Accueil 5 Diversité & Inclusion 5 Quand la vie en décide autrement pour Lionel (Esigelec) et Rémy (Grenoble INP)

Quand la vie en décide autrement pour Lionel (Esigelec) et Rémy (Grenoble INP)

Lionel Bore est un étudiant, originaire de l’Ain, entré en 2010 à l’ESIGELEC en 1ère…
Publié le 24 septembre 2014
Partager l'article avec votre réseau

Lionel Bore est un étudiant, originaire de l’Ain, entré en 2010 à l’ESIGELEC en 1ère année de cycle ingénieur. Bon élève, sportif, bien intégré, apprécié par ses camarades, il s’est investi à côté des cours dans la vie étudiante comme membre actif du BDE (Bureau des Elèves) où il organise le traditionnel voyage au ski en 2012. Désireux d’effectuer un cursus à l’étranger, il soigne son dossier scolaire et est accepté pour effectuer sa dernière année en double diplôme à l’Université de Cranfield (UK). Mais après avoir validé ses 2 premières années, à l’occasion d’un stage, le doute s’installe. Découragé, il tente de mettre fin à ses jours, mais la vie décidera autrement. Immédiatement pris en charge, il survit à son traumatisme.

Il revient aujourd’hui sur les difficultés qui l’ont conduit à son geste et nous livre son témoignage sur cette dure expérience, et sa gestion du handicap :

« J’ai effectué mon stage technicien dans une entreprise située à Saint-Etienne (42). Le sujet était très intéressant, et concernait le domaine de l’automatisme. Dès le début, je me suis retrouvé seul et je ne me sentais pas à la hauteur de la mission même si je n’étais que stagiaire et que l’entreprise n’attendait pas de moi autant que je le croyais. Je ne me sentais pas efficace, et mon entourage voyait bien que quelque chose n’allait pas… Très stressé par ma sélection à l’étranger, je me suis beaucoup mis la pression. Je n’étais plus moi-même. Je suis tombé malade, en dépression. Je me rabaissais constamment. Rentré chez mes parents après avoir vu un médecin à l’hôpital qui m’a prescrit du repos, c’est là que j’ai tenté de me suicider en sautant par la fenêtre de ma chambre.»
Lionel restera un mois et demi dans le coma. A son réveil, il est sous assistance respiratoire, ne peut plus déglutir et a besoin d’une gastrostomie (mise en place d’une sonde d’alimentation). Il ne peut plus parler et souffre d’une hémiparésie gauche (ses mouvements sont ralentis).

L’année universitaire 2012/2013 sera le temps de la convalescence et de la rééducation. A la lecture de l’encéphalogramme, les médecins parlent de plusieurs années pour recouvrir la motricité et la parole. Ils notent tout de même une absence de séquelles cognitives, seul signe positif à l’époque.
Lionel reçoit le soutien de sa famille, de ses amis élèves ingénieurs, de l’école, de ses amis du rugby : « Je n’ai pas eu le temps de me morfondre, et j’ai tout de suite repris goût aux choses. On ne m’a jamais lâché, l’école la première, mes amis ne m’avaient pas oublié. Beaucoup de monde était malheureux de ce qui m’était arrivé. La perspective de pouvoir reprendre l’école était très importante pour moi et ma santé mentale » nous confie-t-il.
Lionel est très assidu dans son travail de rééducation. Il est suivi par divers spécialistes, psychologue, orthophoniste, kiné. Il aura beaucoup de contacts à l’hôpital avec le personnel soignant et les autres patients. « Il faut se donner les moyens, provoquer la réussite » Cet investissement sera payant, et contre toute attente, il laissera de côté son fauteuil roulant au bout d’un an seulement de convalescence.

« L’ESIGELEC a pu aménager un cursus sur 2 ans pour ma 3ème année, comprenant même des cours en auditeur libre vu que les cours finissent fin janvier pour les 3ème année » explique-t-il. Il suit un cursus « à la carte » combinant des modules de 2° et 3° année. Il dispose également d’une chambre CROUS adaptée au handicap à proximité de l’école.

A l’ESIGELEC, 3 personnes, (référent pédagogique, référent vie étudiante, professeur) suivent le parcours de Lionel. Il a également assisté avec ses camarades aux conférences sur les handicaps animées par Bouygues Energies Services et Assystem.

L’histoire de Lionel et sa force intérieure face au handicap nous ont beaucoup touchés. Sa prise de recul par rapport aux évènements est une leçon de vie. « Cela peut arriver à n’importe qui de se sentir mal. Il faut rester ouvert, sortir de sa bulle. J’ai fait une bêtise, c’était une très mauvaise expérience mais une expérience tout de même ».

Depuis le 23 juin, Lionel est en stage chez TECHNIP à La Défense. L’entreprise lui a proposé un parcours adapté à son handicap : « Pendant 3 mois, je vais développer un outil de gestion sous Microsoft Project. Mon handicap n’est pas un frein au travail, quand on veut on peut, les entreprises disposent de solutions pour s’adapter ».

Il a aussi réalisé de nouveaux progrès et arrive depuis peu à monter les escaliers sans se tenir à la barre.

Il terminera notre entretien sur cette belle phrase : « Le cerveau est une sacrée machine, il faut la nourrir d’informations positives. »

Partager l'article avec votre réseau
Loading...