – NewMed : société de production de supports multimédias

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