Pilotée par l’OCDE, la 5ème enquête triennale PISA, Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves, a été menée en Mai 2012 au sein de 65 pays membres ou « économies partenaires » de l’OCDE. Représentatifs des quelque 28 millions de jeunes de 15 ans de ces pays, ce sont environ 510 000 élèves nés en 1996 qui ont pris part à cette enquête.
Mise en œuvre sous la responsabilité de la DEPP pour la France, elle s’est déroulée dans plus de 200 établissements accueillant des élèves de 15 ans scolarisés dans des collèges et lycées sous tutelle du ministère de l’éducation nationale et du ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt. 5 700 élèves ont ainsi été soumis à PISA 2012 pour la France.
Publiés le 3 décembres 2013, les résultats de PISA 2012 ont été largement commentés par la presse et les pouvoirs publics. En France, les résultats des élèves français, sur lesquels nous reviendrons brièvement plus loin, ont été mis en perspective des résultats des autres pays européens et de quelques économies partenaires à des fins de comparaison et/ou de dédramatisation. En revanche, très peu d’analyses macro ont osé mettre ces mêmes résultats en perspective de ceux d’une « économie partenaire » particulièrement offensive en matière d’éducation : Shanghai !
Résultats France : une présentation des résultats très factuelle
Chaque édition de PISA est consacrée à un thème en particulier : lors de l’édition 2012, le focus était mis sur la culture mathématique, les thèmes de la compréhension de l’écrit et de la culture scientifique étant annexes.
2 numéros de Note d’Information (DEPP) ont été publiés en décembre dernier suite à communication des résultats internationaux par l’OCDE.
Il est intéressant de constater que le premier n° paru, n° 13.30, ne présentait pas les résultats en culture mathématique, mais était consacré à « L’évolution des acquis des élèves de 15 ans en compréhension de l’écrit et en culture scientifique – premiers résultats de l’évaluation internationale PISA 2012 ». Dédié aux thèmes annexes de PISA 2012, ce numéro se veut rassurant. En effet, les résultats obtenus par les élèves français en compréhension de l’écrit sont stables et même, pour la première fois depuis la première édition, sont supérieurs à la moyenne des pays de l’OCDE. Par ailleurs, en culture scientifique, les résultats des élèves français restent stables et dans la moyenne des pays de l’OCDE. Rappelons toutefois que ces thèmes étaient mineurs dans PISA 2012.
Le n° 13.31 de Note d’Information, paru également en décembre 2013 est plus inquiétant. Dédié au thème principal de PISA 2012, la culture mathématique, il fait état d’un niveau qui reste dans la moyenne des 34 pays de l’OCDE, mais qui baisse significativement depuis l’édition 2003 (-16 points), elle aussi consacrée à la culture mathématique. Supérieur au score moyen des pays de l’OCDE il y a 9 ans, le niveau des élèves français est désormais juste à la moyenne ; notons toutefois que c’est le cas de la majeure partie des pays avec lesquels la France aime à être comparée (Danemark, Canada, Finlande, Suède pour ne citer qu’eux). Outre la baisse constatée du niveau des élèves français en culture mathématique, c’est l’amplification des inégalités qui est révélée par les résultats. En effet, si la proportion d’élèves très performants en maths reste à peu près stable entre 2003 et 2012, celle des élèves en difficulté, voire grande difficulté (sous le niveau 2 de compétence) a fortement augmenté, démontrant que la dégradation du système s’est opérée par le bas. Origine sociale, milieu socio-économique et/ou culturel des parents, immigrants de 1ère ou 2ème génération sont autant d’éléments à prendre en compte pour expliquer que le système éducatif est plus inégalitaire aujourd’hui qu’il ne l’était il y a 9 ans. Dommage collatéral, les élèves issus de milieux moins ou peu favorisés que la moyenne sont également ceux qui sont le moins impliqués dans leur processus d’apprentissage, démontrant moins de motivation que leurs camarades et initiant ainsi, voire confirmant, une spirale descendante dénommée « déterminisme social » dans Note d’Information. Le tout étant aggravé par le contexte de crise économique et par suite, sociale, dans lequel évolue le pays depuis 5 ans.
Malgré ceci, la quasi-totalité de la presse écrite, audio, télévisuelle française, a présenté les résultats de cette 5ème enquête comme démontrant, nonobstant une légère baisse du niveau des élèves en mathématiques, une grande stabilité des scores moyens autour de la moyenne des pays de l’OCDE et suivant des courbes comparables à celles des pays homologues à la France.
Rappelons que PISA n’est pas limitée aux 34 pays de l’OCDE… Les élèves de 15 ans de 31 autres pays, dénommés « économies partenaires » y sont également soumis. Et leurs résultats, pour le moins impressionnants, sont omis de bon nombre de papiers.