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La parole à M’hamed Drissi, directeur de l’INSA Rennes, animateur de la commission Recherche & Transferts de la CGE et Président de la Conférence des Directeurs des Grandes Écoles de Bretagne

SE RENOUVELER EN PERMANENCE DANS UNE DIVERSITÉ CULTURELLE ET DISCIPLINAIRE MET L’INNOVATION À PORTÉE DE…
Publié le 3 décembre 2012
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SE RENOUVELER EN PERMANENCE DANS UNE DIVERSITÉ CULTURELLE
ET DISCIPLINAIRE MET L’INNOVATION À PORTÉE DE MAIN

L’innovation est réputée être l’un des moyens clés d’acquérir un avantage compétitif. Souvent appréhendée sous l’angle technologique, elle peut être aussi organisationnelle, thérapeutique, environnementale, artistique, sociale, pédagogique…

Elle constitue avant tout une capacité à se renouveler et à transférer, de manière concomitante, en valorisant ses compétences et, à créer de la valeur en apportant quelque chose de nouveau au produit ou service considéré.

Le transfert vers les entreprises peut principalement s’opérer de deux manières :

  • Par la recherche et en particulier via les travaux des chercheurs et des doctorants
  • Par la formation des étudiants (ingénieurs, docteurs…) dans un environnement propice à l’innovation

Cette deuxième voie revêt bien évidemment un caractère primordial car elle répond de manière massive et rapide aux besoins d’innovation et de modernisation des entreprises.

Les liens de proximité qu’entretiennent les grandes écoles avec les entreprises favorisent le croisement entre les thématiques de recherche de leurs laboratoires et les demandes issues du monde socio-économique. De ces interactions naissent des projets collaboratifs souvent portés par les écoles au sein de différentes structures : pôles de compétitivité, instituts Carnot, plus récemment IRT (Instituts de recherche technologique) et IEED (Institut d’excellence sur les énergies décarbonées) du programme Investissements d’avenir. Un phénomène, qui s’apparente à des ondes stationnaires, est ainsi créé entre recherche et innovation.

Comment préparer les nouvelles générations pour qu’elles soient porteuses d’innovation, pour en faire un élément de compétitivité pour le développement économique et social ?

Dans un contexte mondial où les situations de crise ne sont plus l’exception mais l’ordinaire, il est vital d’apporter un soutien fort aux PME et ETI innovantes qui composent notre tissu industriel. Pour se faire, les établissements de l’enseignement supérieur et de la recherche développent des initiatives pour mieux préparer les futurs cadres aux enjeux à la fois économiques et sociétaux du monde de demain. Une nécessité pour eux d’être aussi bien armés que possible, en maîtrisant les différentes phases de la chaine de valeurs de l’innovation.

A titre d’exemples, de nombreux modules et projets de sensibilisation à la recherche et à l’innovation ont été mis en place au sein des cursus de formation des grandes écoles. Des stages en laboratoire et des espaces d’incubation interne aux écoles sont également proposés aux étudiants, souvent à partir de la deuxième année du cycle d’ingénieur. A cela, il faut également ajouter l’investissement des jeunes dans les activités associatives, culturelles et humanitaires. Les objectifs recherchés sont essentiellement de développer la curiosité et la rigueur, d’accompagner l’initiative d’innovation, de catalyser la créativité, de mobiliser l’intelligence collective. Le rapport de synthèse du groupe de travail conjoint des commissions Recherche et Transferts et Formations de la CGE met en exergue ces aptitudes majeures à développer chez nos ingénieurs et managers. Il précise que l’initiation à la recherche développe l’ensemble de ces aptitudes, même si les résultats constatés restent hétérogènes selon les écoles. Il confirme, si besoin était, la pertinence d’un modèle de campus intégré, ouvert à la recherche, à l’innovation, à la société et à l’international dès la première année de formation.

Des progrès significatifs ont été réalisés et le mouvement déjà amorcé mérite d’être amplifié. Il faut toutefois noter que les idées les plus novatrices dans ce domaine n’ont pas encore été mises en œuvre, souvent bloquées faute de ressources suffisantes et de manque de reconnaissance de ces activités dans les carrières des enseignants-chercheurs. On ne peut donc que se réjouir des mesures annoncées le 7 novembre 2012 par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Dans une société en changement, il est important de tirer profit de la différence générationnelle pour sensibiliser et initier les jeunes très tôt à la recherche et à l’innovation. La sensibilisation doit avoir lieu dès les premières phases d’orientation, en permettant notamment aux lycéens d’y participer. Aussi, nous avons besoin d’une pédagogie, elle aussi, innovante qui responsabilise les étudiants et les prépare à assumer la complexité, la diversité et le changement. Le futur diplômé doit fonder sa légitimité sur des compétences encore plus élargies et pas seulement sur un parcours aussi élitiste soit-il. Il me semble essentiel de casser la « boîte » qui masque nos vrais problèmes culturels de l’innovation. C’est un état d’esprit à développer chez les jeunes pour les placer en situation d’innovation. La multiplicité des canaux de transmission du savoir nous conduit à privilégier les échanges et l’accompagnement de projets communs portés par de futurs ingénieurs, managers et designers, au sein d’un campus local ou international. La diversité de leur culture et de leur démarche permet souvent de créer, en visitant des espaces à la frontière de leur discipline. Le brassage se vit et ne s’apprend pas. Il permet de se renouveler en permanence dans une diversité culturelle et disciplinaire qui met l’innovation à portée de main.

A quoi sert l’innovation si elle n’est pas échangée et appropriée par tout acteur dans la perspective de la faire grandir ? Quels sont les outils ou les axes d’amélioration qu’une grande école peut prévaloir ? Il est de notre responsabilité de grande école de créer un environnement vertueux à l’innovation, en s’appuyant sur nos réseaux des anciens élèves, sur nos clubs partenaires entreprises et sur l’écosystème local, en orchestrant les différents flux d’innovation issus de nos structures pour alimenter le développement économique et social.

M’hamed DRISSI
Directeur de l’INSA de Rennes
Animateur de la commission Recherche & Transferts de la CGE
Président de la Conférence des Directeurs
des Grandes Écoles de Bretagne

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