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L’entrepreneuriat, une affaire d’état d’esprit et d’écosystème

L’innovation constitue aujourd’hui un des principaux moteurs de la croissance. Aussi, dans le contexte économique…
Publié le 22 novembre 2013
L’entrepreneuriat, une affaire d’état d’esprit et d’écosystème
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L’innovation constitue aujourd’hui un des principaux moteurs de la croissance. Aussi, dans le contexte économique actuel, la création d’entreprises innovantes et à fort potentiel, les fameuses start-up, est devenue un enjeu majeur pour les pays. Elle l’est par voie de conséquence également pour les établissements d’enseignement supérieur et de recherche qui forment les talents et génèrent des inventions qui pourront faire les succès entrepreneuriaux de demain.

Force est de constater que, dans notre pays et contrairement à ce qui se passe par exemple dans tous les quartiers résidentiels américains, les enfants ne profitent pas, dès leur plus jeune âge, de la moindre occasion pour vendre de la limonade ou des cookies à tous les coins de rue pour financer évènements, projets ou dons à une charité.
Force est de constater également qu’en France, les enseignements dispensés tout au long de la scolarité générale ne sont pas de nature à donner l’envie d’essayer, d’accepter et d’apprendre de ses erreurs puis de recommencer.

Le rôle des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, qui accompagnent étudiants et élèves lors de leur passage vers la vie professionnelle, est donc fondamental : c’est finalement à nous qu’il appartient de promouvoir l’entrepreneuriat, l’innovation et la prise de risques auprès d’eux. Il nous faut leur apprendre que le succès n’est jamais acquis, l’échec jamais définitif, car porteur d’expérience.

Un état d’esprit entrepreneurial : un déclic à créer
Cet état d’esprit qui donne envie d’oser, d’être audacieux, à l’affut des besoins non satisfaits et des opportunités de changement de son environnement, n’est pas inné ; il s’acquiert. Et bien souvent, il suffit de peu pour le développer.
Les étudiants et jeunes diplômés sont aujourd’hui, plus encore qu’hier, à l’écoute de leur environnement. Ils sont dynamiques et enthousiastes, souvent prêts à prendre des risques, ce à quoi les incitent une absence de situation personnelle et professionnelle établie mais aussi, parfois, un peu d’insouciance.

Les occasions offertes aux étudiants de se confronter à l’entrepreneuriat ne manquent pas : rencontres avec des entrepreneurs qui viennent partager leurs expériences mais aussi avec des chercheurs ou des entreprises qui disposent d’une invention qu’ils ne savent pas valoriser ; mise en œuvre pratique d’un cours consacré à la création d’entreprises ; travaux en équipe, stage ou même projet entrepreneurial. Nous pouvons facilement les décupler. Ces opportunités de toucher du doigt la création d’entreprises sont des moyens de créer le déclic dans l’esprit de nos étudiants et de leur faire prendre conscience que chacun peut se lancer dans une telle aventure. N’oublions pas que plus de la moitié des entrepreneurs ont créé leur première entreprise alors qu’ils avaient moins de 30 ans, beaucoup à la sortie de leurs études, voire même pendant.

Un écosystème propice à l’échange et favorable aux initiatives
L’écosystème dans lequel sont baignés les étudiants est lui aussi essentiel. Accompagnement par des laboratoires et des enseignants-chercheurs, business angels, love money, pré-amorçage qui se développe, fablab, incubateurs, constituent des éléments de l’écosystème qu’il importe de déployer autour de l’entrepreneur, jeune ou non. Un établissement d’enseignement supérieur et de recherche comme l’École polytechnique et ses 21 laboratoires multidisciplinaires constituent à cet effet un terrain propice à l’éclosion de start-up innovantes.

Mais, plus encore que cet écosystème, il est nécessaire de leur offrir plus d’outils concrets modernes ainsi qu’un mode d’emploi clair, simple et approprié.
En matière d’outils concrets, le seul fait d’accompagner les entrepreneurs permet d’abord de les écouter puis de décrypter leurs besoins, que ces derniers puissent être satisfaits ou non. Ainsi, il devient possible de compléter progressivement cet écosystème par des outils adaptés, potentiellement innovants, répondant à leurs besoins non encore satisfaits. Il pourra s’agir par exemple d’augmenter les opportunités de rencontres avec les grands comptes, clients et partenaires potentiels ou de favoriser l’accès à des ressources dont l’entrepreneur qui se lance a besoin mais qu’il ne peut s’offrir seul.
En matière d’accès des entrepreneurs à cet écosystème, il importe de centrer soigneusement l’offre sur leurs besoins. Il ne s’agit nullement de leur proposer un écosystème dont la maitrise leur consommerait un temps dont, indéniablement, ils ne disposent pas. Il s’agit bien de leur dessiner un accès progressif, convivial et centré sur leurs priorités.

Les opportunités entrepreneuriales se multiplient et pour ceux qui préfèreront rejoindre grands groupes et administrations, les occasions d’interagir avec des start-up sont et continueront à être toujours plus nombreuses. Le monde en plein changement y incite inévitablement. La concurrence les démultiplie. L’appétit des grands groupes les renforce. Aussi, insuffler une culture entrepreneuriale à tous nos étudiants est un défi, probablement aussi ambitieux qu’essentiel, que nous nous devons de relever : il permet de les aider à en comprendre au mieux les problématiques et à disposer, quand ils se lancent, des meilleures chances de succès.

 

Matthieu Somekh

Matthieu Somekh a débuté sa carrière dans l’industrie du laser et eu plusieurs expériences entrepreneuriales au cours desquelles il a eu l’occasion de construire des collaborations industrie – recherche académique au service du développement de produits fortement innovants.

Depuis 5 ans, il est en charge à l’Ecole Polytechnique de valoriser la recherche scientifique et développer l’entrepreneuriat. Il intervient notamment auprès des porteurs de projet de création d’entreprise, tant issus de la recherche que des idées des étudiants, pour les accompagner dans les premières étapes de lancement de leur projet.

L’École polytechnique

L’École polytechnique, largement internationalisée (30% de ses étudiants, 20% de son corps d’enseignants-chercheurs), associe recherche, enseignement et innovation au meilleur niveau scientifique et technologique. Sa formation promeut une culture d’excellence à dominante scientifique, ouverte dans une forte tradition humaniste. A travers ses trois cycles – ingénieur, master et doctorat – l’École polytechnique forme des femmes et des hommes responsables, capables de mener des activités complexes et innovantes, pour répondre aux défis de la société du XXI° siècle. Avec ses 21 laboratoires, tous unités mixtes de recherche avec le CNRS, le centre de recherche de l’École polytechnique travaille aux frontières de la connaissance, sur les grands enjeux interdisciplinaires scientifiques, technologiques et sociétaux.

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