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Une après-midi au SIFE et l’interview d’Aymeric Marmorat, directeur exécutif SIFE France

“To bring together the top leaders of today and tomorrow to create a better, more…
Publié le 22 juillet 2012
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“To bring together the top leaders of today and tomorrow to create a better, more sustainable world through the positive power of business.”* (*Mobiliser la prochaine génération de dirigeants pour construire ensemble un monde meilleur et durable grâce à la force positive de l’entreprise.)

QUELS SONT LES OBJECTIFS DU SIFE ?
Mettre l’emphase sur une approche « durable » et « positive » , telle est la ligne de conduite de l’organisation SIFE World Cup, dont la branche française est présidée par Jean-Luc Decornoy (président de KPMG).

Avec 39 pays participants à travers le monde, 57 000 étudiants prêts à apporter leur aide aux populations en difficultés grâce à 6 500 projets, SIFE fédère, passionne et implique ces jeunes talents autour de projets uniques et solidaires. Cette organisation se décline tout d’abord à l’échelle pour chacun des pays participants. Au total, 27 écoles participantes pour 57 projets présentés sont en lice pour la session France. L’objectif est simple : mettre la théorie et les connaissances du monde de l’entreprise au service de la création d’un ou plusieurs projet(s) éco-responsable(s) et solidaire(s). Appuyé par de nombreux partenariats avec des firmes renommées, SIFE donne à ses équipes aussi bien une dimension globale que concrète des enjeux humanitaires en valorisant les échanges entre étudiants et professionnels.

Ces étudiants « Sifeurs » sont donc venus en équipe de toute la France afin de porter haut les couleurs de leur(s) projet(s) devant un jury composé d’entrepreneurs, de chefs d’entreprise et de managers à d’autres postes clés. C’est à l’issue de la finale France que l’équipe gagnante choisie ira se mesurer cette fois aux équipes finalistes des 38 autres pays membres; lors de SIFE World Cup; qui se tiendra en octobre prochain à Washington sous le parrainage de Mme Hilary Clinton

UNE APRÈS-MIDI AU SIFE FRANCE

Le rendez-vous était fixé le vendredi 1er juin à la Cité universitaire. Ce qui est frappant, en arrivant sur place, c’est l’atmosphère mêlée de stress et de concentration qui règne, même depuis les jardins. L’annonce des écoles finalistes pour la session France est plus qu’imminente et les équipes tentent de tromper leur nervosité en commentant leurs prestations de la matinée.

La séance s’ouvre sur un discours d’Aymeric Marmorat, directeur exécutif de SIFE France, puis s’enchaîne sur la présentation des nombreux membres du jury. AUDENCIA, EUROMED MANAGEMENT, ECE INSEEC et enfin l’ESC Grenoble sont retenues pour la finale. Ça tombe bien ! J’ai justement la chance d’être assise à côté des représentantes de l’équipe d’AUDENCIA, heureuses élues quoique toutefois surprises.

Cependant, tout n’est pas joué, afin de gagner le sésame pour Washington, chacune des équipes finalistes devra convaincre une dernière fois le jury lors d’un ultime passage. Intégralement en anglais, les présentations sont rodées, dynamiques et interactives. Le professionnalisme et l’aisance de ces étudiants sont frappants. Tous semblent très impliqués et très émus de présenter leurs travaux, fruits d’une année (minimum) de travail acharné. En voici quelques exemples :

  • L’équipe de l’ECE INSEEC présente notamment « SheButter », projet visant à importer du beurre de karité en provenance du Burkina Faso, puis à effectuer le conditionnement dans un ESAT (Etablissement et service d’aide pour le travail) pour qu’il soit commercialisé par des femmes en phase de réinsertion professionnelle.
  • Grenoble École de Management défend son label « ECOFEST » mis en place depuis 4 ans, qui a pour but de récompenser les évènements étudiants jugés éco-responsables.
  • EUROMED propose son projet « Phoenix », système d’accompagnement tutoré entre lycéens et étudiants afin de favoriser l’égalité des chances.
  • L’équipe D’AUDENCIA soumet son projet « Hop &Trip » permettant à des personnes ayant des revenus modestes de voyager tout en se rendant utiles sur place.

Après quatre heures « d’hostilités » l’équipe représentant EUROMED est désignée vainqueur de la session SIFE France 2012.

L’ESPRIT SIFE

Il existe bel et bien un esprit « SIFE » commun à l’ensemble des participants. Présente en tant qu’observatrice, j’ai pu constater toute la ferveur et la fierté de ces étudiants lorsqu’ils parlent de leur projet. Ce qui est intéressant, c’est justement cette prise de conscience d’une génération de futurs cadres dirigeants, volontaires pour faire bouger les choses en remettant les valeurs de solidarité et de partage au cœur des compétences managériales.

Ce sont ces étudiants mêmes qui œuvreront demain en faveur d’un monde plus juste et plus équitable. Par ailleurs, conscients que leurs formations feront d’eux les acteurs principaux du social business de demain, les « sifeurs » semblent refuser le fatalisme. Responsabilité, implication et entraide semblent être les mots-clés de ces dirigeants en devenir… plutôt rassurant non ?

