Environ 75% des troubles mentaux chez l'adulte se développent avant l’âge de 24 ans (1). La période de l’adolescence est marquée par de nombreux remaniements, à la fois physiques (modifications du corps), psychiques (croissance continue du cerveau) et sociaux (acquisition de nouvelles connaissances), dans un contexte de quête identitaire de l’individu. Le rapport au corps et aux émotions se modifie donc à cette période et le jeune adulte tente de se réguler comme il le peut (2). Tous ces remaniements rendent alors le jeune adulte particulièrement vulnérable. Les 18-25 ans peuvent ainsi contracter divers troubles psychopathologiques comme des troubles du comportement alimentaire, de l’anxiété, des symptômes dépressifs ou encore des troubles de l’usage de substances (3).
Contexte universitaire et implications
Les études supérieures, auparavant élitistes, se démocratisent et sont de plus en plus représentatives de la diversité des profils et de la complexité de la société. Les études supérieures se voient alors transformées pour atteindre une meilleure efficacité pédagogique et une adaptation à la société actuelle avec ses nouveaux défis. Parallèlement à cette exigence universitaire, nous observons différents phénomènes chez les étudiants, à savoir des taux élevés d’échecs, d’abandons, ou encore de réorientations. Le choix d’études supérieures est censé être le fruit d’une réflexion sur les aspirations futures de l’individu. Celui-ci met alors beaucoup d’attentes sur ses études à venir. Cependant, face à la réalité des méthodes d’apprentissage (mémorisation, accumulation de matières, nombreux rendus, etc.) et de la discipline exigée, le projet initial peut s’essouffler (4). Pour d’autres adolescents, le fait même de devoir réfléchir à un projet à long terme n’est pas possible à la sortie du bac.
Importance des cellules d’écoute pour les jeunes
Face à la détresse de ces étudiants, des campagnes de prévention et d’accompagnement psychologique sont alors lancées dans certains établissements par la mise en place de cellules d’écoute. Les problématiques des étudiants peuvent être de l’ordre d’une symptomatologie dépressive, de stress, d’anxiété, de difficultés d’ordre cognitif, de conflits relationnels, d'idées suicidaires, de troubles psychotiques, ou encore de questionnements.
Ces cellules d’écoute reposent sur l'accompagnement des étudiants en difficulté psychologique et visent à ce qu’ils puissent s’adapter et s’épanouir au mieux dans leur vie universitaire (5). Par ailleurs la cellule d’écoute est souvent le premier contact qu’a le jeune adulte avec le soin psychologique. Ce premier contact peut lui permettre de mettre des mots sur son vécu ou potentiel trouble. Cela facilite par la suite, une recherche d’aide adéquate et une réduction de la peur d’être stigmatisé. L’étudiant, étant informé, peut donner du sens à ce qu’il vit (6) comme c’est le cas dans le campus Unilasalle.
Le Service d’Ecoute et d’Accompagnement Psychologique (SEAP) du Campus Unilasalle
Depuis maintenant huit ans, le campus Unilasalle met à disposition de ses étudiants un Service d’Ecoute et d’Accompagnement Psychologique (SEAP).
Ce dispositif est tenu chaque année par des étudiants en dernière année d’études de psychologie à l’Ecole de Psychologues Praticiens à Paris. Ce service est gratuit et confidentiel et permet aux étudiants d’avoir facilement accès à un espace d’écoute et de prise en compte de leur santé mentale.
Cette année, le SEAP reçoit les étudiants sur rendez-vous et tient également une permanence téléphonique. Des ateliers sont également proposés au cours de l’année pour répondre au mieux aux situations rencontrées par les étudiants.
Par ailleurs, la visibilité du SEAP est permise grâce à la collaboration avec l’ensemble des salariés, notamment les professeurs, qui sont les premiers interlocuteurs des étudiants.
Nous constatons depuis ces huit dernières années, que les étudiants se sont appropriés cet espace dont ils n’hésitent pas à profiter (112 demandes et environ 280 entretiens pour l’année 2021-2022). Ce type de dispositif est essentiel pour prévenir l’enkystement d’éventuelles problématiques et pour réorienter les étudiants étant dans une situation difficile le plus tôt possible. Il permet également de leur faire sentir que leur santé mentale est mise au premier plan.
Emma Bertomeu et Morgane Bourçois
Notes :
1- Kessler, R., et al. (2007) Age of Onset of Mental Disorders: A Review of Recent Literature. Current Opinion in Psychiatry, 20, 359-364.
2- Badoud, D., Speranza, M., & Debbané, M. (2016). Vers un modèle du développement des dimensions de la mentalisation à l’adolescence. Revue québécoise de psychologie, 37(3), 4968.
3- Shankland, R. (2021). Développer la santé mentale des étudiants. Des outils à destination des professionnels (1). Elsevier Masson.
4- Paivandi, S. (2015). Apprendre à l’université. De Boeck Supérieur.
5- Benamsili, L., Fergani, L. (2020). Ecoute et accompagnement psychologique à l’université, 22(1), 677-688. ISSN: 1111-5149, EISSN: 2588 – 2430
6- Wei, Y., McGrath, P. J., Hayden, J., & Kutcher, S. (2015). Mental health literacy measures evaluating knowledge, attitudes and help-seeking : A scoping review. BMC Psychiatry, 15(1), 291.
Emma Bertomeu
&
Morgane Bourçois
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