Le Laboratoire Ville Mobilité Transport (LVMT) est une unité de recherche mutualisée par l’École des Ponts ParisTech, l’IFSTTAR (Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux) et l’Université Paris Est Marne-la-Vallée. Ces trois organismes lui ont confié une mission de recherche et de formation sur un objet scientifique : la ville comme milieu de vie pour la société, en interaction avec ses systèmes de transport intérieur et extérieur.
Les recherches du Lvmt contribuent à établir une science systémique du territoire, qui théorise des structures et des comportements tant physiques qu’économiques et sociaux, dans le territoire, espace investi par des groupes sociaux, qui l’investissent, le transforment et s’y régulent par des pouvoirs collectifs. Cette « physiologie territoriale » transcende les disciplines classiques mobilisées par les chercheurs du laboratoire : géographie, sociologie, économie, physique et modélisation mathématique.
La théorisation des phénomènes, par abstraction et généralisation, est soutenue par leur modélisation et le développement de simulateurs. Le laboratoire traite en particulier :
- le transport routier en termes de circulation et de stationnement ;
- les réseaux de transport collectif ;
- les systèmes fonciers et immobiliers, leurs marchés économiques en liaison avec l’accessibilité spatiale qu’induit le système de transport.
Il applique ses outils, ou des approches simplifiées, à la conception et à la prospection de systèmes : entre autres, des modes innovants basés sur des véhicules partagés, des liaisons par autocars à haut niveau de service en périphérie parisienne, la conception éco-orientée de quartiers…
LES PROBLÉMATIQUES DE RECHERCHE
La vie en ville des personnes résidentes ou en visite repose sur des conditions matérielles (bâtiments, réseaux, approvisionnements) et sur des formes d’organisation : notamment les marchés immobilier et foncier, le marché du travail (qui est source de production pour les entreprises et source de revenus et de biens pour la consommation des ménages) et le marché du transport, qui permet aux individus de mener des combinaisons d’activités. Quelles sont les formes spatiales de la ville : quels usages du sol pour des fonctions résidentielles, productives ou récréatives, avec quelles intensités, en quelles positions, dans une configuration structurée par les réseaux de transport qui induisent l’accessibilité ? L’espace urbain est occupé et investi par des acteurs, des groupes sociaux : lesquels et de quelles manières, dans quelles pratiques d’activités et de déplacements ?
Les acteurs sociaux jouent des rôles économiques, comme producteurs ou comme consommateurs : quels prix immobiliers et fonciers, quelles localisations (en surface et en position) résultent de la rencontre entre la demande et l’offre sur le marché immobilier dans l’espace ? Quelles conditions de déplacement et quels flux, selon les modes de transport, les lieux et les temps, résultent de la rencontre entre la demande et l’offre de transport ? Ces interactions sont marquées par des contraintes de capacité : rareté du logement en zone centrale facile d’accès physique (mais pas financier), congestion en transport sous diverses formes.
Les comportements des acteurs, ainsi que le fonctionnement des marchés et des réseaux, présentent des régularités physiques, techniques et économiques : lesquelles, comment les modéliser afin de concevoir et de planifier des systèmes plus performants, y compris au plan environnemental ? Spécifiquement, comment intensifier l’urbanisation au voisinage des gares ferroviaires afin d’offrir conjointement des aménités dans un cadre de proximité, et des opportunités d’emploi dans un bassin large rendu accessible par un mode de transport à haute capacité ?
Enfin, la ville en tant que territoire engage un espace avec une société et un pouvoir collectif : quelles sont les conditions d’exercice de ce pouvoir, quels acteurs institutionnels (collectivités territoriales, grands opérateurs…) en détiennent quelle partie, selon quel secteur de compétence et dans quelles parties de l’agglomération ?
L’approche : une science systémique du territoire
La science du territoire est en plein développement, et le laboratoire y contribue en réalisant :
- des descriptions de cas : approches sensibles de géographie et de socio-politique ;
- des analyses prospectives à caractère socio-économique (cf. article de M.H. Massot) ou technologique (cf. article de J. Laterrasse) ;
- des modélisations de structures et de comportements physiques et économiques, pour des réseaux de transports collectifs (cf article de F. Leurent) mais aussi des modèles routiers de circulation, de stationnement, de véhicules partagés, de fret et logistique (cf. article de F. Combes) et des modèles du système de logement ;
- des méthodologies d’évaluation au plan économique (avantages et coûts d’un état de système pour chacun des acteurs), ainsi qu’au plan social (qu’en est-il de l’équité ?) et au plan écologique ;
- des recommandations de planification pour des territoires particuliers, dans des recherches-actions en aménagement.
Chacune de ces activités mobilise une discipline de base, qui peut être la géographie, la sociologie, l’économie, la physique ou la modélisation mathématique. Par delà cette pluralité, cette pluridisciplinarité, les activités sont toutes sensibles au territoire, à la complexité de sa composition, aux interactions entre ses composantes ; et recherchent une compréhension structurée, systémique, pour fonder une science que nous pourrions nommer la « physiologie territoriale ».
ACTIVITÉS DE FORMATION
Les membres du laboratoire contribuent à de nombreux enseignements supérieurs, tout particulièrement à l’Ecole des Ponts ParisTech en formation d’ingénieur et à l’Université Paris-Est en formation mastérienne et doctorale. Le master Cité-Mobilité (CIMO) est un produit phare, qui prépare à un large éventail de métiers pour gérer, concevoir, composer, planifier un système territorial. Une filière d’Ingénierie des systèmes de transport est en émergence à l’Ecole des Ponts PartisTech. La pédagogie engage des projets de conception pour des cas réels : plan de déplacement d’entreprise, conception éco-orientée de quartier, fiabilisation d’une ligne ferroviaire, business plan pour des systèmes de véhicules partagés…
COMPOSITION, HISTOIRE, DISTINCTIONS
Début 2011 le laboratoire comprend une soixantaine de membres, parmi lesquels 23 chercheurs ou enseignants-chercheurs permanents dont huit sont habilités à diriger des recherches, trois agents d’administration et une trentaine de jeunes chercheurs en CDD (une vingtaine en doctorat).
Son effectif est jeune dans l’ensemble, sous l’égide de quelques membres seniors. Cette jeunesse va de pair avec l’histoire du laboratoire, établi fin 2003 et marqué par une série de recrutements choisis.
Les chercheurs du laboratoire ont reçu de multiples distinctions au fil des années, parmi lesquelles ressortent le prix Aydalot obtenu par S. Wenglenski en 2006, le prix Neil Mansfield reçu par F. Combes en 2010 et le prix Aperau attribué la même année à A. Aguiléra.
PARTENARIATS
Au plan académique, le laboratoire coopère avec les unités de l’Ifsttar (Grettia, Splott, Dest), le Cired et le Latts, sur le campus de la Cité Descartes à Paris-Est. Il est lié également aux Mines ParisTech (CEP, CGS), à AgroParisTech et à l’Ecole Polytechnique (CRG). Le LET lyonnais est un partenaire récurrent. A l’international, des relations sont poursuivies avec les Universités de Montréal (INRS), de Delft, Imperial College London…
Au plan industriel, le laboratoire collabore avec des organismes publics (ministère du Développement durable, direction régionale de l’Equipement en Ïle-de-France, Région Île-de-France, Ville de Paris, Conseil général 77, EPA Marne, STIF…) et des grandes entreprises (Ratp, Sncf, groupe Vinci dont Cofiroute, groupe Sétec, Renault, Edf, Véolia, La Poste…).