Interview Aymeric Marmorat, directeur exécutif de SIFE France

CGE : « Contribuer à apporter des réponses aux enjeux de société actuels » fait partie d’un de vos nombreux objectifs. Justement, quels sont les enjeux tangibles mis en avant par SIFE ?

A.M : SIFE a pour mission principale de rassembler le monde de l’entreprise et de l’enseignement supérieur afin de développer l’esprit entrepreneurial des étudiants et leur responsabilité sociétale. Notre finalité étant d’être utile à l’intérêt général pour répondre à un enjeu de société. Les enjeux tangibles mis en avant sont choisis directement par les étudiants.

Cette année, les étudiants ont choisi de mener des projets axés, par exemple, sur l’insertion, le développement durable, la nutrition, l’éducation ou encore l’accès a l’eau, ce qui représente à peu près 57 projets au total. La dimension internationale est également très présente puisque 1 projet sur 3 est mené à l’international.

CGE : Pensez-vous qu’il existe des limites au social business aujourd’hui ? Si oui, quelles sont-elles ?

A.M : Le social business a des limites comme tout modèle. L’important, aujourd’hui, est de réconcilier l’entreprise avec l’intérêt général et de faire een sorte que la création de valeurs et de richesse ne se fasse pas au dépend de la société mais, au contraire, qu’elle soit bénéfique à tous. C’est ce que Michael Porter défend dans son concept de valeur partagée (shared value). C’est aussi l’invitation que SIFE fait aux étudiants de tous les horizons : utiliser la force positive de l’entreprise pour créer un monde plus juste et plus équitable.

Le but n’est pas simplement de les sensibiliser à des apports de don(s), de matériel(s) ou de financement(s) dans le cadre de projets sociaux. Il s’agit davantage de les impliquer dans une transmission de compétences et de connaissances grâce aux outils de l’entreprise. L’objectif visé étant de favoriser l’autonomie des personnes ciblées a travers les différents projets.

CGE : L’alliance entreprises-mécènes-étudiants semble être un élément moteur dans l’activité du SIFE. Comment fonctionne ce partenariat ? Quels sont les bénéfices tirés de cette expérience autant pour les étudiants que pour les entreprises ?

A.M : Les entreprises sont réellement parties prenantes de SIFE puisqu’elles participent notamment au conseil d’administration, s’impliquent dans l’accompagnement des étudiants, dans les formations ou encore dans l’évaluation des projets tout au long de l’année.

Ce système de « tutorat » s’effectue à deux niveaux. Premièrement, nous avons des collaborateurs de ces entreprises mécènes, qui deviennent parrains des équipes et qui composent un « conseil consultatif de professionnels » qui va aiguiller les étudiants. Deuxièmement, les entreprises interviennent à travers 4 formations annuelles avec des problématiques diverses : comment évaluer son impact social ? ou encore comment manager son équipe ?

Un réel bénéfice mutuel est tiré de l’expérience SIFE qui va permettre non seulement aux étudiants de découvrir des métiers mais aussi de faciliter pour certains l’accès à des stages ou à des emplois. Les entreprises sont également bénéficiaires dans la mesure où elles vont pouvoir découvrir des jeunes talents dotés de créativité et de compétences managériales. Enfin il ne faut pas oublier les écoles, dont les étudiants sont les ambassadeurs à travers cette compétition. Par exemple, lorsque EUROMED MANAGMENT remporte la session 2012, c’est un véritable atout pour l’image et pour l’école elle-même auprès des entreprises. D’une manière générale, participer au SIFE permet aux écoles gagnantes de valoriser des compétences, des projets ainsi que des sensibilités aux enjeux sociétaux.

CGE : Au-delà des chiffres, quel est l’impact du SIFE sur les différents acteurs de cette organisation ?

A.M : Les étudiants sortent souvent transformés suite à leur expérience. D’un point de vue théorique, cette compétition leur apporte des compétences telles que la gestion de projet ou en finance, par exemple, mais SIFE leur apprend également à « savoir-être », à être entreprenant, à travailler en équipe, à oser prendre des risques mais également à se remettre en question. Pour être efficace dans leurs projets, les étudiants doivent apprendre à être à l’écoute de leurs co-équipiers, de leurs partenaires mais aussi des populations ciblées afin de cerner au mieux leurs besoins et leurs attentes. Mener un projet d’une telle envergure à seulement 20 ans, c’est apprendre à avoir confiance en soi et en son potentiel. Les étudiants parlent souvent d’une « expérience transformatrice ».

Quant aux populations touchées, certaines ont développé des revenus, ont désormais accès à un travail, à des compétences ou à des connaissances que les étudiants ont pu justement leur transmettre. On peut parler d’un impact qui sera à la fois qualitatif mais aussi quantitatif. Quantitatif parce que ces projets sont créateurs d’emplois ou de revenus, et qualitatif car les personnes visées vont réellement reprendre confiance en elles et développer leur réseau.

Nous travaillons de façon à pérenniser les impacts, c’est pour cela que nous encourageons les étudiants à penser aussi à la transmission de leurs projets.

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