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Notre société a besoin de former des élites qui lui ressemblent

Dans un monde qui bouge très vite, qui se recompose, et dont les paradigmes changent,…
Publié le 22 avril 2014
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Dans un monde qui bouge très vite, qui se recompose, et dont les paradigmes changent, il est indispensable d’aller chercher nos futurs dirigeants dans toutes les couches de la société afin de se donner le maximum de chance pour faire émerger les élites dont nous aurons besoin.

L’ouverture sociale est donc d’abord un enjeu d’efficacité sociétale avant d’être un enjeu social.
Les grandes écoles s’y sont attelées depuis un certain nombre d’années avec des succès indéniables même si l’horizon de notre ambition recule toujours au fur et à mesure que les résultats avancent.
Les cordées de la réussite, mises en place en 2008, ont connu un vaste succès et permis la mise en place de nombreux dispositifs, associant nos étudiants, via du tutorat, et permettant de préparer des lycéens et des collégiens qui ne l’envisageaient pas à passer nos concours et à viser l’excellence pour leurs études.

Ce dispositif, financé par le ministère de la Ville, est cependant aujourd’hui confronté à une baisse des crédits publics et a besoin d’un second souffle : entre les pouvoirs publics locaux et nationaux et les entreprises, il faudrait qu’un nouveau modèle de financement puisse émerger pour permettre d’inscrire ces démarches dans une phase de développement et de consolidation. L’observatoire mis en place par l’Etat à partir de 2012 devrait aussi nous permettre de piloter ces dispositifs avec une bonne analyse des résultats obtenus.
En tout cas les résultats sont là et l’augmentation du taux des boursiers en témoigne.
La dynamique choisie par les grandes écoles est donc préférentiellement de donner les moyens académiques et psychologiques aux jeunes issus des classes moyennes et défavorisées de se lancer dans des études longues et exigeantes. Le modèle Sciences Po n’a pas été reproduit car le concours est pour les grandes écoles le moyen d’identifier la capacité ultérieure à réussir les études. Il ne s’agit pas de faire rentrer des étudiants pour ensuite les mettre en risque d’échouer. Il est cependant probable que des évolutions devront avoir lieu dans les contenus des concours.
Nombreux sont les jeunes qui ont réussi ces dernières années grâce aux cordées de la réussite, mais ces dispositifs restent forcement limités : une plus large communication grand public pourrait permettre de toucher plus de jeunes, et, en leur donnant des modèles, de les pousser à s’engager eux aussi sur cette voie. Il est vraiment dommage que, sur ces sujets, de nombreux médias soient plus prompts à parler de ce qui ne va pas qu’à valoriser les réussites. Ce faisant, ils confortent auprès des jeunes l’idée que ce n’est pas pour eux et renforcent les stéréotypes !
Cependant, toutes ces démarches sont des démarches individuelles : elles permettent de donner leur chance à quelques individus plus motivés que les autres, dans des milieux éloignés des études longues et de l’accès à des carrières de cadres supérieurs.
C’est important, nécessaire mais pas suffisant. Cela ne permettra pas de changer les représentations des classes dirigeantes et leur compréhension des réalités sociales sur lesquelles elles ont ensuite à agir, au sein de l’entreprise comme auprès des pouvoirs publics.
Il faut donc agir aussi sur les contenus des enseignements délivrés dans nos écoles pour que la question de l’ouverture sociale s’inscrive dans les compétences attendues à la sortie.
L’étape suivante va consister à tirer parti des expériences menées ces dernières années pour modifier la pédagogie. Nous devons mettre nos étudiants au contact des réalités sociales dans le cadre de leur cursus. L’ouverture sociale devra ainsi se faire dans la tête de chacun de nos étudiants pour qu’ensuite, dans le cadre de sa vie professionnelle, il soit en capacité de comprendre le monde dans lequel il vit et d’agir en conséquence.
Cette nouvelle étape, à imaginer avec les équipes pédagogiques de nos établissements, devrait donner un deuxième souffle à l’ouverture sociale pour favoriser la diversité des origines, des intelligences et des sensibilités dans nos écoles, et répondre à l’attente de nos sociétés, pour que nous formions des élites plus ouvertes et plus au contact de la réalité des évolutions du monde qui est le nôtre.

Pascal Ribon
Présidente de la Commission diversité
Directrice de l’ESTACA

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